Entreprendre dans le sport : ces femmes qui font bouger les lignes | Big média

Elles sont championnes, entrepreneures ou journalistes et marquent de leur empreinte l’univers du sport. Si les compétitions internationales révèlent l’excellence des athlètes féminines, elles peinent encore à se faire une place dans l’industrie du sport business. Pourtant, certaines brisent les plafonds de verre et s’imposent comme des figures majeures de l’entrepreneuriat sportif. Tour d’horizon de ces femmes qui changent les codes. 

Le marché du sport en France est évalué à plus de 90 milliards d’euros selon le Ministère des Sports, un secteur dynamique qui évolue au croisement de la performance, de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Longtemps dominé par les hommes, le business du sport voit aujourd’hui émerger une nouvelle génération de dirigeantes, entrepreneures et expertes qui façonnent l’avenir de cette industrie. Qu’il s’agisse de startups spécialisées en SportTech, de grandes marques comme Puma, Decathlon ou Nike, ou encore de structures dédiées à l’événementiel et au sponsoring, les femmes prennent progressivement leur place dans les postes clés. Si les performances des athlètes françaises aux Jeux Olympiques de Paris 2024 ont marqué les esprits, leur influence dépasse largement le cadre de la compétition. De la gestion de clubs au business sport consulting, en passant par les médias et l’innovation, ces femmes contribuent à transformer un secteur en pleine mutation. Qui sont-elles et quels défis restent à relever pour une véritable égalité dans l’entreprise du sport ?

 

Paris 2024 : les femmes gagnent des titres mais gagnent-elles du terrain ?

On se souvient des performances de Léon Marchand, Teddy Riener, Florent Manaudou et Benjamin Gaba… Alors n’oublions jamais celles de Clarisse Agbegnenou, Romane Dacko, Sarah Léonie Cysique et Althea Laurin (pour ne citer qu’elles)

L’été dernier, lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, la France a non seulement brillé par la qualité de son accueil et de son organisation, mais aussi grâce à ses athlètes. Avec 64 médailles remportées, dont 16 en or, en équipe ou en individuelle, les athlètes françaises ont décroché 21 médailles, dont 7 des 16 médailles d’or. Cependant, le sport féminin ne rayonne véritablement que lors de compétitions bénéficiant d’une couverture médiatique exceptionnelle, comme celle pour les Jeux Olympiques. En dehors de ces événements, la visibilité des athlètes féminines reste limitée. Seulement 4 % du contenu médiatique sportif est consacré aux femmes selon une étude Oxfam. A titre d’exemple, lors de la Coupe du monde de football masculin 2022, le match de huitième de finale entre la France et la Pologne a attiré 14,3 millions de téléspectateurs. En comparaison, le match de huitième de finale de la Coupe du monde féminine 2023 entre la France et le Maroc a été suivi par 5,2 millions de téléspectateurs.

Le record d’audience pour l’équipe de France féminine remonte à la Coupe du monde 2019, avec près de 12 millions de téléspectateurs pour le huitième de finale contre le Brésil. Cependant, ces chiffres restent inférieurs aux audiences des matchs masculins, même pour des matchs diffusés à des horaires similaires. Cette faible couverture médiatique a un impact direct sur leur visibilité et, par conséquent, sur leurs opportunités de financement et de soutien.

 

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De championnes à cheffes d’entreprise : ces athlètes qui refusent de rester sur la touche

Il fut un temps où voir des femmes en compétition relevait de la provocation. Alice Milliat, pionnière méconnue du sport féminin, a dû forcer les portes d’un monde qui refusait aux femmes le droit de courir, de nager, de sauter. Les premiers Jeux olympiques modernes, en 1896, leur étaient interdits. Vingt-six ans plus tard, en 1922, alors que Pierre de Coubertin vantait encore une vision archaïque et exclusivement masculine des Jeux, Alice Milliat ripostait en organisant les premiers Jeux Olympiques féminins sous l’égide de la Fédération sportive féminine internationale. Un acte de défiance et d’indépendance. Malgré les critiques et les railleries, ces premiers Jeux féminins ouvrirent la voie à trois autres éditions : Göteborg en 1926, Prague en 1931 et Londres en 1934. Ce n’est qu’en 1928, à Amsterdam, que le Comité International Olympique, dos au mur, autorisa les femmes à concourir officiellement en athlétisme.

Un siècle plus tard, si les sportives françaises brillent sur les podiums, leur place dans le sport business demeure fragile, conditionnelle, disputée. Gagner une médaille ne garantit ni contrats, ni stabilité financière, ni même une vraie reconnaissance dans l’industrie du sport. Mais certaines ont compris qu’il fallait prendre leur destin en main. Après leur carrière, elles ont su bâtir, investir et diriger, imposant leur vision dans un secteur encore verrouillé.

 

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Sarah Ourahmoune – La boxe au service de l’entrepreneuriat social

Un ring, un destin, une revanche. Sarah Ourahmoune, médaillée d’argent en boxe aux Jeux de Rio 2016, a fait de son expérience de combattante un modèle économique et social. À travers Boxer Inside, son entreprise, elle ne forme plus seulement des pugilistes, mais des jeunes, des salariés, des cadres en quête de dépassement de soi.

Pourquoi la boxe ? Parce qu’elle est brutale, exigeante, révélatrice de soi-même. Dans les entreprises, elle devient un outil de gestion du stress, de discipline, de cohésion. À travers ses formations, Sarah Ourahmoune montre que les valeurs du sport peuvent être transposées au monde professionnel. Elle impose ainsi un business model innovant, loin des sentiers battus du sponsoring ou du consulting sportif traditionnel

 

Laure Manaudou – Une icône qui sait nager en eaux troubles

Elle a dominé les bassins, elle domine désormais son propre business. Laure Manaudou, première championne olympique française de natation, a su transformer son image en véritable empire entrepreneurial. Aujourd’hui, elle dirige deux entreprises dans le secteur des activités récréatives et de loisirs. Loin du simple rôle d’égérie, elle a pris les commandes stratégiques et s’appuie sur un réseau d’affaires solide. Maxime Eduardo, son directeur général chez Le Cercle des Héros – Laure Manaudou, l’accompagne dans le développement de ses projets économiques.

 

Marie-Amélie Le Fur – Sportive d’élite et figure du sport inclusif

Dans le sport business, il y a ceux qui cherchent à maximiser leur image, et il y a ceux qui luttent pour transformer le sport en moteur de changement social. Marie-Amélie Le Fur appartient à cette seconde catégorie. Neuf fois médaillée aux Jeux Paralympiques, elle aurait pu capitaliser sur son palmarès et s’arrêter là. Mais elle a préféré agir, prendre la tête du Comité Paralympique et Sportif Français et se battre pour la professionnalisation du handisport.

Derrière le vernis des discours officiels sur l’inclusion, le sport pour les athlètes en situation de handicap reste largement sous-financé et sous-médiatisé. Marie-Amélie Le Furse veut en première ligne pour changer cette réalité.

 

Laura Georges – Du football aux coulisses de la FFF

188 sélections avec les Bleues. Une carrière de joueuse internationale qui aurait pu se solder par un discret retrait des terrains. Mais Laura Georges a choisi l’influence, la gestion, la stratégie. Devenue secrétaire générale de la Fédération Française de Football, elle est l’une des rares femmes à occuper un poste de décision dans une institution encore très masculine. À ce poste, elle travaille sur le développement du football féminin, la structuration des clubs et l’évolution des politiques sportives.

Son ascension prouve qu’il ne suffit pas d’avoir été une joueuse d’exception pour être acceptée dans les hautes sphères du football français. Il faut encore se battre, imposer sa voix, prouver sa légitimité dans un système qui ne l’accorde pas spontanément aux femmes.

 

Amélie Mauresmo, la pionnière à qui tout réussit

Tenniswoman, coach, consultante, dirigeante : Amélie Mauresmo a coché toutes les cases de la réussite post-carrière.

Après son retrait des courts en 2009, elle aurait pu disparaître des radars. Mais elle a préféré faire ses preuves ailleurs. Coach de grands noms comme Andy Murray, elle a ensuite enchaîné les expériences en tant que consultante pour France Télévisions. Le sommet de sa reconversion ? En 2021, elle prend la présidence du tournoi de Roland-Garros. Une prise de pouvoir symbolique et stratégique dans un univers où les postes de direction restent majoritairement masculins.

 

Alexandra Recchia – Une championne de karaté au service des athlètes

Elle a été cinq fois championne du monde de karaté. Aujourd’hui, elle protège les intérêts des sportifs en dehors des tatamis. Alexandra Recchia, avocate spécialisée dans le droit des athlètes, a fondé sa propre structure pour les accompagner dans la gestion de leur carrière et de leurs finances.

Dans un monde où trop de sportifs finissent ruinés ou mal conseillés, elle veut changer les règles. Avec son entreprise, elle offre aux athlètes les outils juridiques et financiers pour ne plus être dépendants d’intermédiaires aux intérêts souvent flous.

Son combat ? Faire en sorte que la réussite sportive ne soit plus un piège économique.

 

Les entrepreneures qui révolutionnent le business du sport

Elles sont de plus en plus nombreuses à refuser d’être de simples spectatrices de l’industrie du sport. Pendant que les grands équipementiers conçoivent encore la majorité de leurs produits pour un public masculin, certaines entrepreneures ont décidé de prendre les choses en main. Face aux écarts de financement, à l’absence de représentation des femmes dans le sport business, elles ont choisi d’innover, d’investir, de créer.

Qu’il s’agisse de textile technique dédié aux sportives, de marques de mode repensant le football féminin, de médias engagés ou de salles de sport réinventées, elles imposent leur vision dans un secteur qui leur a trop longtemps laissé peu de place.

 

Chloé Ramade – Femina Sports, la marque qui habille les sportives

Un détail qui n’en est pas un : le textile sportif n’a jamais vraiment été pensé pour les femmes. Trop grand, trop rigide, mal ajusté : les équipements féminins sont souvent des versions réduites de ceux conçus pour les hommes.

Face à cette évidence, Chloé Ramade a décidé de ne plus attendre que l’industrie réagisse d’elle-même. Elle a lancé Femina Sports, une marque entièrement dédiée aux sportives, avec des produits qui répondent aux exigences spécifiques des athlètes féminines. Son projet ne se limite pas à un simple business. C’est une réponse aux inégalités structurelles qui existent jusque dans les détails du quotidien des femmes qui pratiquent le sport à haut niveau ou en amateur.

 

Céline Champonnet – Wilma, la marque qui donne une identité aux cyclistes féminines

Le cyclisme féminin a longtemps été un non-sujet. En compétition comme en pratique loisir, les femmes ont dû se faire une place à coups de pédale, avec des équipements pensés pour les hommes, une visibilité quasi inexistante et une culture encore réfractaire à la féminisation du sport.

Céline Champonnet, elle, refuse l’inertie. Cycliste elle-même, elle a été confrontée au manque criant d’offres dédiées aux femmes dans ce sport. Plutôt que d’attendre un changement venu d’en haut, elle a décidé de l’initier elle-même. En 2020, elle fonde Wilma, une marque de vêtements de cyclisme exclusivement pensée pour les femmes. Son ambition dépasse la simple commercialisation : elle veut rendre visibles les cyclistes féminines, celles d’aujourd’hui et celles de demain.

Avec Wilma, elle ne crée pas seulement une gamme de textile, elle participe à un combat plus large : celui de la reconnaissance des femmes dans le cyclisme et, plus largement, dans l’industrie du sport.

 

Claire Allard est la co-fondatrice de Alké

Le football féminin n’a jamais eu droit aux mêmes égards que son pendant masculin. Il a été moqué, sous-financé, relégué à un sport “secondaire”. Mais en coulisses, des entrepreneures s’activent pour changer la donne. Claire Allard fait partie de celles qui ont compris l’urgence de redéfinir l’identité du football féminin. Passée par PwC et Audencia Nantes, elle aurait pu poursuivre une carrière classique dans la finance. Mais son executive MBA à l’IFM a changé la trajectoire.

C’est là qu’a germé l’idée d’Alké, une marque de mode et d’équipements dédiée au football féminin. Une marque pensée par des femmes, pour des femmes. Avec ses associées, Laura et Barbara, elle a structuré un projet qui allie design, sport et revendication sociale. Alké est plus qu’une marque : c’est un acte politique dans un sport qui peine encore à voir les femmes autrement que comme des exceptions ou des annexes.

 

Aurelie Bresson – Une voix pour  Les Sportives

 

La visibilité, c’est le nerf de la guerre dans le sport féminin. Sans médias, pas de sponsors. Sans sponsors, pas d’argent. Et sans argent, pas de développement. C’est pour combattre cet engrenage infernal qu’Aurélie Bresson a lancé Les Sportives en 2016. Un média engagé, indépendant, qui donne la parole aux athlètes féminines et qui dénonce les inégalités dans l’économie du sport.

Elle ne se contente pas d’analyser les écarts, elle les expose, les chiffre, les documente. Elle force l’industrie du sport à regarder en face la réalité du marché : un système qui sous-évalue systématiquement la valeur commerciale du sport féminin.

Avec Les Sportives, elle veut bousculer les codes d’un journalisme sportif qui a toujours favorisé le regard masculin sur le sport.

 

Marie-Anne Teissier et Céline Wisselink Groupe Verona (Neoness)

Si l’on parle d’égalité dans le sport, il ne suffit pas de regarder les podiums et les contrats de sponsoring. Il faut regarder aussi qui structure l’accès au sport, qui décide de l’implantation des infrastructures, des modèles économiques des salles, de la façon dont on perçoit l’entraînement et la pratique quotidienne. Marie-Anne Teissier et Céline Wisselink ont compris que l’enjeu se jouait aussi là. Elles ont créé le Groupe Verona, qui regroupe plusieurs marques dédiées à la pratique du sport, dont Neoness, une salle de sport pensée autrement.

L’idée ? Un fitness nouvelle génération, où l’expérience utilisateur est au centre du modèle économique. Un espace qui s’adresse autant aux femmes qu’aux hommes, avec une approche inclusive, non élitiste, et tournée vers le bien-être autant que la performance.

Dans un secteur où les grandes chaînes de salles de sport restent largement dominées par des investisseurs et des structures masculines, elles imposent une nouvelle approche, plus en phase avec la réalité du sport aujourd’hui.

 

Consultantes et chroniqueuses sportives 

Dans les stades et sur les plateaux, elles prennent enfin la parole. Marianne Makko, Nathalie Iannetta, Estelle Denis, Laure Boulleau… Ces consultantes et journalistes sportives n’ont pas eu le luxe de la légitimité immédiate. Longtemps, le journalisme sportif s’est écrit au masculin, avec des codes où les analyses, les débats, les commentaires d’après-matchs étaient l’apanage d’anciens joueurs et d’hommes de médias bien installés.

Mais les choses changent. Aujourd’hui, une nouvelle génération de femmes passionnées de sport impose son expertise, prouve qu’elles n’ont rien à envier à leurs homologues masculins et surtout, qu’elles peuvent analyser, décrypter et influencer l’industrie du sport.

 

Laure Boulleau – De la pelouse aux plateaux TV

Elle connaît le jeu, elle connaît les enjeux. Ex-joueuse du PSG et de l’équipe de France, Laure Boulleau n’a pas seulement quitté les terrains : elle a intégré les cercles médiatiques les plus influents du football.

Consultante pour Canal+ notamment sur l’emblématique rendez-vous du weekend, le Canal Football Club, animé par Hervé Mathoux, elle est pendant plusieurs saisons, la seule figure féminine permanente de l’émisson. Aux côtés de ses compairs Bertrand Latour, Mickael Landreau ou encore Gauthier Kuntzmann, elle impose un ton, une expertise, une vision qui tranche avec le conservatisme ambiant. Sa voix, aujourd’hui incontournable, permet d’imposer le football féminin dans les débats, mais aussi d’offrir un autre regard sur la discipline, plus nuancé, moins caricatural.

 

Estelle Denis – Une pionnière du journalisme sportif féminin

Elle a ouvert des portes que d’autres ont franchies. Depuis plusieurs années, Estelle Denis est une des rares journalistes sportives à tenir la tête d’émissions à succès. Présentatrice, animatrice, consultante, elle s’est imposée dans un paysage médiatique encore largement dominé par les hommes.

Avec son ton cash, sa capacité à tenir tête aux experts historiques, elle a réussi à bousculer un modèle figé, prouvant que le journalisme sportif pouvait intégrer des voix féminines sans tomber dans la simple caution “diversité”.

 

Puma, L’Equipe… Elles façonnent l’avenir du sport depuis leur postes de direction

 

Nathalie Boy de la Tour – La présidente qui a défié les codes du football

 

Première femme à la tête de la Ligue de football professionnel (LFP), Nathalie Boy de la Tour a dû s’imposer dans un milieu où les postes de pouvoir sont jalousement gardés par les hommes.

Présidente de la LFP depuis 2016, elle a su naviguer entre les intérêts politiques, économiques et sportifs, prouvant que la gouvernance du football pouvait être repensée autrement. Son approche citoyenne vise à réconcilier le football professionnel et amateur, une ambition qui tranche avec les logiques purement financières de l’industrie.

 

Anne-Laure Descours – Chief Sourcing Officer, Puma

Dans le monde du sport business, peu de femmes atteignent les hautes sphères des directions exécutives. Anne-Laure Descours en fait partie. Chief Sourcing Officer chez Puma, elle a fait le pari de concilier carrière et maternité en s’installant à Hong Kong, un environnement plus favorable à l’équilibre vie privée/vie professionnelle.

En tant que responsable de l’approvisionnement mondial, elle pilote une partie stratégique de l’industrie textile sportive, tout en militant pour des conditions de travail plus adaptées aux femmes dans le monde du business.

 

Nathalie Iannetta, Directrice des sports de Radio France 

Nathalie Iannetta est une figure incontournable du journalisme sportif en France. Elle débute sa carrière en 1995 sur Canal+, où elle s’impose rapidement en animant des émissions emblématiques comme Jour de foot et L’Équipe du Dimanche. Son expertise la mène ensuite jusqu’à l’Élysée en 2014, où elle devient conseillère sport et vie associative auprès du président François Hollande, avant de rejoindre l’UEFA en tant que conseillère spéciale de 2016 à 2018. Son retour sur le devant de la scène médiatique se fait chez TF1, où elle couvre les Coupes du monde masculine et féminine, et participe à Téléfoot. En 2021, elle est nommée directrice des sports de Radio France, orchestrant la couverture des grands événements, notamment les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Animatrice de l’émission L’esprit sport sur France Inter depuis 2022, elle prend également en charge Les Grands Entretiens sur LCP en 2024.

Son parcours mêlant journalisme, engagement politique et responsabilités institutionnelles, fait de Nathalie Iannetta une voix influente du paysage médiatique sportif français..

Marie-Odile Amaury et sa famille 

Elle est discrète mais incontournable. Marie-Odile Amaury, octogénaire, dirige avec ses enfants un empire médiatique et événementiel : L’Équipe, le Tour de France, le Dakar, le Marathon de Paris.

Dans un univers encore marqué par la concentration des pouvoirs entre quelques grandes figures masculines, elle fait figure d’exception. Son influence dépasse le simple cadre du journalisme sportif : elle est une actrice clé de l’économie du sport en France.

 

Entreprendre dans le sport : quelles perspectives pour les femmes ?

Si les femmes ont conquis les terrains, les podiums et les médailles, leur place dans le business du sport reste encore fragile. Derrière les projecteurs des grandes compétitions, l’économie du sport est un monde où les décisions se prennent dans des cercles encore largement masculins, qu’il s’agisse de la répartition des financements, des postes de direction ou de la mise en avant des nouvelles opportunités économiques.

Pourtant, certaines entrepreneures refusent d’attendre qu’on leur fasse une place. Elles investissent dans des secteurs porteurs, construisent des startups sport-tech, s’installent à la tête de marques innovantes, imposent leurs visions dans les médias et les instances décisionnelles. À travers cette nouvelle génération d’actrices du sport business, un écosystème plus ouvert pourrait émerger. Mais les freins sont encore nombreux, à commencer par l’accès aux financements, la visibilité médiatique et la lenteur du changement dans les structures sportives traditionnelles.

Si l’on veut comprendre où va l’entrepreneuriat féminin dans le sport, il faut regarder où se trouvent les bastions à conquérir, les résistances à briser et les opportunités à saisir.

Le sport-tech, un secteur en pleine expansion pour les entrepreneures

Dans l’univers du sport business, il existe encore des portes verrouillées. Mais il y a aussi des secteurs en pleine mutation, où les modèles traditionnels explosent sous l’effet des nouvelles technologies. C’est le cas du sport-tech, un domaine où les femmes trouvent plus facilement leur place, car il échappe aux structures pyramidales du sport classique et repose davantage sur l’innovation, la data et le numérique.

Le sport-tech, c’est une industrie qui englobe les objets connectés, les applications d’entraînement, la réalité virtuelle appliquée à la performance sportive, mais aussi l’intelligence artificielle au service de la récupération ou du coaching personnalisé. Ces innovations bouleversent la pratique sportive, mais elles bouleversent aussi l’économie du sport en permettant à de nouveaux acteurs – et notamment à des entrepreneures – de s’imposer sans passer par les intermédiaires habituels du sport business.

Des startups dirigées par des femmes émergent dans ce domaine, prouvant qu’il est possible de réinventer la pratique du sport en contournant les circuits classiques. Certaines se spécialisent dans l’analyse des performances sportives, d’autres développent des solutions pour faciliter l’accès aux équipements ou aux infrastructures. Ce secteur, en pleine effervescence, ouvre des opportunités inédites pour celles qui veulent entreprendre dans le sport sans être dépendantes des fédérations, des clubs ou des équipementiers historiques.

 

Mais cette expansion ne signifie pas pour autant que le sport-tech est une terre promise où l’égalité est acquise. Le financement reste un enjeu majeur, et si les entrepreneures parviennent à exister dans cet écosystème, elles doivent encore composer avec un marché où les investisseurs restent frileux dès qu’il s’agit de projets portés par des femmes.

 

Financement et accès aux ressources : des freins encore présents

Dans l’économie du sport, l’argent est le nerf de la guerre. Peu importe les performances, peu importe les idées novatrices : sans financements, les projets restent lettre morte. Et c’est là que l’inégalité entre hommes et femmes est la plus criante.
En France, moins de 3 % des fonds de capital-risque sont dirigés vers des startups fondées par des femmes. Ce chiffre, révélé par l’association SISTA, résume à lui seul la difficulté qu’ont les entrepreneures à convaincre les investisseurs. Dans le secteur du sport business, où la majorité des fonds vont vers les structures sportives traditionnelles, les grands équipementiers et les clubs masculins, l’entrepreneuriat féminin reste un marché considéré comme secondaire.
Les banques, les fonds d’investissement et les business angels ont encore des biais structurels, qui font que les projets portés par des hommes sont perçus comme plus “solides”, même à compétences et viabilité économique égales. Cela concerne aussi les mécènes et les grands sponsors, qui investissent encore massivement dans le sport masculin, considérant le sport féminin comme moins bankable et les entreprises dirigées par des femmes comme moins rentables.
Face à cet obstacle financier, des initiatives comme Sport Féminin Toujours tentent de rééquilibrer les choses en mettant en avant les projets entrepreneuriaux féminins liés au sport et en sensibilisant les investisseurs. Mais ces initiatives restent insuffisantes au regard des inégalités structurelles. Tant que l’argent ne circulera pas aussi librement vers les entrepreneures que vers leurs homologues masculins, le développement du sport féminin et du business du sport au féminin restera ralenti, freiné, empêché.

 

Vers une nouvelle génération de femmes influentes dans le sport ?

Malgré les freins et les résistances, un mouvement de fond est en marche. La génération actuelle d’entrepreneures, de consultantes et de dirigeantes impose peu à peu une nouvelle normalité. Les femmes dans le sport ne sont plus juste des athlètes, elles sont aussi des stratèges, des visionnaires, des bâtisseuses de modèles économiques durables.

Les médias spécialisés commencent à leur donner une place plus importante, les fédérations sportives, sous pression, ouvrent timidement des postes à des femmes dans leurs directions, et le marché du sport féminin commence à intéresser des investisseurs plus audacieux. Mais l’enjeu des prochaines années sera de transformer ces succès individuels en une tendance de fond, en une économie pérenne, où les femmes auront pleinement leur place, non pas par exception, mais par évidence.

Les prochaines grandes batailles ne se joueront pas uniquement sur les terrains, mais aussi dans les instances dirigeantes, dans les conseils d’administration des marques de sport, dans les négociations des budgets fédéraux et des plans d’investissement privés. Ce qui se dessine aujourd’hui, c’est une prise de pouvoir progressive, où les femmes ne sont plus seulement des championnes, mais aussi des actrices du marché du sport. Pour que l’écosystème soit réellement transformé, il faudra que les entrepreneures sportives cessent d’être des figures d’exception et deviennent des figures de référence.

 

Loin d’être limitées aux performances sur le terrain, les femmes s’imposent progressivement comme des figures incontournables du sport business. De l’entrepreneuriat à la gouvernance, en passant par les médias, elles transforment un écosystème encore largement masculin. Si des barrières persistent, ces parcours inspirants démontrent que l’avenir du sport se jouera aussi, et surtout, au féminin.

 

 

Sources : 

Sport féminin : les inégalités persistent ! – Oxfam France

Coupe du monde de foot : que donnent les audiences des femmes par rapport aux hommes ? | France Inter

Sporsora – Baromètre du sport féminin – Rôles modèles & marques partenaires

Les pionnières du journalisme sportif | INA

 

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