Du Parc des sports au stade du Moustoir, 100 ans d’histoire à Lorient

Le Moustoir n’a pas toujours été sur cette colline dominant Lorient. Il s’appelait Parc des Sports et était situé juste derrière les halles provisoires de Merville avant d’être déplacé en 1958. Entre les deux guerres, la pratique du sport se développe à Lorient. « Il y a une vraie démocratisation avec un maire socialiste et cette idée d’activité, de soin », expose Christophe Deutsch-Dumolin, animateur de l’architecture et du patrimoine à Lorient. Le Parc des sports a l’ambition de réunir un maximum de pratiques et c’est un ancien terrain militaire qui est choisi. « Les travaux sont dirigés par l’architecte municipal Léon Nabat à partir de juin 1923. Le 25 mai suivant, il est inauguré par le maire et député Édouard Labes. Il comprend un terrain de football de 112 m, alors que la première trace d’un match de football remonte à 1890 à Lorient. Il y a aussi un espace pour le lancer de poids, saut en hauteur, en longueur et bien sûr un vélodrome à une période de fort développement du vélo », poursuit Christophe Deutsch-Dumolin. Cette piste de 430 m est d’ailleurs résolument moderne, construite en béton armé en « système hennebique ». Le Parc des sports est complété par des espaces dédiés à la boxe, l’escrime, de gymnastique, des terrains de tennis. Dix ans plus tard, Mme Cuissard fonde La Marée Sportive qui deviendra le FC Lorient.

Du stockage de bétail, de matériel pendant la guerre

Juste avant la guerre, le 13 juillet 1939, Lorient et son vélodrome au Parc des sports accueillent le Tour de France pour la première fois. Les Lorientais ont déjà vu les coureurs passer, mais jamais s’arrêter. Cette arrivée est « une journée de prospérité, de liesse et d’émotions sportives », titrait la presse de l’époque. La Seconde Guerre mondiale passe par là et on perd toutes traces d’activités sportives au Parc des sports durant l’occupation. « Les Allemands l’utilisaient pour le bétail notamment et, à la Libération, les alliés s’en servent pour stocker le matériel allemand. On y amène les soldats allemands », relate Christophe Deutsch-Dumolin. Le Parc des Sports est sérieusement endommagé par la guerre et sa non-occupation pendant des années. Il est remis en état en 1951, puis il est détruit pour permettre l’agrandissement du lycée Dupuy-de Lôme. « Il était situé dans les marécages et avait un peu les pieds dans l’eau. On lui fait traverser la rue pour l’installer sur cette petite colline qui montre sa place dominante au centre-ville », raconte Christophe Deutsch-Dumolin.

Épine dorsale du centre-ville

C’est là que prend forme le stade du Moustoir que l’on connaît, à partir de 1958. Il s’appelle toujours le Parc des sports. Il possède, cette fois encore, un vélodrome et il n’est pas placé là par hasard. Il est situé dans le prolongement du bassin à flot, du parc Jules-Ferry et, quelques années plus tard, Le Palais des congrès lui fait écho. « Le stade est vraiment l’épine dorsale du centre-ville, dont l’aboutissement est le bassin à flots. Il naît avec un nouveau quartier de Lorient », présente le spécialiste. La construction de la tribune Honneur débute en 1958 et elle est d’une grande modernité pour l’époque. « Cette grande casquette de béton armé, on la retrouve aussi au Palais des congrès. C’est une belle pièce d’architecture. Sa place en plein centre-ville est vue soit comme très rétrograde, soit comme très moderne ! ». Au-delà du stade, Christophe Deutsch-Dumolin nous invite à appréhender tout un quartier central de Lorient. Entre l’immeuble à échasse, le lycée Dupuy de Lôme, l’église du Moustoir, « d’ailleurs Moustoir vient de monastère ». Pas étonnant, pour certains, le football est une religion !