Si le souvenir de son mari reste omniprésent dans son esprit, la veuve de l’homme d’affaires doit se réinventer sans lui. Après un livre de souvenirs, elle a accepté de participer à la nouvelle saison des Traîtres, sur M6. Mais qu’est-ce qui fait courir madame Tapie ?
Pendant des décennies, elle fut, au sens propre, une « illustre inconnue ». Dans l’ombre de Bernard Tapie, on apercevait son joli visage sans jamais entendre le son de sa voix. Depuis la mort du bouillonnant homme d’affaires, en octobre 2021, c’est Dominique qui prend la lumière. Les coups aussi. Les dettes qu’elle doit assumer s’élèvent à 642 millions d’euros. « En ce moment, j’ai beaucoup de fers au feu, de problèmes à gérer, mais je me suis forgé une carapace, j’arrive à canaliser mes angoisses », nous assure-t-elle. A 74 ans, rien ne lui fait peur. Pas même de s’enfermer dans un château avec sa fille et dix-huit autres célébrités pour Les Traîtres*, le jeu de bluff de M6. Sous la voix douce et l’élégance discrète se cache une guerrière, en interview comme dans la vie.
GALA : Après le livre de souvenirs**, vous surprenez davantage en participant à un jeu d’enfermement. Vous savourez le plaisir tardif de la médiatisation, ou c’est pour le cachet ?
DOMINIQUE TAPIE : Ecoutez, c’est ma fille Sophie qui m’a proposé de tenter l’aventure avec elle. Je ne connaissais pas Les Traîtres car je ne regarde pas du tout la télévision. Elle m’a dit « j’habite Biarritz et toi Paris. Quand on se voit, c’est toujours avec les enfants. Ce sera une parenthèse à deux qui va te sortir de tes problèmes. » J’avoue que l’idée de passer huit jours coupée du monde avec Sophie, ça me plaisait bien. J’étais aussi motivée par l’idée de gagner au profit de la Fondation Bardot, pour rendre à Brigitte un peu de ce qu’elle m’a donné.
GALA : Brigitte Bardot vous a aidée ?
D. T. : Oui, quand on m’a tout saisi. Au moulin de Combs-la-Ville, j’avais des animaux : chevaux, poneys, ânes, moutons… On s’est appelées avec Brigitte et en deux minutes, elle m’a dit « je m’occupe de tout pour les placer ». Elle a tenu parole et même respecté mon souhait de ne pas séparer ceux qui s’étaient attachés les uns aux autres. Brigitte a été extraordinaire !
GALA : Vous avouez être fusionnelle avec votre fille, que vous qualifiez de « meneuse, capable de tout ». C’est la plus Tapie des quatre enfants de Bernard ?
D. T. : Mon fils Laurent a aussi l’esprit d’entreprise. Il a relancé la marque automobile Delage. Il a le côté fonceur, intelligent de mon mari, ses qualités sans ses défauts. Sophie… elle a tout (rires). Quand je vois l’émission de M6, je retrouve sa gestuelle, ses intonations, mais aussi sa force de conviction pour embarquer tout le monde. C’est bluffant.
GALA : Après César, l’an dernier, elle a accouché en février d’une petite Héléna qu’elle attendait pendant le tournage [elle était enceinte de 7 mois et demi, ndlr]. Êtes-vous une mamie gâteau ?
D. T. : Complètement ! Laurent a deux enfants qui sont grands aujourd’hui et dont je me suis occupée. Mais là, c’est différent. Est-ce parce que Sophie habite la côte basque et que quand je suis avec eux, j’y suis pleinement pendant des semaines ? Une question d’âge ? Ou parce que – tant pis si ma belle-fille le prend mal – ce sont les enfants de ma fille ? Mais je suis folle de ces deux petits.
GALA : Qu’entendez-vous par « une question d’âge » ?
D. T. : J’ai davantage conscience du côté extraordinaire et fragile d’un bébé. J’ai eu Laurent à 24 ans. À l’époque, j’enfourchais une grosse moto à 7 mois de grossesse… et il est arrivé à 8 mois d’ailleurs (rires) ! Je ne l’aurais pas fait treize ans plus tard avec Sophie. On a des prises de conscience au fil du temps. C’est ce qui rend formidable d’avoir de jeunes petits-enfants à mon âge.
»
data-script= »https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js »
>
GALA : A quoi ressemble votre vie quotidienne aujourd’hui ?
D. T. : Je prends toujours des cours de danse, deux fois par semaine. Et je marche au moins 5 kilomètres par jour au gré des sorties de ma chienne Vivi. J’ai une vie active, beaucoup d’amis fidèles autour de moi qui m’aident, y compris matériellement. A la mort de Bernard, Jean-Louis Borloo, un ami de quarante ans, m’a pris sous son aile. Il m’a logée pendant un an. Quand j’ai un problème, je l’appelle. J’ai mon fils Laurent, revenu vivre à Paris. Et je vais souvent en séjour chez Sophie, à Biarritz, ou chez Nathalie, la fille aînée de Bernard, à La Ciotat. Car mon mari est enterré à Marseille. Je n’y suis pas allée depuis novembre et ça me manque.
GALA : Vous envoie-t-il toujours des signes ?
D. T. : Plus depuis un an. Mais avant, oui. Le dernier en date, c’était à Saint-Sébastien, en Espagne, où nous étions allés manger des tapas avec Sophie et Baptiste, son mari. Devant ma fille, au restaurant, il y avait une pile de cèpes et je lui ai dit « ton père voulait toujours en cuisiner. Commandons une assiette en son honneur ». L’assiette arrive. Sophie touche alors son épaule. Elle avait reçu un cèpe par derrière alors qu’il n’y avait personne. On était trois à en être témoins et je vous jure qu’il n’y a pas plus cartésien que moi. De toute façon, Bernard est dans mon esprit 24 heures sur 24. Tout le monde m’en parle et moi, j’ai à coeur de raconter aux gens l’homme que j’ai connu. Entier, bien sûr, mais avec des valeurs, une générosité que le public ne soupçonnait pas toujours.
GALA : Pourriez-vous envisager de refaire votre vie ?
D. T. : Non. Ce qui me manque, c’est d’avoir quelqu’un avec qui débattre, avec tout ce qui se passe actuellement. Bernard avait un avis sur tout et j’aimais nos conversations animées, avec des points de vue parfois différents. Mais après cinquante-deux ans avec lui, je n’envisage pas du tout de refaire ma vie. Je la continue, c’est tout.
* Les Traîtres, chaque jeudi à 21 h 10 sur M6
** Bernard, la fureur de vivre (éd.de l’Observatoire)
Cet article était à retrouver dans le Gala N°1660, disponible le 3 avril dernier dans les kiosques. Pour suivre l’actualité en direct, vous pouvez rejoindre le fil WhatsApp de Gala . Le nouveau numéro de Gala est en kiosque dès ce jeudi 10 avril 2025. Bonne lecture.
Crédit: Lien source