En pratique – Commotions cérébrales des sportifs : dangereuses et méconnues

Depuis une vingtaine d’années, les commotions cérébrales émergent comme un enjeu majeur de santé publique. Elles représenteraient entre 5 et 9 % de tous les traumatismes liés au sport, surtout ceux de contact, ceux utilisant des objets projetés (ex. des ballons), des équipements spéciaux (ex. crosses de hockey) ou supposant de grandes vitesses de déplacement. Elles ne sont pas limitées aux compétitions, mais touchent également les simples pratiquants, y compris les femmes et les enfants. L’Académie de médecine leur a consacré un rapport.

Le texte rappelle la définition adoptée en 2022 par le CISG (Concussion in Sport Group) : les commotions cérébrales sont des « lésions traumatiques du cerveau survenues au cours de la pratique sportive, dues à un choc direct au niveau de la tête, du cou, ou sur n’importe quelle autre partie du corps, et induisant une force impulsive appliquée au cerveau ».

Un diagnostic complexe fondé sur la clinique

Leur diagnostic est complexe et fondé uniquement sur la clinique. Les signes sont « souvent subtils, labiles, non spécifiques ».

  • Il existe des « signes d’alarme : perte de connaissance, crise d’épilepsie, convulsions, vomissements, diplopie, céphalées, cervicalgie ». La présence d’un seul d’entre eux impose la cessation immédiate de l’activité sportive en cours.
  • L’observation de 2 autres signes impose en plus une prise en charge médicale : désorientation, confusion, troubles de l’équilibre, vision trouble ou diplopie, démarche ébrieuse, mauvaise coordination, regard vide ou absent, difficulté à suivre du regard un objet mobile.

Il existe des protocoles utilisables sur le terrain de sport pour faciliter le diagnostic et ses éventuelles conséquences :

  • CRT6 (Concussion Recognition Tool 6), pour les non-professionnels de santé ;
  • SCAT6 (Sports Concussion Assessment Tool 6) et Child SCAT6 (pour les enfants) pour les médecins.

La recherche s’oriente vers la détection de marqueurs biologiques spécifiques, notamment salivaires.

Pas de reprise du sport avant disparition complète des symptômes

Des symptômes « post-commotionnels » peuvent apparaître : cervicalgies, céphalées, migraines, troubles de l’équilibre et/ou oculomoteurs. Ils régressent spontanément dans la majorité des cas, mais certains peuvent persister au-delà de 4 semaines. Dans tous les cas, la reprise de l’entraînement doit être progressive. « Le retour à la compétition ne peut être autorisé qu’après disparition de la symptomatologie et récupération des fonctions neurologiques altérées, notamment cognitives ; il doit être autorisé par des médecins formés qui engagent leur responsabilité pour le retour en compétition. » Le suivi médical peut être facilité en ayant recours à la télémédecine, mais à condition de disposer d’un « bon réseau de spécialistes et d’une bonne organisation ».

La répétition des commotions est délétère

La répétition des commotions cérébrales expose à plusieurs conséquences délétères :

  • Troubles cognitifs légers persistants, associés à un risque de maladie d’Alzheimer dans la moitié des cas.
  • Encéphalopathie chronique traumatique, d’abord décrite chez les boxeurs, avec troubles de la mémoire et des fonctions exécutives, aphasie, troubles de la parole et pouvant évoluer vers la démence, un syndrome parkinsonien ou des troubles de l’humeur. Son diagnostic est difficile.
  • Sclérose latérale amyotrophique, dont l’incidence semble plus importante que dans la population générale.
  • Augmentation du risque de maladie neurodégénérative, dont la maladie d’Alzheimer.

Des mesures préventives efficaces

Les mesures préventives sont individuelles et collectives.

  • Port d’un casque rigide, dont l’effet protecteur est bien documenté.
  • Port de protège-dents, dont l’efficacité a été établie pour le hockey sur glace. Elle est très probable pour les autres sports.
  • Exercices en mode isométrique de renforcement des muscles du cou fixateurs de la tête (muscles antérieurs, par serrage des dents, sterno-cléido-mastoïdiens et trapèzes).
  • Apprentissage des gestes techniques spécifiques à chaque discipline sportive.
  • Formation des professionnels de santé et du sport à la détection et au suivi des commotions cérébrales. Pour l’Académie, elle devrait faire partie de la formation initiale et continue des médecins comme de tous les cadres sportifs et entraîneurs.
  • L’Académie préconise également la mise en place d’un réseau de téléconsultation d’aide aux professionnels concernés.

L’Académie conclut en rappelant que cette problématique « ne concerne pas que le monde du sport de compétition, mais l’ensemble des pratiquants amateurs non compétitifs et de loisir ».

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