© Damien Glez
Publié le 18 mars 2025
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C’est bien connu : plus on se dirige vers l’horizon, moins on a la sensation de s’en approcher. En Guinée, alors que les vœux de Nouvel an du général Mamadi Doumbouya esquissaient « une année électorale cruciale » et que le Premier ministre Amadou Outy Bah confirmait, début mars, un « retour à l’ordre constitutionnel » en passant par un référendum, le paysage politique guinéen est à nouveau ballotté. 28 partis politiques viennent d’être suspendus pour une période de trois mois…
C’est le 14 mars dernier que le régime a annoncé cette mesure qui concerne notamment deux des principales formations politiques du pays, le Rassemblement du peuple de Guinée et l’Union des forces républicaines. Le RPG est le parti de l’ex-président Alpha Condé, aujourd’hui installé à l’étranger. L’UFR est celui d’une autre grande figure exilée, l’ancien Premier ministre Sidya Touré. Dans cette liste figure également le Parti de l’union et du progrès (PUP) de feu l’ancien chef d’État Lansana Conté.
Restructuration forcée de la scène politique
Le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation assure que ces 90 jours de suspension seront consacrés à un processus d’évaluation des partis politiques. Les formations politiques concernées auraient omis de répondre à certaines obligations administratives, comme la fourniture d’une preuve de leur présence dans le secteur bancaire ou d’une trace de l’organisation régulière de congrès. Le répit de trois mois serait donc une « fleur » qui leur serait accordée par les autorités…
La directrice nationale des Affaires politiques et de l’Administration électorale insiste sur le nécessaire assainissement de l’espace politique guinéen : Camara Djénab Touré soutient que cette suspension temporaire est moins une sanction qu’une chance de régulariser les situations de chacun, ce qui constituerait la garantie d’une meilleure structuration du paysage démocratique.
Épuration politique ?
De nombreux partisans de l’opposition craignent que la réduction au silence, même temporaire, de ces grandes formations profite au Comité national du rassemblement pour le développement. Pendant ces 90 jours déterminants à la veille de nouvelles élections, le CNRD pourrait occuper le terrain presque seul. Parce que tout porte à croire que le général-président – déjà omniprésent dans les médias et sur les murs des villes – sera candidat à la magistrature suprême.
Pourtant, parmi les partis politiques de poids, l’Union des forces démocratiques de Guinée échappe à la suspension de 90 jours. L’UFDG est tout de même tenue d’organiser un congrès sous 45 jours, alors que son leader Cellou Dalein Diallo est lui aussi en exil. Le pouvoir a-t-il sélectionné ses adversaires ? Le retour à l’ordre constitutionnel sera-t-il un jeu de dupes ? En septembre, la junte sera à la tête de la Guinée depuis quatre ans, période qui dépasse censément le concept de transition, d’autant que ces putschistes là n’ont pas l’excuse de subir une quelconque pression jihadiste.
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