En Guadeloupe, un nouveau coup de pouce à la filière de la canne à sucre

Sauvée in extremis après deux mois de conflit (et donc autant de retard), la campagne sucrière de la Guadeloupe continentale va finalement pouvoir se tenir. Devant la menace d’une année blanche et un blocage plusieurs jours de la zone économique principale de l’archipel, un accord a été signé vendredi 26 avril : 2 millions d’euros ont été débloqués, dont 1,5 million d’euros versé par l’Etat, la région et le département. Et la promesse arrachée par les autorités publiques d’ouvrir enfin les chantiers d’une refonte de la filière qui, au dernier pointage de 2018, comptait 10 000 emplois directs.

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Depuis plusieurs années, chaque démarrage de la récolte de la canne à sucre amène son lot de blocages, de manifestations des agriculteurs, des transporteurs, ou des coupeurs de canne, signe de la crise permanente qui anime cette filière moribonde.

« C’est la passion qui nous pousse à ne pas arrêter », affirmaient les membres du Collectif des agriculteurs (KDA), postés devant Gardel, l’usine sucrière, alors qu’ils protestaient contre le prix d’achat de la canne par l’industriel, début mars. Cette filière, héritée de l’esclavage, est portée par l’argent public qui bénéficie, d’après la direction de l’alimentation, l’agriculture et la forêt, de « soutiens publics très importants (aides nationales et européennes) » : 80 % de la recette du producteur de canne dépend de ces aides, et toute l’industrie est soutenue afin de pouvoir être compétitive sur les marchés.

Teneur en sucre de la plante

Selon les données de ce service de l’Etat, en 2010, la Guadeloupe continentale comptait 2 779 planteurs. Dix ans plus tard, ils n’étaient plus que 1 967 et le chiffre continue de diminuer. Sur cette période, 28 % de ses exploitations ont disparu et 13 % de la surface agricole cultivée en cannes (environ 11 000 hectares aujourd’hui) a été effacée.

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La production de sucre diminue chaque année, la faute aux rendements à l’hectare (45 tonnes par hectare en moyenne contre 60 à 80 attendus), au changement climatique, à la pression foncière, à la pyramide des âges des exploitants et aussi à la richesse saccharine, en constante diminution, sujets au cœur des conflits réguliers autour du prix de la canne.
Car c’est notamment la teneur en sucre de la plante qui détermine le prix d’achat de la tonne, payé par l’usinier et fixé par un document cadre pluriannuel, signé des acteurs de la filière et par ses financeurs.

En 2023, date de renouvellement de cette convention, le prix avait été fixé après un long conflit social, à 113 euros maximum la tonne de canne (au lieu de 84 euros pour la convention précédente qui courait de 2017 à 2022). Le document restait ouvert sur un certain nombre de chantiers, qu’il s’agisse de la réorganisation de la filière ou de la possibilité de réviser la formule saccharimétrique utilisée pour fixer le prix de la tonne de canne. Instituée en 1983, cette formule est régulièrement remise en question, pas tant dans sa méthode que dans les paramètres retenus : taux de sucre contenu dans la canne, taux de fibre, coefficient de capacité d’extraction de l’usine…

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