Depuis ce vendredi 28 février, les ouvriers agricoles de l’habitation Lapalun, à Rivière-Salée, ont enfin sorti les premières cannes des champs.
Après un démarrage tardif, la campagne sucrière 2025 s’ouvre dans des conditions particulièrement humides. Les fortes pluies des dernières semaines ont rendu les sols boueux, ralentissant l’avancée des machines et compliquant le travail des coupeurs.
Dans les allées de l’exploitation, les engins s’enlisent, les équipes s’activent pour ne pas prendre plus de retard sur un calendrier déjà bousculé.
Une course contre la montre sous la menace des pluies
Responsable de production à la SAS Canal Sucre, Jean-Christophe Leneran suit de près l’évolution de la météo et redoute que les prochaines semaines soient tout aussi pluvieuses.
Si jamais les pluies reviennent plus tôt cette année, c’est-à-dire fin mai début juin, ça va vouloir dire que ma production va devoir rester sur pied. Et ça, c’est vraiment une crainte
Outre la pluie, les rats compliquent la tâche.
Ce qui se passe, c’est que les rats ont attaqué la canne parce que la canne sera montée en taux de sucre important, donc elle sera à maturité. Et autrement, vous avez les adventices qui vont vouloir reprendre leur place. Donc ça veut dire que sur l’entretien, je serais vraiment en difficulté.
Face à ces incertitudes climatiques de plus en plus fréquentes, la filière tente d’anticiper et de moderniser ses pratiques.
Des solutions agronomiques déjà à l’œuvre
Dans les champs, certaines exploitations ont déjà mis en place des méthodes innovantes pour limiter les pertes et améliorer les rendements.
Parmi elles : la sélection variétale, qui permet d’introduire des cannes plus résistantes, ou encore la plantation en double rang, qui optimise l’occupation du sol et le passage des machines.
Mais pour les acteurs du secteur, ces adaptations ne suffisent pas encore à répondre aux défis de production et de rentabilité. Eric Eugénie, directeur de la SICA Canne Union et président du Centre Technique de la Canne et du Sucre (CTCS), évoque les projets en cours pour renforcer la filière.
On a des projets qui portent sur l’amélioration de la fertilisation, la recherche de systèmes pour empêcher à l’herbe de pousser trop vite. Ce sont les projets un peu d’avenir qui nous permettraient d’augmenter les rendements à l’hectare, puisque nous sommes en difficulté à ce niveau-là. Et puis, on a des projets de coopération avec d’autres îles qui se mettent en place.
Les professionnels avancent sur une ligne de crête, avec pour seul moteur : préserver une activité essentielle, tout en s’adaptant aux nouvelles réalités climatiques et économiques.
À ÉCOUTER Le reportage de Mégan Bourdon-Cohen
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