Il s’agit du second roman noir du journaliste français Stéphane Pair, après Élastique Nègre (Fleuve Noir, 2017), polar ancré dans la Guadeloupe des années 1990 qui abordait l’explosion du trafic de drogue dans la région.
Premier arrêt en 1964 à Jérémie, en Haïti, sous le régime dictatorial de François Duvalier, médecin élu président en 1957, qui se faisait appeler « Papa Doc » et qui appuyait son pouvoir sur les terribles « tontons macoutes », une milice particulièrement sanguinaire. « Toute la nuit, ils ont tabassé, violé et tué selon les ordres mais surtout leur inspiration. »
La petite Sybille Sansaricq, cinq ans, est rescapée par miracle du massacre de toute sa famille et placée secrètement dans une famille adoptive.
On retrouvera la dernière survivante de la famille Sansaricq en 1986 à Cité-Soleil, fameux bidonville de Port-au-Prince, à la veille de la chute du régime Duvalier. Le dictateur est mort en 1971, mais son fils Jean-Claude, dit « Bébé Doc », lui a aussitôt succédé. Sybille, étudiante et militante de l’ombre, est proche du prêtre salésien Jean-Bertrand Aristide (qui, on le sait, sera président du pays entre 2001 et 2004), qui lui a présenté Jacques, l’homme dont elle tombera amoureuse.
Trafiquant de drogue qui a grandi à Miami, Jacques va lui servir à assouvir sa vengeance et à libérer Haïti, elle l’espère, des forces obscures qui l’asservissent, oeuvrant dans l’ombre à une insurrection avec une poignée de jeunes communistes chrétiens de la fac de droit de Port-au-Prince.
La jeune femme a particulièrement dans sa ligne de mire Rosalie Bosquet, « la dame de fer d’Haïti », plus connue sous le nom de Madame Max Adolphe, directrice de la terrible prison de Fort-Dimanche, à Port-au-Prince, cheffe des tontons macoutes, « femme-lige » des cartels latino-américains de la drogue qui utilisent Haïti comme vestibule pour faire entrer leur marchandise aux États-Unis. Aux manettes de la violence et des meurtres, cette femme sanguinaire semble à la fois hantée et déshumanisée par la mort de son fils.
On le sait, la véritable Rosalie Bosquet s’est volatilisée lors du renversement de Bébé Doc, en février 1986. La femme serait, semble-t-il, morte aux États-Unis en 1998, à l’âge de 96 ans. D’autres personnages sont inspirés de la réalité, comme la famille Sansaricq — dont le massacre est demeuré dans les mémoires sous le nom des « Vêpres jérémiennes ». Et comme le « véritable Jacques Baudoin Ketant, considéré comme l’un des plus importants narcotrafiquants haïtiens » aujourd’hui encore, écrit aussi Stéphane Pair dans la note d’auteur de Furie Caraïbe.
Un peu de vrai, des pans de l’Histoire rendus vivants par la fiction, une immersion brûlante dans ce « pays-chaos » gangrené par la corruption, la terreur et l’exil : un cocktail explosif et enlevant qui nous donne au passage quelques clés pour comprendre la réalité contemporaine de ce pays des Caraïbes.
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