Exercice budgétaire difficile au N.-B. en cette période d’incertitude, prévient Holt

FREDERICTON — Près de sept ans après que le gouvernement du Nouveau-Brunswick est allé jusqu’en Cour suprême pour empêcher la libre circulation de l’alcool au pays, la première ministre Susan Holt affirme que la guerre commerciale avec les États-Unis force maintenant la province à réexaminer son approche.

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick n’a pas toujours été aussi favorable à la libre circulation de l’alcool au-delà des frontières. En avril 2018, la province a gagné sa cause devant la Cour suprême contre un homme condamné à une amende de 300 $ pour avoir acheté de la bière au Québec et l’avoir ramenée au Nouveau-Brunswick.

Le plus haut tribunal du pays a statué que les provinces pouvaient adopter des lois pour répondre à des conditions et priorités particulières à l’intérieur de leurs frontières, même si ces lois peuvent incidemment restreindre la circulation des biens.

Mais confronté maintenant à des droits de douane punitifs imposés par le président américain Donald Trump, le Nouveau-Brunswick ne peut se permettre de maintenir ces barrières commerciales, soutient Mme Holt. Et l’alcool n’est qu’un des nombreux produits qu’elle aimerait voir circuler plus librement à travers tout le pays.

Elle soutient que si le Canada réduisait les barrières au commerce interprovincial, l’activité économique augmenterait de 4 %.

«Les Néo-Brunswickois veulent savourer les vins de la Colombie-Britannique de la même manière que les résidants de la Colombie-Britannique veulent savourer les bières artisanales du Nouveau-Brunswick, a déclaré la première ministre lors d’une récente entrevue. Je pense donc que nous devons éliminer les obstacles qui nous empêchent de partager nos domaines d’excellence.»

Un exercice budgétaire difficile

Les droits de douane américains imminents n’influencent pas seulement les législations commerciales du Nouveau-Brunswick: ils bouleversent le budget de la province, qui doit être déposé la semaine prochaine – et qui est le premier du gouvernement libéral Holt depuis sa victoire aux élections d’octobre.

La préparation du budget a été délicate, car la politique tarifaire du président Trump demeure largement floue et imprévisible. Toute cette incertitude, a déclaré Mme Holt, a rendu «exceptionnellement difficile» l’équilibre budgétaire au Nouveau-Brunswick.

«La réalité est que nous sommes confrontés à un déficit, a-t-elle prévenu. Nous essayons de trouver un équilibre entre ce qui est dans l’intérêt supérieur des Néo-Brunswickois à long terme. Que pouvons-nous gérer ?»

Si le président Trump met à exécution sa menace d’imposer des droits de douane généralisés de 25 % sur les produits canadiens, le Nouveau-Brunswick devrait subir une baisse de 30 % du produit intérieur brut, a-t-elle déclaré.

Les principales exportations de la province sont les produits pétroliers, notamment le mazout et les carburants destinés à une grande partie de la côte est. Le Nouveau-Brunswick exporte aussi des fruits de mer, des produits forestiers et des produits agricoles. Environ 12 milliards $ de marchandises traversent la frontière du Nouveau-Brunswick vers le Maine chaque année, a précisé la première ministre.

Et face à une baisse de revenus anticipée, elle souligne que des choix difficiles doivent être faits. Mais Mme Holt a affirmé qu’elle respecterait sa principale promesse électorale de ressusciter un système de santé en difficulté, notamment en ouvrant au moins 30 cliniques dans toute la province sur trois ans.

«Nous ne transigeons donc pas sur cette promesse face aux droits de douane. Mais nous devons faire les deux. C’est un exercice d’équilibre, n’est-ce pas ?»

Alors qu’elle se débat avec les exercices mentaux d’un président américain erratique, Mme Holt veille à ce que le gouvernement trouve d’autres marchés d’exportation partageant des «valeurs et des structures économiques similaires» afin de diversifier les échanges commerciaux.

Le Nouveau-Brunswick possède non seulement du pétrole, du bois d’œuvre et du homard, mais aussi des ressources minérales très prisées dans le monde entier, a-t-elle rappelé. «Nous possédons des gisements minéraux uniques au Nouveau-Brunswick qui pourraient créer des emplois bien rémunérés et des possibilités.»

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.