Emmanuel Macron reconnaît enfin sa défaite sur France 2, mais ne fait rien pour débloquer la crise politique
LUDOVIC MARIN / AFP
Macron (le 23 juillet sur France 2) reconnait enfin sa défaite, mais ne fait rien pour débloquer le pays
POLITIQUE – Le maître des horloges cassées. Le président de la République a donné sa première interview télévisée depuis le résultat des législatives, ce mardi 23 juillet, sur France 2, à quelques encablures de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. L’occasion de tirer les enseignements de ce printemps électoral, avant la « trêve politique » qu’il appelle de ses vœux.
Pour la première fois, Emmanuel Macron – qui a perdu 42 % de ses députés avec la dissolution et les législatives anticipées qui ont suivi – a reconnu que « la majorité sortante a perdu cette élection. » Il n’a, en revanche, pas répondu aux appels du Nouveau Front populaire qui venait, une heure plus tôt, de s’accorder derrière la candidature de Lucie Castets pour Matignon.
« Le sujet n’est pas là. Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique », a répondu le président de la République depuis le toit du Trocadéro, face à Thomas Sotto et Nathalie Iannetta :
Les devoirs de vacances des partis
Pour le président, l’alliance des gauches, n’est pas en mesure de gouverner, faute de majorité stable à l’Assemblée nationale. À la place ? Les partis sont sommés de se mettre au travail pour proposer une alternative. Emmanuel Macron estime effectivement que « personne n’a gagné » les élections législatives. Et encore moins le Nouveau Front populaire, qui est certes arrivé en tête le 7 juillet dernier, mais qui a perdu le « troisième tour » du scrutin. À savoir : l’élection du président de l’Assemblée nationale.
« Le Nouveau Front populaire avait un candidat, et il n’a pas été élu. Il serait donc faux de dire que (la gauche) a une majorité absolue quelle qu’elle soit », a ainsi fait valoir Emmanuel Macron, pour justifier son refus de donner les clefs de Matignon au NFP. De fait, l’alliance que ses troupes ont nouée avec le groupe de Laurent Wauquiez a fait échec, à 13 voix près, à la candidature du communiste André Chassaigne pour le Perchoir.
Partant de ce principe, Emmanuel Macron appelle désormais les forces « républicaine » (comprendre : ni LFI, ni le RN) à discuter ensemble, pour bâtir une coalition alternative à celle formée par la gauche, qui serait plus stable. Quitte à mettre la pression aux dirigeants des partis, avec des devoirs de vacances.
« Ce que j’attends des forces politiques c’est qu’elles soient à la hauteur du moment et de ce qu’elles ont fait dans l’entre-deux-tours », a notamment argué le président de la République sur France 2, en insistant à plusieurs reprises sur « la responsabilité qui est la leur ». « Je leur demande de travailler ensemble durant cet été, durant les semaines qui viennent », a-t-il encore exhorté, en expliquant qu’en cas d’échec, « ils auront trompé les Français. »
Pas de déblocage en vue
Un vocabulaire relativement offensif qui cache mal le blocage qui guette la France depuis le choix du président de la République de dissoudre (par surprise) l’Assemblée nationale. Car la voie dégagée par Emmanuel Macron ce mardi au Trocadéro, en alternative à la coalition qui compte aujourd’hui le plus de députés, apparaît toujours aussi réduite. Elle ressemble à s’y méprendre à celle esquissée dans sa lettre aux Français le 10 juillet, et qui n’a provoqué que bien peu de retombées.
De fait, l’entente qui a pu se dessiner derrière la réélection de Yaël Braun-Pivet entre LR (canal historique)et le camp présidentiel, alimentée par un « pacte législatif » venu des troupes de Laurent Wauquiez, ferait à peine mieux que la gauche, en termes d’effectifs. Loin de la majorité absolue, cette coalition serait soumise au même risque de censure que le Nouveau Front populaire.
Dans ce contexte, la gauche, qui avait montré quelques signes de lézardes ces dernières heures, pour le plus grand bonheur des troupes du camp présidentiel, affiche désormais sa colère contre le chef de l’État.
Sur les réseaux sociaux, le fondateur de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon fustige un président qui « refuse le résultat de l’élection et veut nous imposer de force son nouveau Front républicain », quand le Premier secrétaire du Parti socialiste évoque « la politique du pire. » « Quand on convoque des élections au risque du chaos, on en respecte le résultat », a notamment réagi Olivier Faure en accusant Emmanuel Macron de « tenter un détournement coupable » du Front républicain.
On imagine d’autant plus difficilement une réponse positive, dans les prochaines semaines, aux appels du pied nombreux de la macronie pour que les socialistes rompent avec le NFP. Dès lors, le blocage risque bien de durer. Le locataire de l’Élysée a déjà annoncé qu’il ne procéderait pas de changement à Matignon avant la mi-août. Il faudra alors que les horloges fonctionnent à nouveau.
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