En raison d’une participation massive de 67 % des électeurs au premier tour des législatives, un nombre historique de candidats ont obtenu un score supérieur à 12,5 % des inscrits, leur permettant de se qualifier au second tour. Ainsi, le 30 juin au soir, 306 circonscriptions étaient en situation de triangulaire et même 5 en quadrangulaire.
Mais le score tout aussi inédit du Rassemblement national, plus de 33 % des voix, a immédiatement poussé de nombreux candidats à se désister pour éviter une dispersion des voix et l’élection de nombreux députés RN.
Dominique Faure, Marie Guévenoux…plusieurs ministres se désistent
Selon un décompte effectué par Le Monde, 218 candidats se sont retirés dans des triangulaires, laissant place dans la grande majorité des cas à un duel entre un candidat du RN et un candidat du Nouveau Front populaire (NFP) ou d’Ensemble, la coalition présidentielle. Selon ce même décompte, les désistements de candidats viennent majoritairement de la gauche (130), largement réunie sous la bannière du NFP. Les candidats de la coalition présidentielle (Ensemble et alliés) sont 82 à s’être désistés.
Certains ont d’ailleurs été contraints de le faire après une demande explicite du président de la République et du Premier ministre. C’est le cas de la ministre des Collectivités Dominique Faure, qui souhaitait maintenir sa candidature après une troisième place au premier tour en Haute-Garonne, derrière le Rassemblement national et un candidat socialiste du NFP. « Laisser face à face les deux extrêmes serait trop risqué », justifiait-elle sur Twitter au lendemain du premier tour. Ce 2 juillet, elle a finalement décidé, à la demande d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, de retirer sa candidature.
Elle rejoint ainsi les quelques ministres qui, en ballotage défavorable dans leur circonscription, ont choisi de se retirer dès le soir du premier tour. C’est le cas de la secrétaire d’État chargée de la Ville Sabrina Agresti Roubache, qui a annoncé son retrait à Marseille, après être arrivée troisième derrière les candidates RN et NFP. Dans un communiqué publié sur Twitter, la ministre déléguée chargée des outre-mer Marie Guévenoux a également annoncé son désistement dans l’Essonne, où une candidate écologiste du NFP est arrivée en tête devant le RN. En Côte d’Or, la ministre déléguée chargée du Handicap Fadila Khattabi appelle à voter pour le candidat socialiste du NFP, contre le RN arrivé en tête. La secrétaire d’État chargée des Anciens combattants Patricia Mirallès, en troisième position dans l’Hérault derrière un candidat RN et un candidat écologiste du NFP, a également annoncé son retrait ce 2 juillet.
Des candidats Renaissance et Horizons se retirent au profit de La France insoumise
Malgré les réticences d’Ensemble à demander le retrait de ses candidats au profit de personnalités issues de La France insoumise, plusieurs ont sauté le pas dès le soir du premier tour. Albane Branlant, candidate Renaissance dans la Somme, s’est désistée en faveur de François Ruffin, arrivé second et en mauvaise posture avec six points de retard sur la candidate RN. Dans la Sarthe, la candidate Renaissance Sylvie Casenave-Péré, arrivée troisième avec seulement 35 voix de moins que la candidate insoumise s’est désistée pour tenter de contrer l’élection de Marie-Caroline Le Pen – la sœur de Marine Le Pen – arrivée en tête.
Le député sortant de Paris Gilles Le Gendre (Renaissance), a également annoncé son désistement et appelé au vote en faveur de la candidate socialiste du NFP arrivée en première position. Aucun candidat d’extrême droite n’est pourtant qualifié au second tour dans la circonscription parisienne, mais l’ex-député – candidat dissident du parti présidentiel – n’avait pas été réinvesti par Ensemble pour ces élections. Il avait choisi de se porter candidat au premier tour, face au Renaissance Jean Laussucq, « le candidat de Mme Dati », assure Gilles Le Gendre dans un communiqué dénonçant une « manœuvre ».
En Seine-Maritime, le candidat Horizons Laurent Bonnaterre a annoncé ce 1er juillet son désistement au profit de la députée sortante insoumise Alma Dufour, alors qu’un candidat RN se trouve en première position. Une posture inattendue, alors que le chef de file du parti Édouard Philippe avait appelé ses électeurs à faire barrage aussi bien au RN qu’à LFI. « Nous allons avoir un second tour entre un candidat du RN, qui n’aura pas ma voix, et une députée sortante LFI, qui n’est pas favorite », a tout de même regretté Laurent Bonnaterre sur le plateau de France 3 Normandie, après son désistement.
Du côté du Modem, dont le chef de file François Bayrou avait évoqué des désistements « au cas par cas » en fonction de la situation dans chaque circonscription, plusieurs candidats se sont aussi retirés. Anne-Laure Babault, députée sortante de Charente-Maritime, qui avait un temps demandé au candidat écologiste arrivé en deuxième position de se désister, a finalement annoncé qu’elle se retirait. Dans un communiqué diffusé sur Twitter, elle a par ailleurs dénoncé « l’extrême violence des attitudes émanant du Front Populaire » sur les réseaux sociaux et « les menaces » dont elle a été l’objet.
À gauche, des désistements au bénéfice d’Élisabeth Borne, Gérald Darmanin, mais aussi de Laurent Wauquiez et Olivier Marleix
À gauche, la consigne du retrait pour tous les candidats arrivés en troisième position face au Rassemblement national a aussi été appliquée dès le soir du premier tour. Dans la 6ème circonscription du Calvados, le candidat du NFP, sous l’étiquette LFI, s’est désisté au bénéfice d’Élisabeth Borne, arrivée en deuxième position face à un candidat du Rassemblement national. Interrogé à ce sujet sur le plateau de TF1 le soir du 30 juin, Olivier Faure « assume » de « sauver » l’ex-Première ministre. Dans le communiqué annonçant son retrait, Noé Gauchard n’appelle pour autant pas explicitement ses sympathisants à voter pour Élisabeth Borne.
À Tourcoing, Gérald Darmanin est arrivé en tête d’une triangulaire dans laquelle la candidate LFI, Leslie Mortreux, est en troisième position. Au micro de RTL le 1er juillet, le coordinateur du parti Manuel Bompard avait annoncé qu’elle ne se désisterait pas, « puisque ce n’est pas le RN qui est arrivé en tête dans cette circonscription ». Finalement, le lendemain, la candidate a annoncé son retrait dans un communiqué.
Si la majorité des candidats NFP contraints au désistement se retirent au profit de la coalition présidentielle, certains le font aussi pour permettre l’élection d’un candidat des Républicains. C’est le cas de Celline Gacon, candidate écologiste, qui a annoncé son retrait au profit de Laurent Wauquiez, menacé dans son fief de la Haute-Loire par un candidat du RN arrivé en deuxième position. En Eure et Loir, l’ex-président du groupe LR à l’Assemblée nationale Olivier Marleix bénéficie aussi du désistement de la candidate socialiste de sa circonscription, alors qu’il est en ballotage défavorable avec 12 points de retard sur le candidat RN.
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