Fermeture de l’école Génie en Herbe en Guadeloupe

Une décision brutale, prise sans préavis, sans phase de concertation, sans mesure d’accompagnement pour les enfants déplacés comme du mobilier administratif.


Fermée brutalement par arrêté préfectoral, l’école privée Génie en Herbe, située en Guadeloupe, est aujourd’hui au cœur d’un scandale institutionnel majeur. Derriere la façade administrative, c’est une véritable violence d’État qui s’est abattue sur une communauté scolaire. Parents, enseignants, enfants, direction : tous victimes d’une décision autoritaire, sans concertation, sans justification publique claire. Pendant ce temps, les élus se taisent, les médias locaux détournent le regard, et la ministre de passage ignore jusqu’à leur existence.

Une fermeture brutale, sans préavis, sans humanité

Rien, ni dans les lettres officielles, ni dans les rapports de l’Éducation nationale, ne justifie une telle méthode. C’est une fermeture au bulldozer. Une opération de force. Une gifle institutionnelle à une école qui portait un projet alternatif, enraciné dans la réalité guadeloupéenne.

L’administration reconnaît que l’affaire n’est pas close

Dans un courrier daté du 10 avril 2025, la rectrice confirme que « deux procédures sont en cours » : une enquête judiciaire et un référé déposé par la directrice de l’école.

Traduction : aucune décision définitive n’a été rendue. Rien ne justifie donc cette exécution administrative anticipée, en l’absence de jugement, de débat contradictoire, de recours épuisé.

Et pourtant, l’école a été fermée. Par autoritarisme pur. Par mépris de l’État de droit.

Une rectrice qui refuse la rencontre, un mépris total du dialogue

Sollicitée par la directrice de l’école pour une rencontre, la rectrice répond froidement : « Je ne suis pas en mesure de vous proposer une date de rencontre dans l’immédiat. »

Ce refus, dans un territoire où l’on prétend encourager la co-construction des politiques éducatives, est une insulte à l’intelligence collective. Il démontre une posture verticale, coloniale, technocratique.

Le message est clair : l’administration décide, le peuple subit.

Génie en Herbe : un projet éducatif que les textes de l’État appellent… mais que le préfet fait taire

Le rapport de stratégie éducative pour l’Outre-mer de l’Éducation nationale que nous nous sommes procuré est explicite :

Page 6 : « Le cadre stratégique prévoit le développement de projets éducatifs contextualisés. »

Page 12 : « Encourager les dispositifs expérimentaux adaptés aux réalités du territoire. »

Page 15 : « La valorisation des langues régionales et des cultures locales contribue à une meilleure appropriation de l’école. »

Génie en Herbe incarne tout cela. Un projet contextualisé. Une pédagogie enracinée. Une école qui fait sens pour ses élèves.

Et c’est précisément cette école qu’on ferme.

Le système scolaire en échec, l’État en aveu… mais les alternatives sont matées

Toujours dans ce rapport, l’État reconnaît l’échec structurel de l’école en Outre-mer :

Page 4 : « Les DOM se caractérisent par des taux de pauvreté des enfants très supérieurs à ceux de l’Hexagone. »

Page 8 : « Les élèves ultramarins sont surreprésentés dans les faibles performances aux évaluations nationales. »

Plutôt que de soutenir une initiative pédagogique innovante face à ce constat accablant, l’État choisit de la broyer.

Les élus muets, les médias locaux complices


Où sont passés les élus guadeloupéens ? Pourquoi aucun n’a élevé la voix ? Pourquoi aucun n’a publiquement interpellé la rectrice ou le préfet ? Le silence est assourdissant. Il est complice.

Et les médias locaux ? Aucun reportage de fond. Aucune enquête sérieuse. Juste un relai passif de la version institutionnelle. À croire qu’il ne fait pas bon déranger les autorités quand elles s’acharnent.

Une ministre en visite qui ignore les familles et piétine la démocratie locale


Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre de la République, était présente en Guadeloupe les 9 et 10 avril. Département qui l’a vu naître… Elle n’a pas dit un mot sur la fermeture de l’école. Elle n’a rencontré ni la direction, ni les parents, ni les enfants.

Une ministre chargée de l’Autonomie et du Handicap en plein exercice de ses fonctions qui ignore une crise scolaire qui touche 61 enfants dont plus de 50% d’entre eux bénéficient d’une reconnaissance MDPH, : c’est une défaillance morale et politique.

Ce n’est pas une école qu’on a fermée.

C’est un projet, une vision, un espoir.


Ce qui s’est joué avec la fermeture de l’école Génie en Herbe, ce n’est pas un simple contentieux administratif. C’est un bras de fer politique, social et culturel. C’est une démonstration de force d’un pouvoir central méprisant, face à une communauté éducative qui dérange parce qu’elle invente autre chose.

Et face à cette violence, les familles, les enseignants, les enfants, ont raison de résister.

Parce qu’ils portent un projet utile, humain, enraciné. Parce qu’ils ne sont pas le problème : Ils sont la solution.

Paris, le 11 avril 2025, 19h

Damien Maillard

Veille & Démocratie 

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