« Donner un livre, ce n’est pas un piratage » : le millionième livre envoyé par Livres sans frontière part vers le Gabon

L’histoire a débuté en avril 1996, quand Jean-Yves Merle, alors maire de Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime), regarde un reportage télévisé lors duquel une institutrice francophone en Roumanie lance un appel pour recevoir des livres en français. Avec deux amis, il crée alors Livres sans frontières, puis, en 1997, le premier convoi part pour Haïti. Un peu plus de 28 ans plus tard, le millionième livre qui a été expédié par l’association a été signé, le mercredi 19 mars dernier, par le romancier à succès Michel Bussi. Un ouvrage qui a pris la direction du Gabon.

Aujourd’hui, Livres sans frontières est coprésidée par Claudine Villemin et Robert Wazi. Ce dernier, ex-professeur de l’université de Rouen, originaire de la République démocratique du Congo et « normand de cœur », comme il se présente, fait le point sur ces près de trois décennies de partage littéraire, avec des sources partout en France : « Les manuels scolaires, les romans, la littérature jeunesse nous sont donnés par des particuliers, des établissements scolaires, des universités, des librairies, des bibliothèques lors de désherbage, etc. Nous avons même un fidèle en Haute-Saône, à Lure. Un monsieur Fleury collecte des livres et nous les envoie par palette. »

« Ensuite, notre douzaine de bénévoles les trient par spécialité et ils sont mis en carton », précise Robert Wazi, qui souligne que tous les livres reçus ne sont pas cependant expédiés : « Pour des raisons géopolitiques, nous n’envoyons pas de livres sur l’Histoire et l’instruction civique. » Dans le monde entier, « ce sont des institutions francophones comme des écoles, bibliothèques, associations, mais aussi des instituteurs de villages qui nous font des demandes. Après validation du conseil d’administration, les livres sont envoyés. »

Participer à la Francophonie

Sur le million de livres expédiés depuis 1997, plus de 80 % l’ont été vers l’Afrique (819 841 ouvrages depuis la création), mais d’autres sont partis vers tous les continents, Europe incluse, et « 18 palettes partiront prochainement pour le Gabon », signale l’ancien professeur.

« C’est une belle aventure qui permet la distribution de la connaissance dans des pays considérés du Tiers-monde. Ce n’est pas seulement participer à la Francophonie, mais surtout au développement du monde », insiste-t-il. Une participation qui a un coût, même si le travail manuel est réalisé par des volontaires. Principalement « le coût du transport, que nous réglons grâce à nos fonds et aux subventions des villes du Houlme, Notre-Dame-de-Bondeville et Rouen et des douanes. Il y a aussi une participation des bénéficiaires, car cela donne plus d’engagement à notre action », ajoute Claudine Villemin, la coprésidente.

En présence de Philippe Dehays, consul du Sénégal à Rouen (Seine-Maritime) et celui du Gabon, René Crevel, l’association Livres sans frontières a souhaité célébrer le départ du millionième livre et rendre hommage à son fondateur. Pour cela, les coprésidents ont invité Michel Bussi, le romancier normand aux nombreux best-sellers. « Faire vivre à des livres plusieurs vies, c’est extraordinaire », s’est-il enthousiasmé. « Donner un livre, ce n’est pas un piratage. C’est du partage. Et vous, en plus, vous les faites voyager. Il faut du courage à Livres sans frontière dans ce monde qui m’inquiète. Je suis très admiratif. Je vais ressortir de cette cérémonie remoralisé. Il y a encore de l’humanité. C’est formidable ! D’autant plus que la France a une chance avec la Francophonie face aux enjeux avec les pays africains et leur développement. Votre action est très forte. Une richesse à maintenir ». L’auteur a ensuite dédicacé le millionième ouvrage expédié, un exemplaire de son premier roman, « Omaha Crimes », dont « la vie est relancée ».

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