Ecran noir et retards de salaire à Monaco, le micmac géant Alexeï Fedorychev fait trembler le basket français

L’éclipse dans la diffusion du championnat de France a révélé une dépendance du basket tricolore à l’homme d’affaires russo-hongro-monégasque Alexeï Fedorychev, aux casquettes aussi nombreuses que ses nationalités. A la fois propriétaire du club de Monaco, sponsor du rival, l’Asvel, et diffuseur de l’Elite, Fedorychev est visé par un lot de sanctions du pouvoir ukrainien qui « complexifie les mouvements bancaires« , selon son avocat monégasque Arnaud Zabaldano.

En attendant un lointain aboutissement des recours contre ces mesures restrictives ciblant également trois de ses sociétés (Fedcominvest Europe, Fedcom Invest et Fedcominvest Monaco), les effets se font ressentir sur la balle orange. Or « aucune date de délibéré n’est prévisible en l’état de la situation du pays« , estime son conseil.

Retards de salaire et risque de fuite des talents pour la Roca Team

Plusieurs joueurs français de Monaco connaissent depuis plusieurs mois un délai d’une dizaine de jours supplémentaires pour toucher leur salaire, a appris l’AFP auprès de sources ayant connaissance du dossier, confirmant des informations du site spécialisé BeBasket. La situation a été à chaque fois régularisée mais se reposera dès le début de mois de mai, à savoir la semaine prochaine, alors que la Roca Team est engagée en plein quart de finale de play-offs de l’Euroligue contre le club turc de Fenerbahçe (1-1 après la victoire de la Roca Team dans le match 2 vendredi).

L’AS Monaco Basket s’est inclinée à Saint-Quentin malgré les 19 points d’Elie Okobo.

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Ce contexte incertain peut créer des crispations chez certains joueurs, d’autant que la phase finale de C1 marque aussi le début du mercato. « Le marché de l’Euroligue a commencé. La moitié des équipes étant éliminées, les agents ont reçu des offres d’écuries pour leurs joueurs« , observe un acteur du basket français. « S’ils les refusent et que dans trois ou quatre semaines, ils se retrouvent sans rien car le projet monégasque périclite, le préjudice serait énorme« .

Skweek a trouvé un successeur à l’Equipe pour pouvoir diffuser le championnat de France

L’intégralité du championnat a retrouvé le chemin des écrans après 17 matches non diffusés par la plateforme Skweek, propriété d’Alexeï Fedorychev, en raison de deux millions d’euros d’impayés envers la société de production du groupe L’Equipe, 21 Prod, à qui rien n’a été versé depuis novembre. « Est-ce qu’une société va vouloir travailler avec eux alors qu’ils n’ont pas payé leur prédécesseur ?« , s’interrogeait cette semaine auprès de l’AFP un président de club. Manifestement oui, Skweek s’est attaché les services d’un autre prestataire et ne travaille plus avec 21 Prod, a fait savoir à l’AFP son patron Oleg Petrov.

Reste que Monaco, présent en quart de finale de l’Euroligue, manque d’exposition. En témoigne la décision de la part de la plateforme de diffuser gratuitement son deuxième match contre le Fenerbahçe vendredi. L’affiche aurait dû être également retransmise par la chaîne L’Equipe, comme c’était le cas de certaines rencontres de saison régulière cette saison. Sauf que c’est Skweek qui disposait des droits, sous-licenciés à son partenaire dans le cadre d’un des contrats rompus par le groupe L’Equipe le 17 avril.

Signe des incertitudes entourant Skweek, le président de la Ligue Philippe Ausseur avait conseillé en début de saison aux clubs de ne pas budgéter les 50 000 à 100 000 euros de droits TV prévus, glisse à l’AFP un président.

L’ASVEL également lésée

Reste que la situation n’est pas comparable avec le fiasco Mediapro dans le foot. Ces sommes restent modestes au regard des six millions d’euros de budget médian en Elite. « Fedcom a sponsorisé le foot (à Monaco, NDLR) avec des millions pendant des années. Qui pouvait imaginer ce qui se passe actuellement ?« , ajoute le président de Nanterre Frédéric Donnadieu, sollicité par l’AFP. Il rappelle au passage qu’à la différence de la Ligue 1, aucun autre diffuseur ne souhaitait retransmettre l’Elite. « Il n’y avait pas d’autre choix, appuie Frédéric Donnadieu membre du comité directeur de la LNB. Je suis de la nouvelle équipe à la tête de la Ligue mais comme l’ancienne, j’aurais signé« .

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Quadruple champion de la NBA et premier Français à entrer au Hall of Fame, Tony Parker sera officiellement intronisé samedi au Panthéon du basket américain à Springfield

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La société 21 Prod n’est pas la seule envers laquelle Skweek est débitrice. Sponsor de Villeurbanne, la plateforme n’a versé qu’un tiers des 7,5 millions d’euros dus au titre de son partenariat avec le club rhodanien. Le budget « va forcément baisser« , a annoncé son propriétaire Tony Parker dans un entretien au Progrès. Cette saison, il s’élevait à 21 millions d’euros contre moins de 16 millions d’euros lors de l’exercice précédent.

Avec ce ralentissement de l’ASVEL, c’est l’autre locomotive du championnat, derrière Monaco, qui réduit la voilure. Néanmoins, l’émergence d’une troisième motrice, avec la montée en régime du Paris Basketball, vainqueur de l’Eurocoupe, éclaircit un peu le tableau.

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