Le gouvernement d’Ousmane Sonko poursuit sa revue des baux emphytéotiques octroyés sous l’ancien régime. Parmi les dossiers scrutés figure celui d’Élimane Lam, entrepreneur à la tête de Chelma Group, une société immobilière gérée par son épouse, Maty Seynabou Ndiaye. Cette affaire a récemment attiré l’attention de la Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (Sogepa SN), qui a décidé de mettre un terme au contrat, selon les informations de Dakaractu.
Un projet ambitieux resté au point mort
En juin 2022, un décret (n° 2022-1309) avait attribué à Chelma Group un bail emphytéotique pour la construction d’un immeuble de 16 étages en centre-ville de Dakar (rue Amadou Assane Ndoye x Salva, titre foncier n° 5706/DK). Ce projet s’inscrivait dans une politique de valorisation du patrimoine immobilier de l’État, qui consistait à céder des baux à des promoteurs privés sous condition : démolir les bâtiments vétustes et reconstruire des immeubles modernes, dont une partie serait rétrocédée à l’État.
Cependant, deux ans après la signature de l’accord, aucun chantier n’avait vu le jour. En février 2024, l’ancien régime a constaté l’inertie du projet et la non-réalisation des engagements pris par Chelma Group. En conséquence, le 21 février 2024, le décret n° 2024-155 a officiellement annulé l’approbation du bail emphytéotique.
Un bail utilisé comme garantie bancaire
Au-delà du retard des travaux, l’État soupçonnait Élimane Lam d’avoir obtenu ce bail principalement pour s’en servir comme garantie financière. Cette hypothèse s’est confirmée lorsque le nouveau gouvernement a découvert que l’entrepreneur avait contracté un prêt de plus d’un milliard de francs CFA auprès d’Ecobank Sénégal, en hypothéquant un bail déjà révoqué.
Face à cette situation, le directeur général de la Sogepa SN, Elimane Pouye, a adressé un courrier officiel à Chelma Group, confirmant l’annulation du bail et précisant que le site était désormais indisponible. Il a également exigé que la société prenne les dispositions nécessaires pour lever la caution hypothécaire inscrite sur le titre foncier, autrement dit, rembourser le prêt contracté avec cette garantie.
Cette décision s’inscrit dans la volonté du gouvernement de mettre fin aux pratiques spéculatives et d’assurer une meilleure gestion du foncier public.
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