Dans le Haut-Ogooué, dans l’est du Gabon, les principaux gisements de manganèse, à Moanda, appartiennent à la Comilog, la filiale d’Eramet, numéro un mondial du secteur. L’entreprise tente de s’adapter en développant des politiques sociales et environnementales, en particulier pour la sauvegarde des ressources en eau.
L’équipe de l’après-midi entame son cycle et les pelleteuses se mettent en action. Nous surplombons la mine à ciel ouvert d’Ogouma. Ici, le manganèse est facile d’accès, à environ six mètres sous la surface du sol. « On va passer d’abord la couche de pisolithe, puis on va tomber sur le toit du minerai, explique Brice Mabika, chef de département exploitation minière de la Comilog. Après le toit du minerai, on va aller sur la roche mère ou sur les argiles. Ce qui nous intéresse ici, c’est la couche du milieu. Pour arriver à la couche du milieu, il faut d’abord décaisser toute la partie supérieure. Dès qu’on a fini de faire ça, on va passer à la phase d’exploitation. Récupérer la tranche minéralisée, la charger dans des camions et ramener ça vers la laverie. »
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L’eau recyclée à 92 %
À la laverie, le minerai est nettoyé et séparé en trois qualités. « Lorsque le minerai arrive de la carrière, où il a été extrait, il passe par la partie concassage, donc on a un extracteur, un tablier métallique, qui met sur le convoyeur, détaille Kelly Ngandjoka, responsable de ce processus. Puis c’est la première étape de débourbage et après, on fait la classification. »
Le manganèse propre part pour la gare, via des tapis roulants longs de plus de trois kilomètres. L’eau boueuse du lavage se dirige vers un décanteur, mis en service en juin 2023 et qui permet un recyclage efficace. « On boucle l’année 2024 avec une cible initialement prévue à 85 %, et on finit à 92 % de taux de recyclage ici, donc on a fait nettement mieux, se félicite Kelly Ngandjoka. Là, on vise 95 % de recyclage afin de garantir toujours plus l’autonomie de l’usine en eau et prendre de moins en moins d’eau en milieu naturel. »
Mieux mesurer l’impact
Le reste remplit des bassins d’évaporation sur lesquels on plantera des arbres. « À la suite d’un certain nombre de combats menés au milieu des années 2000, Comilog a fait beaucoup d’efforts, reconnaît le député de la transition, Jean-Valentin Leyama, originaire de Moanda, et souvent en conflit avec la Comilog. Les déchets du minerai ne sont plus rejetés dans la nature, des protocoles ont été mis en place. Mais compte tenu de la nature du minerai, il y a toujours une pollution résiduelle sur laquelle il faudra certainement mettre en place un observatoire qui examine l’impact sur les populations de façon périodique », souligne le député, qui pointe aussi les limites de la politique sociale de l’entreprise : un nouveau mouvement de grève a eu lieu en mars.
Autre difficulté pour la Comilog : l’acier et le manganèse dépendent de l’état de la croissance mondiale. Fin 2024, la production a été suspendue pendant trois semaines en raison d’un ralentissement du marché chinois.
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