Du Congo à l’Angola en passant par le Nigeria, TotalEnergies pousse ses pions en Afrique

Ces derniers jours ont été bien fournis pour le président de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, non seulement en raison des préparatifs et de la pression autour de l’assemblée générale du groupe tenue ce 24 mai à Paris, mais aussi suite à sa mini-tournée africaine réalisée en début de semaine. D’abord à Oyo, au Congo Brazzaville dimanche dernier, il a rencontré le président Denis Sassou Nguesso – en présence du ministre des hydrocarbures Bruno Jean Richard Itoua – pour lui annoncer que le pétrolier français prévoit d’investir plus de 600 millions de dollars tout au long de l’année en cours. Cet investissement permettra non seulement de renforcer l’exploration et la production de pétrole dans le pays, mais aussi de maintenir la production dans le champ offshore profond de Moho Nord, lequel représente près de 50% des 140.000 barils de pétrole produits chaque jour sur l’ensemble du territoire national.

Rendez-vous dans quatre mois

« Nous espérons revenir dans quatre mois annoncer une belle découverte au Congo », a déclaré Patrick Pouyanné, soulignant que la firme a déjà réceptionné deux appareils de forage dont l’un servira a forer un puits dans le cadre du permis Marine XX.

Cet investissement intervient après une récente augmentation de la participation de TotalEnergies – passée à 63,5% contre 53,5% – dans le champ de Moho, suite à un accord avec la société pétrolière et gazière britannique Trident Energy qui y conserve 21,5% des parts, tandis que les 15% restants reviennent à la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC).

Vers du pétrole bas carbone dans le bassin de la Kwanza

Apres Oyo, Patrick Pouyanné s’est rendu à Luanda, en Angola. A la suite de son entretien avec le président Joao Lourenco, il a officiellement lancé le projet en eaux profondes Kaminho. Il s’agit du premier grand développement du genre dans le bassin de la Kwanza détenu a part égale (40%) par TotalEnergies et le malaisien Petronas, ainsi que la Sonangol qui siège au tour de table pour une participation de 20%. Ce projet, qui vise une production de 70.000 barils par jour, ne devrait pas échapper à la stratégie de décarbonation de l’industrie pétrolière et gazière de la major française. Les experts locaux de TotalEnergies travailleront aux cotes de ceux de la compagnie pétrolière nationale. Un accord a été signé dans ce sens. Pour les parties, il est question « d’unir [leurs] forces » afin de « promouvoir l’innovation et les technologies bas-carbone dans le secteur de l’énergie en Angola, en particulier pour lutter contre les émissions de méthane, et contribuer à la diversification du mix énergétique angolais ».

Cet investissement dont les termes financiers n’ont pas été dévoilés, intervient au moment où les investisseurs nationaux et internationaux en Angola réclament la réduction du taux d’imposition de la production pétrolière actuellement fixe à 20%.

Aux côtés d’Aliko Dangote

A l’Ouest du continent, au Nigeria, TotalEnergies a également réussi, selon Reuters, a décrocher un accord avec Aliko Dangote, pour l’approvisionnement en pétrole de sa méga-raffinerie. Patrick Pouyanné a eu un échange, à cet effet, avec la première fortune du continent la semaine dernière à Kigali, lors de l’Africa CEO Forum.

Le groupe français, qui a célébré ses 100 ans en mars, a quasiment construit son histoire avec l’Afrique. Au Congo où TotalEnergies exploite les hydrocarbures depuis 1969, le groupe tricolore est à l’origine de la découverte de plus de 60% des réserves initialement répertoriées dans le pays. En Angola, les 70 années de TotalEnergies ont été marquées par les grands changements et crises qu’a connu le pays, mais le succès des ressources du deuxième producteur d’or noir d’Afrique lui a parfois discute la première place avec le Nigeria. Plusieurs projets petro-gaziers d’envergure sont portés par la multinationale française à travers le continent, c’est le cas notamment du controversé projet de GNL au Mozambique suspendu en 2021 suite a une escalade de violences et de menaces jihadistes, mais le groupe tricolore souhaiterait relancer.

Avec une telle histoire, l’Afrique sera inévitablement évoquée à l’assemblée générale de ce vendredi avec en toile de fond, les vives critiques des ONG pro-environnement, au moment où TotalEnergies défend, dur comme fer, sa politique multi-énergies avec un accent sur les énergies vertes.