Droits de douane : comment expliquer la moindre exposition de la France aux mesures de Donald Trump ?
Après l’annonce des nouvelles taxes douanières par Donald Trump, l’Europe écope d’une hausse de 20% et les secteurs qui vont en pâtir sont nombreux.
Mais la métropole ne sera pas la plus exposée en comparaison à ses voisins comme l’Allemagne et l’Italie qui risquent de souffrir beaucoup plus.
Afin de faire face à l’annonce, des secteurs comme le luxe sont en quête de solutions.
Suivez la couverture complète
La guerre commerciale de Donald Trump contre le reste du monde
Les droits de douane que Donald Trump menace d’appliquer sur de nombreux produits importés, notamment en provenance d’Europe, sont mauvais pour les affaires. Mais la France sera moins exposée que certains de ses voisins. Comment l’expliquer ? En premier lieu, en raison du prix des produits exportés, souvent vendus très chers, avec une forte marge.
En témoigne, l’exemple d’une entreprise française de luxe, qui fabrique surtout des blousons, dans la Creuse, où travaillent 35 salariés. Si celle-ci exporte un quart de sa production aux Etats-Unis, le prix de vente des produits devrait permettre d’absorber les 20% de droits de douane supplémentaires. « Sur 20% d’augmentation, nous on a la capacité financière de prendre, pour nous, environ 13-14% en rognant sur nos marges. Il restera 5-6-7% pour notre client et c’est acceptable », explique dans le reportage en tête de cet article Jean-François Bardinon, président et directeur artistique de la marque Chapal. Dans son showroom parisien, cette dernière teste des solutions : proposer un geste commercial supplémentaire et offrir un produit supplémentaire.
-
Lire aussi
Droits de douane : vins et spiritueux, automobile, textile… Quel impact sur l’emploi en France et dans le monde ?
C’est peut-être aussi ce que fera le géant du luxe, LVMH qui dispose de 120 ateliers en France, mais aussi d’une vingtaine aux Etats-Unis, ce qui lui offre de la flexibilité.
« Des clients demandent des réductions sur leurs factures »
Mais chaque pays européen étant touché différemment par les nouveaux droits de douane aux Etats-Unis, il apparait difficile de trouver une réponse commune. A titre de repère, la France a exporté l’an dernier 47 milliards d’euros de produits vers les Etats-Unis, soit bien moins que les Italiens (67 milliards) et très loin des Allemands (151 milliards). Outre-Rhin, c’est donc la grande incertitude, surtout dans le secteur automobile, qui exporte massivement. « On s’attend à ce qu’au bout du compte, tout soit plus cher aux États-Unis et que l’inflation grimpe. Il faut encore patienter, mais on va d’ores et déjà essayer de se recentrer sur la sécurité du marché européen en développant encore plus notre clientèle ici », explique Klaus Gremmelsparcher, directeur des opérations chez Sensopart, une PME de pièces détachées qui réalise 20% de son chiffre d’affaires aux États-Unis.
À 500 kilomètres de là, en Italie, la patronne d’une fabrique d’huile d’olive qui exporte depuis 30 ans aux États-Unis, son premier client (30% de sa production), va elle aussi chercher de nouveaux débouchés. « Les conséquences sont assez graves. Certains clients américains nous ont appelés ces derniers jours pour demander des réductions sur leurs factures. Et d’autres ont même déjà réduit des commandes, déjà prêtes à être exportées », explique Cristiana Mela, directrice générale de Frantoio di sant’ Agata d’Oneglia.
Crédit: Lien source