Le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a présidé ce jeudi à Bamako le lancement des travaux du processus budgétaire 2026. Cette rencontre, en présence des partenaires techniques et financiers, a permis de dresser un état des lieux des finances publiques du Mali et d’exposer les grandes orientations budgétaires pour les prochaines années.
Le Mali évolue dans un environnement marqué par des changements politiques majeurs, notamment la sortie du pays, aux côtés du Burkina Faso et du Niger, de la CEDEAO et la consolidation de l’Alliance des États du Sahel (AES). Par ailleurs, le pays poursuit la mise en œuvre de son Cadre Stratégique de Refondation de l’État (2022-2031) et de la Vision Mali 2063, qui vise un développement à moyen et long terme.
Sur le plan économique, le pays affiche une croissance robuste malgré les tensions géopolitiques mondiales. Le taux de croissance du PIB est passé de 3,1 % en 2021 à une prévision de 5,9 % en 2025. L’inflation reste sous contrôle, respectant la norme de l’UEMOA (3 %), et la dette publique, estimée à 50,9 % du PIB en 2025, demeure bien en dessous du seuil communautaire de 70 %.
Les recettes fiscales en 2024 ont dépassé les attentes, atteignant un taux de mobilisation de 107,3 %, principalement grâce aux accords conclus avec les sociétés minières. La pression fiscale a progressé à 15,6 %, dépassant la prévision initiale de 14,8 %.
Toutefois, des défis subsistent, notamment des retards dans l’exécution budgétaire en raison du resserrement de la politique monétaire de la BCEAO et d’une faible mobilisation des financements extérieurs. De plus, des arriérés ont été constatés dans le paiement des baux et des factures d’électricité et d’eau de certaines structures publiques, mettant en lumière la nécessité d’une meilleure gestion comptable.
La politique budgétaire de 2025 vise à optimiser la mobilisation des ressources grâce à la digitalisation des services fiscaux, la taxation des propriétés foncières et la mise en application du nouveau code minier. Parallèlement, les dépenses publiques seront rationalisées afin d’améliorer l’efficacité des investissements.
Les principales affectations budgétaires prévues sont les suivantes :
- 29,07 % pour l’administration publique,
- 24,84 % pour la défense et la sécurité,
- 18,59 % pour l’économie et les infrastructures,
- 25,03 % pour les secteurs sociaux (éducation, santé, protection sociale).
L’exercice budgétaire 2026 s’inscrit dans la continuité de la Vision Mali 2063, avec un accent mis sur la diversification économique, la mobilisation des ressources internes et le développement de projets structurants. Les prévisions indiquent une augmentation des recettes fiscales de 15,9 % et des recettes non fiscales de 35,5 %.
Cependant, des incertitudes persistent, notamment en raison des aléas climatiques, de la volatilité des prix des matières premières et des fragilités financières de certaines entreprises publiques. Pour y faire face, le gouvernement entend adopter une approche budgétaire prudente et renforcer des secteurs stratégiques tels que l’agro-industrie et l’énergie.
Depuis 2018, le Mali applique le budget-programmes, structuré en 141 programmes, 331 actions et 1 153 indicateurs. Si cette approche a renforcé la transparence et la responsabilisation des gestionnaires publics, des défis demeurent, notamment en matière de formation des acteurs et de suivi des projets. Une étude d’évaluation est en cours afin d’optimiser cette réforme et d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques.
Malgré un environnement international incertain, le Mali affiche une résilience économique notable et poursuit ses efforts pour stabiliser ses finances publiques. À travers une gestion budgétaire prudente et des réformes structurelles ambitieuses, le pays ambitionne de
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