Énergie NB pointée du doigt 

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté d’environ 0,5 mégatonne (Mt), soit 500 000t, entre 2021 et 2022, au Nouveau-Brunswick. La production d’électricité en est la principale cause.

Le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick déplore l’augmentation de 33% du recours au charbon pour la production énergétique, alors que les émissions canadiennes totales liées au combustible ont baissé de 22%.

«Je crois fermement que l’on peut se débarrasser du charbon, à condition que l’on investisse en énergies propres maintenant», martèle le directeur de la politique et de la recherche sur le climat de l’organisme, Moe Qureshi.

La province maritime a aussi eu recours à une hausse significative (45%) de produits pétroliers raffinés. Cela dit, la génération d’électricité grâce aux gaz naturels a connu une baisse importante (36%).

La tendance inverse, mais plus modeste a pu être observée au Canada, en ce qui concerne ces deux sources. L’augmentation d’émissions de GES issues de ces combustibles n’a toutefois pas empêché la diminution globale (7%) de ce qui a été émis par le secteur énergétique. La production d’électricité au pays a généré l’équivalent de 60,7Mt, en 2021, alors que ce chiffre était de 56,4Mt, en 2022.

Le Nouveau-Brunswick est passé de 3,38Mt à 3,99Mt pendant cette même période. Les autres secteurs de la province sont demeurés plus ou moins stables. La production de pétrole et de gaz, qui a généré 0,2Mt d’émissions en moins, arrive au second rang des secteurs ayant connu les plus grandes variations.

Il est à noter que les émissions de GES issues de la production d’électricité en 2022 (3,4Mt) représentaient moins du tiers de celles émises en 2001 (10,5Mt).

«En ce qui concerne la baisse d’émissions de GES, depuis 2005, le Nouveau-Brunswick mène la course entre les provinces, mais c’est largement grâce au succès initial de la réduction de la quantité de charbon que nous brûlions», estime M. Qureshi.

Bien qu’il reconnaisse que la hausse récente de recours au charbon pourrait être liée à une sortie de pandémie, il souligne que la province a le potentiel de troquer les combustibles pour l’éolien et le solaire.

Une année «record» 

Du côté d’Énergie NB, on souligne que «la production d’énergie renouvelable a atteint un niveau record au Nouveau-Brunswick» en 2022-2023, dépassant le cap de 50%.

«Plus de 76 % d’énergie propre et non émettrice a été livrée aux Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises», a ajouté la spécialiste des communications D’Arcy Walsh.

Dans son plan stratégique intitulé Dynamiser notre avenir, Énergie NB dit vouloir éliminer son usage du charbon d’ici 2030 et «parvenir à un approvisionnement net-zéro d’ici 2035».

Mme Walsh indique que cette transition « doit être rentable et garantir la sécurité énergétique pour les générations futures du Nouveau-Brunswick.»

Les centrales de Mactaquac et Belledune demeurent donc actives. Cette dernière a été la principale source émettrice de GES d’Énergie NB lorsqu’elle a servi à brûler du charbon. Cela dit, la société d’État explore l’option de la biomasse depuis quelques mois, et Mme Walsh qualifie les essais de «prometteurs».

Elle indique que la « conversion à un combustible renouvelable comme la biomasse de source durable fera de Belledune la plus grande centrale à énergie renouvelable d’Énergie NB», ce avec quoi Moe Qureshi n’est pas d’accord.

«Je pense que [la centrale] risque de générer la même quantité d’émissions et le projet est simplement moins efficace sous tous ses angles. Donc, je ne pense pas que ce soit une bonne idée», estime-t-il.

Miser sur l’échange d’énergies renouvelables 

Contrairement aux combustibles, Moe Qureshi déplore qu’il soit encore difficile de stocker et d’envoyer les énergies renouvelables vers d’autres territoires.

Selon lui, un tel développement serait prometteur pour la province et permettrait de faire diminuer les coûts, mais la communication entre les différents gouvernements laisserait à désirer.

«Ce serait bien qu’au lieu des combustibles fossiles, que l’on générerait nos propres énergies renouvelables et qu’on essayait de les exporter», indique-t-il.

« En ce moment, nous avons des pipelines partout. On peut envoyer les combustibles fossiles où l’on veut, mais on ne peut pas vraiment le faire avec l’électricité propre. Nous n’avons pas l’infrastructure nécessaire.»

En ce sens, il voit le développement de la Boucle Atlantique, dont l’objectif est de créer un réseau de redistribution d’électricité entre les provinces atlantiques et le Québec, d’un bon œil. Cela dit, le projet du gouvernement fédéral a fait face à quelques obstacles dans les derniers mois, mais un lien entre la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick est tout de même envisagé.

Ce genre d’infrastructure pourrait «vraiment régler le problème d’intermittence dont on se soucie constamment, souligne M. Qureshi. Donc, s’il ne vente pas ici, il pourrait venter ailleurs. Et si on avait une ligne de transmission, on pourrait échanger les énergies produites.»

Il note qu’actuellement, l’énergie excédentaire produite est largement gaspillée, faute de pouvoir être échangée.

Le directeur de la politique et de la recherche sur le climat du Conseil de conservation du N.-B. souhaite également voir le modèle de Projet de communauté énergétique intelligente de Shediac se répandre à travers la province. Il s’agit d’un projet pilote où l’on redistribue l’énergie captée de diverses manières, notamment grâce à des panneaux solaires installés sur des résidences, à travers la ville.

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