Lorsque Patrice Talon accède à la présidence du Bénin en avril 2016, il se présentait comme l’homme du renouveau, promettant des réformes profondes pour moderniser le pays. Près de dix ans plus tard, son bilan est contrasté : si des avancées notables ont été enregistrées sur le plan économique et infrastructurel, sa gouvernance a souvent été accusée d’être autoritaire. Des rapports internationaux présentent sa gouvernance sous un angle différent de celui qui est vanté par ses partisans. Dès son arrivée au pouvoir, Talon met en place un vaste programme de modernisation des infrastructures. Son plan d’action gouvernemental prévoit notamment l’asphaltage des principales voies urbaines, la construction de nouveaux hôpitaux et de marchés modernes, ainsi que le renforcement du réseau électrique national. L’un des projets phares est la zone industrielle de Glo-Djigbé, destinée à transformer l’économie du pays en favorisant la transformation locale des matières premières. Sur le plan macroéconomique, les finances publiques ont été assainies. Le gouvernement lutte contre la corruption et le détournement des ressources publiques, améliorant ainsi la notation financière du Bénin sur les marchés internationaux. Le climat des affaires s’est également amélioré, de grandes facilités pour les investisseurs. Aujourd’hui, tous les béninois s’accordent sur la bonne qualité des infrastructures et les avancées visibles dans la conduite des procédures administratives. Mais cette belle image ne serait que l’arbre qui cache la forêt.
Une gouvernance à tendance autoritaire
Ces réalisations de la gouvernance de Patrice Talon sont diluées par une gestion du pouvoir jugée autoritaire. La réforme du système partisan, si elle a permis une meilleure organisation des formations politiques, a réduit la participation de l’opposition. Le climat politique s’est ainsi durci, avec une concentration du pouvoir autour du chef de l’État, accuse régulièrement les opposants. La Société civile peine à jouer son rôle qu’on lui connaissait ces dernières années. En près de 10 ans, les réformes électorales ont corsé les règles de participation aux élections. En effet, l’introduction de nouvelles lois électorales en 2019 exigeant un parrainage pour les candidats à la présidentielle et des cautions financières élevées, a limité la compétition politique. Aux élections législatives de 2019, seuls deux partis proches du pouvoir (UP et BR) ont pu participer, entraînant un Parlement monocolore sans opposition. En 2021, des opposants majeurs n’ont pas pu se présenter en raison de l’absence de parrainages requis. Plusieurs figures de l’opposition comme Reckya Madougou et Joël Aïvo ont été arrêtées et condamnées à de lourdes peines de prison. Des manifestations de l’opposition ne se tiennent pas dans certaines localités du pays pendant que les soutiens du pouvoir mènent normalement leurs activités. Le Bénin, selon plusieurs rapports, glisse de plus en plus vers un régime autoritaire. En témoigne le dernier rapport de l’Institut V-Dem qui relève qu’un « processus d’autocratisation a pris racine sous le président Talon » et avant cela le rapport de The Economist Intelligence Unit a souligné que le Bénin passe de démocratie imparfaite à régime hybride. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp du journal La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)
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