Les conclusions du Bureau du Vérificateur Général (BVG) sur la gestion de l’Ambassade du Mali à Abu Dhabi sonnent comme un énième rappel à l’ordre. Alors que le gouvernement affiche sa volonté de renforcer la transparence et la bonne gouvernance, la réalité administrative et financière de certaines de nos représentations diplomatiques témoigne d’un autre visage du Mali : celui d’un État parfois laxiste, où le contrôle des fonds publics semble optionnel et où l’impunité reste une tentation permanente.
Bamada.net-Le constat est accablant. Dépenses fictives, retraits injustifiés, salaires indûment versés, archives manquantes… L’Ambassade du Mali à Abu Dhabi, censée être le reflet de notre diplomatie, apparaît plutôt comme un centre de gestion chaotique, où la rigueur budgétaire a cédé la place à des pratiques opaques. Plus de 202 millions de francs CFA de dépenses irrégulières ont été relevés. Une somme qui, en ces temps de restrictions budgétaires, aurait pu être investie dans des secteurs vitaux comme l’éducation, la santé ou la sécurité.
Mais le véritable problème va bien au-delà des chiffres. Il réside dans la culture d’irresponsabilité qui gangrène nos institutions. Comment comprendre qu’un ambassadeur puisse ordonner des paiements sans contrôle, virer des fonds sur son propre compte sans justification ou ignorer les obligations légales envers le personnel local ? Comment expliquer que des documents comptables essentiels disparaissent comme par enchantement ? Ces pratiques ne sont pas des erreurs accidentelles, elles sont les symptômes d’un système malade où l’autorité est souvent synonyme d’impunité.
À Lire Aussi : ADMINISTRATION FISCALE AU MALI : enjeux et défis de la digitalisation
À Lire Aussi : Mali : Boubou Cissé, ou l’histoire secrète de la corruption
Faut-il s’en étonner ? Pas vraiment. Combien de rapports du BVG dénonçant des irrégularités ont fini dans l’oubli, sans suite judiciaire ni sanctions administratives ? À quoi sert d’auditer, de révéler, d’alerter, si aucune mesure ferme n’est prise contre les responsables de ces dérives ? Tant que les sanctions se feront attendre, ces abus continueront, car l’impunité est le meilleur terreau de la corruption.
Le Mali est à un tournant. Si les autorités veulent réellement assainir la gestion publique, elles doivent transformer ces révélations en actions concrètes. Il est impératif d’instaurer un mécanisme de contrôle rigoureux, d’exiger une transparence totale dans la gestion des fonds publics et surtout, de sanctionner sans faiblesse les auteurs de malversations. La diplomatie malienne ne peut se permettre d’être associée à des pratiques de gestion douteuses, au risque d’entacher encore davantage l’image du pays à l’international.
Au-delà des discours, c’est dans ces décisions que se mesurera la véritable volonté politique de rompre avec les errements du passé. La balle est dans le camp du gouvernement.
NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.
MLS
Source: Bamada.net
Crédit: Lien source