en quoi l’exercice de ce mercredi était-il spécial ?

Un commando armé s’est introduit dans le Palais des Sports de Caen (Calvados), ce mercredi 12 mars 2025, alors que 4 300 personnes y étaient réunies pour assister à la finale de la Coupe du monde de football France – Italie. Quatre assaillants, équipés de couteaux et d’armes de poing, ont pris en otage des spectateurs, dans les gradins, et des membres du PC sécurité situé au deuxième étage de l’arène. Voilà le point de départ du scénario imaginé par les services de l’État pour mettre au point un exercice de sécurité grandeur nature.

750 personnes mobilisées, 350 figurants : une opération hors normes

« Ce type d’exercice est régulier, explique le préfet du Calvados, Stéphane Bredin. On entraîne régulièrement la chaîne de sécurité intérieure, au sens large. On teste la chaîne de commandement, la réactivité des services, la fluidité des communications entre les différents partenaires… On apprend à bien travailler ensemble. » L’opération menée au Palais des Sports se démarquait pour plusieurs raisons.

Environ 750 personnes étaient concernées par cet exercice, dont 350 figurants issus des associations de sécurité civile, et 400 membres de forces de sécurité : police, gendarmerie, pompiers. Les militaires de l’opération Sentinelle, eux aussi mobilisés, sécurisaient les abords de l’enceinte.

On tient compte du contexte national et international, avec une menace terroriste qui reste élevée dans notre pays. On est sur un niveau de vigilance Vigipirate qui reste très élevé.

Stéphane Bredin, préfet du Calvados
Les secours prennent en charge un blessé dans les gradins du Palais des Sports de Caen (Calvados). Il s’agit d’un événement de l’exercice organisé ce mercredi 12 mars 2025. ©Nicolas CLAICH

Beaucoup de manifestations à Caen en 2025

Mais d’autres services de l’État étaient également impliqués. Les services de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) et de l’Agence régionale de santé étaient ainsi sur le pont. Le plan Blanc avait été activé dans les hôpitaux de Caen, le CHU, la clinique Saint-Martin et la Polyclinique du Parc, pour assurer la prise en charge des blessés. Des infirmières, en repos, ont ainsi reçu des messages de réquisition. Comme cela arriverait en cas de réelle attaque terroriste.

Des éléments de contexte « plus locaux » ont aussi conduit la Préfecture à organiser cet exercice inédit. « C’est l’année du Millénaire sur Caen, il y aura de nombreuses commémorations qui vont rassembler un public nombreux. Il y a le Carnaval étudiant dans trois semaines… »

L'antenne de Caen (Calvados) du GIGN a mené l'assaut du Palais des Sports, mercredi 12 mars 2025.
L’antenne de Caen (Calvados) du GIGN a mené l’assaut du Palais des Sports, mercredi 12 mars 2025. ©Nicolas CLAICH

Après les forces d’intervention locales (section d’intervention pour la police et PSIG pour la gendarmerie), c’est l’antenne du GIGN de Caen qui a mené l’assaut. Les gendarmes d’élite ont été rejoints par les policiers du raid de Bièvres (Essonne). Ceux-ci ont mis environ 40 minutes à arriver de région parisienne, dans des hélicoptères empruntés à l’Armée de l’air pour l’occasion. Deux colonnes de six hommes chacune ont investi le Palais des Sports, à la fois par le rez-de-chaussée et par le toit.

Des membres du Raid ont investi le Palais des Sports de Caen (Calvados) en passant par le toit, au cours d'un exercice, mercredi 12 mars 2025.
Des membres du Raid ont investi le Palais des Sports de Caen (Calvados) en passant par le toit, au cours d’un exercice, mercredi 12 mars 2025. ©Nicolas CLAICH

Le Palais des Sports est une infrastructure très récente qui est très identifiée et qui réunit de manière régulière de nombreuses personnes. C’était l’occasion d’organiser un exercice pour la première fois ici.

Stéphane Bredin, préfet du Calvados

Le parquet national anti-terroriste dans la boucle

Au-delà de ces considérations, un autre élément a fait de cette simulation un test peu ordinaire. Pour une fois, l’autorité judiciaire, représentée par le procureur de la République, Joël Garrigue, était associée à l’exercice. « En matière de terrorisme, de tueries de masse, nous devons également prêts, estime celui-ci. Le travail des forces de l’ordre dans ce genre de situation ne se limite pas à libérer des otages et à neutraliser les preneurs d’otages ».

Les blessés sont évacués dans des civières, ce mercredi 12 mars 2025, dans le cadre de l'exercice simulant un attentat au Palais des Sports de Caen (Calvados).
Les blessés sont évacués dans des civières, ce mercredi 12 mars 2025, dans le cadre de l’exercice simulant un attentat au Palais des Sports de Caen (Calvados). ©Nicolas CLAICH

Après l’identification des auteurs et des victimes, les enquêteurs de la police judiciaire ont relevé les indices dans les travées du Palais des Sports : ADN, angles de tirs… L’enceinte de plus de 4 000 places est devenue tout entière une scène de crime. « C’est un travail hors normes, insiste Joël garrigue. Les policiers de l’identification criminelle travaillent plutôt dans des espaces restreints (maisons, appartements) d’habitude ».

Nous devons faire en sorte d’en arriver à la phase ultime, qui est celle du procès. Si un événement comme celui simulé aujourd’hui s’était réellement passé, il y aurait la nécessité d’amener les auteurs de ces faits, en tout cas ceux qui auraient survécu, jusque devant leurs juges.

Joël Garrigue, procureur de la République de Caen

Étape ultime qui a fait de cet entraînement un cas d’école : au vu de la situation supposée au Palais des Sports, le parquet de Caen était en relation constante avec le parquet national anti-terroriste (PNAT). « Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il s’agissait bien d’un attentat, indique le procureur de Caen. Dans ce cas, c’est le PNAT qui reprend la main ». Cela a été le cas récemment, après l’attaque au couteau qui a coûté la vie à un homme, à Mulhouse, le 22 février 2025.

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