Le deuxième forum sur la liberté religieuse s’est tenu ce 30 avril au Palazzo Chigi, siège de la présidence italienne du Conseil des ministres, sur le thème «La diplomatie italienne et la contribution des religions à la construction de la paix dans les pays d’Afrique lusophone».
Michele Raviart – Cité du Vatican
Le 4 octobre 1992, la paix a été signée à Rome. Les belligérants du FRELIMO et de la RENAMO, ainsi que Mgr Jaime Pedro Gonçalves, le père Matteo Zuppi, le député Mario Raffaelli et le fondateur de la Communauté de Sant’Egidio Andrea Riccardi, ont ainsi mis fin, après 27 mois de pourparlers, à la guerre civile qui durait depuis des décennies au Mozambique.
Une preuve de l’efficacité du dialogue, une voie italienne de résolution des conflits par l’informalité et la créativité juridico-politique et un témoignage de la contribution que les chrétiens peuvent apporter à la paix. C’est ce qu’a réaffirmé Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant’Egidio, dans un discours prononcé lors du deuxième Forum sur la liberté religieuse, promu par le gouvernement italien par l’intermédiaire de Davide Dionisi, envoyé spécial du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale pour la promotion de la liberté religieuse et la protection des minorités religieuses dans le monde.
La paix est un travail artisanal exigeant
«L’Italie a eu, et a encore plus aujourd’hui, un devoir primordial de contribuer à la réalisation de la paix, qu’elle considère comme un droit naturel de l’homme», a souligné le ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Antonio Tajani. En ce sens, a-t-il rappelé, ce qui s’est passé au Mozambique, mais aussi en Angola, a été possible grâce à l’aide des religions, car chaque fois qu’un pas est fait en faveur de la paix, un effet positif sur la société est généré. Dans un contexte où la communauté internationale s’oriente vers une course au réarmement qui, au lieu de préserver la civilisation, risque de la conduire au bord de l’abîme, «la foi religieuse n’est pas un problème, mais une partie de la solution», a souligné pour sa part Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication du Saint-Siège. La paix est toujours possible par la négociation, a-t-il ajouté. L’expérience de l’Église nous l’enseigne, de Pacem in Terris à la rencontre d’Assise de saint Jean-Paul II, en passant par les paroles du Pape François, qui nous rappelle souvent que la paix est un travail artisanal, qui exige patience et écoute.
Point d’identité sans relation
Dans un monde qui se complaît dans la division, le professeur Roberto Mancini, directeur du département d’études humanistes de l’université de Macerata, a souligné que ce qui prévaut, c’est la logique de l’identité, vécue comme exclusive et séparant chaque communauté de l’autre. Cela crée, a-t-il ajouté, une barrière absolue, mais aucun homme n’est étranger à un autre, car il n’y a pas d’identité sans relation. Le rôle de la religion peut donc donner aux peuples une motivation profonde pour le changement et la réconciliation, en réponse à l’amour de Dieu pour toute l’humanité.
Les moyens pacifiques de l’Église
«L’Église est du côté des pays qui souffrent. Dès que possible, luttez par des moyens pacifiques». Saint Paul VI l’a affirmé en 1970 lorsqu’il a reçu Amìlcar Cabral, le leader politique qui a conduit à l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert acquise du Portugal. C’est ce qu’a rappelé le directeur de l’Osservatore Romano Andrea Monda. Une figure, celle de Cabral, fondamentale non seulement pour les Guinéens, mais pour toute l’Afrique, a souligné Fernando Medina, président de la Commission politique du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert en Italie, tandis que le père Janvier Yameogo, de la direction pastorale théologique du dicastère pour la Communication, a rappelé que toute lutte de libération est avant tout une lutte de culture. «L’indépendance est le droit d’être soi-même», a conclu Filomeno Lopes, écrivain et journaliste de la rédaction en langue portugaise de Radio Vatican-Vatican News. «La paix est allergique au langage univoque», a-t-il déclaré, car «c’est l’attention portée à l’autre être humain qui vous ressemble» et il est «impossible d’aspirer à la paix avec une lance à la main».
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