Dans un entretien accordé au Parisien, le Premier ministre François Bayrou estime que les hausses de droits de douane décidées par le président américain pourraient coûter « plus de 0,5% du PIB » à la France. « La déstabilisation qu’il a fait naître fragilisera pour longtemps l’économie mondiale », ajoute le chef du gouvernement.
Le Premier ministre François Bayrou estime que les hausses de droits de douane décidées par Donald Trump peuvent coûter « plus de 0,5% du PIB » à la France, dans un entretien au Parisien dimanche.
Avec la hausse brutale des droits de douane décidée par le président américain, « le risque de pertes d’emplois est absolument majeur, comme celui d’un ralentissement économique, d’un arrêt des investissements », juge le Premier ministre. « La déstabilisation qu’il a fait naître fragilisera pour longtemps l’économie mondiale », ajoute le chef du gouvernement, dont la volonté est « de tenir l’objectif du retour aux 3% (de déficit public, ndlr) en 2029. Mais la crise peut tout changer », admet-il.
« Notre obligation, c’est de voir la réalité et d’y faire face
François Bayrou précise qu’il partagera avec les Français le 15 avril « le cadre général » des choix qui seront à faire pour le budget 2026. « Il faut que les Français soient associés à deux nécessités : trouver les moyens de notre indépendance, de notre sécurité, de notre défense, et d’abord de notre capacité de production. Ensuite par la nécessité de sortir de la malédiction de la dette », explique-t-il encore.
« Ces choix, ils ne seront pas faits sans eux », poursuit le chef du gouvernement, qui affirme qu’il partagera « avec eux toutes les données des choix que nous avons à faire » et qu’ils « connaîtront tout de la situation ». « Quand j’ai dit que la situation du pays, c’était l’Himalaya, j’étais peut-être au-dessous de la vérité », admet-il.
Enfin, sur les efforts qui seront demandés aux Français pour financer le réarmement, il précise que « le cadre de cet effort général » sera présenté à « l’été ». « Pendant ce temps, on continue le travail sur les retraites avec les partenaires sociaux jusqu’en mai ou juin », a-t-il ajouté.
Interrogé sur l’hypothèse de revenir sur les 35 heures, ou de repousser l’âge légal de départ à la retraite, M. Bayrou a répondu : « Notre obligation, c’est de voir la réalité et d’y faire face. Nous ne pouvons pas être un pays qui n’est pas capable de reconstruire son éducation nationale, de laisser des millions de Français sans médecin. D’avoir un État impuissant. D’être sans réponse de sécurité quand le monde bascule vers le risque militaire ou la guerre économique ».
« C’est une reconstruction à partir des fondations. Et cela ne se fera pas si nous continuons à produire moins que les autres, cela ne se fera pas sans efforts partagés, et justes », a-t-il ajouté.
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