Après l’organisation d’un congrès sur l’état de la presse dans le pays, l’Association des journalistes du Burkina a été dissoute, et deux de ses dirigeants enlevés. Reporters sans frontières dénonce une pratique “extrême” et “répressive” pour museler les journalistes.
Tiré de Courrier international.
Cinq cent mille francs CFA d’amende (762 euros), une suspension pour deux semaines… Telles sont les sanctions prises par le Conseil supérieur de la communication (CSC) contre le journaliste Luc Pagbelguem, relate Le Faso. Son tort ? Avoir filmé pour la chaîne privée BF1 le congrès extraordinaire de l’Association des journalistes du Burkina (AJB).
Le 21 mars, ce congrès avait dressé un état des lieux du secteur de la presse dans ce pays sahélien dirigé, depuis le coup d’État du 30 septembre 2022, par le capitaine Ibrahim Traoré. Les membres du bureau de l’AJB avaient dénoncé la répression contre la presse et la propagande des médias d’État.
Ce 26 mars, BF1 a également publié un communiqué expliquant que la chaîne a envoyé “des lettres d’excuses officielles à la RTB et l’AIB [radiotélédiffusion du Burkina et agence d’information du Burkina, les médias qualifiés de relais de la propagande officielle], et supprimé le reportage sur ce congrès. Le communiqué indique aussi que le CSC souhaite que les excuses de BF1 soient “[étendues] aux autorités nationales”, selon le communiqué relayé par le site d’information Wakat Séra.
L’AJB en ligne de mire
Le messager se retrouve condamné, et contraint à la contrition publique, tandis que l’AJB a été dissoute par les autorités le 25 mars, au lendemain de l’enlèvement de deux de ses principaux responsables.
“Guezouma Sanogo, président de l’AJB, et Boukari Ouoba, vice-président de l’AJB, viennent d’être amenés par des individus se présentant comme des policiers du service des renseignements au CNP-NZ [Centre national de presse Norbert-Zongo] vers une destination inconnue. Le président était en entretien avec Gildas Ouédraogo [à] qui il avait donné rendez-vous à 10 heures”, indique le communiqué de l’association, publié sur sa page Facebook.
Guezouma Sanogo était journaliste à la radio publique. Boukari Ouoba a produit de nombreuses enquêtes et reportages pour le bimensuel d’investigation Le Reporter.
Le 21 mars, “les congressistes [avaient] vivement dénoncé les enlèvements et disparitions de journalistes, ainsi que les atteintes répétées à la liberté d’expression et de presse dans un contexte sécuritaire préoccupant”, souligne L’Observateur Paalga.
Série d’enlèvements
Tout en dénonçant la “mainmise de l’État” sur les médias, le président de l’association, Guezouma Sanogo, avait appelé la corporation à la solidarité afin que le métier “survive à toutes les répressions”. L’AJB avait également réclamé la libération des sept journalistes et chroniqueurs enlevés par des agents de l’État.
Le plus récemment enlevé, Idrissa Barry, a été kidnappé à la mairie de Saaba, en périphérie de Ouagadougou, le 19 mars.
Ces nouveaux enlèvements ont “suscité une vive réaction de Reporters sans frontières (RSF), qui a dénoncé une pratique ‘extrême’ et ‘répressive’ visant à faire taire les journalistes critiques du pouvoir”, indique Ouestaf, dans un article consacré au durcissement de la répression contre la presse.
Ce 26 mars, le chef de l’État, Ibrahim Traoré, a déploré que “certains Burkinabè n’[aient] pas encore pris le train de la révolution en marche, préférant se soustraire à l’ordre et à la discipline”, cite Le Faso.
Courrier international
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