Les candidats à l’élection présidentielle du 12 avril 2025 au Gabon sont connus. La Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER) a retenu quatre noms, sur les 23 candidatures enregistrées, comme l’a indiqué un communiqué en date du 9 mars dernier. Il s’agit notamment, du Président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, de l’ex-Premier ministre, Alain-Claude Bilie Bye Nze, de l’inspecteur des impôts, Joseph Lapensée Essigone et du médecin Stephane Germain Iloko. Il n’y a eu pas mal d’appelés, mais très peu d’élus. La morale dans les chaussettes, on l’imagine, les candidats recalés, dont l’ancien vice-président, Pierre Claver Maganga Moussavou et la juriste, Marlène Essola Effoutamane, disposent de 72 heures pour saisir le Conseil constitutionnel.
Réussiront-ils pour autant à changer leur sort en exerçant ce droit ? On ne tardera pas à le savoir. Pour l’heure, les présidentiables retenus vont devoir se préparer pour entrer en campagne à partir du 29 mars prochain, avec pour ultime objectif de prouver leur capacité à conduire et à construire le Gabon de l’ère post-Bongo. Le futur scrutin est le premier de la période consécutive au coup d’Etat perpétré par le Gal Nguema contre Ali Bongo en août 2023. Ce coup de force avait mis fin à 50 ans de règne de la famille Bongo (le fils Ali a succédé à son défunt père Omar), marquant un nouveau départ pour le Gabon. Après avoir pris le contrôle du pays et dirigé avec rigueur la Transition, faisant entre autres, adopter une nouvelle Constitution et un Code électoral, le tombeur d’Ali Bongo s’est bâti une carrure d’homme d’Etat et se voit en droit de solliciter le suffrage de ses compatriotes.
Autrement dit, le nouvel homme fort du pays, qui n’a pas maintenu longtemps le suspense sur sa candidature, veut garder la mainmise sur le pays. A l’ombre du pouvoir pendant plusieurs années sous le clan Bongo, le Gal Nguema est passé à la lumière et entend occuper les devants de la scène politique un bon moment. Il s’était pourtant engagé à remettre le pouvoir aux civils. Cette promesse n’a malheureusement pas été tenue, ce qui donne du grain à moudre à une certaine opinion qui voit d’un mauvais œil sa candidature à la présidentielle. Les pourfendeurs du Gal Nguema trouvent d’ailleurs, que les nouveaux textes du pays ont été élaborés de sorte à favoriser sa candidature au scrutin d’avril prochain.
Ils n’ont pas tout faux. S’il n’échappe pas à l’adversité, l’ancien commandant de la Garde républicaine reste populaire auprès d’une frange importante de Gabonais, qui le perçoivent comme un sauveur. Le seul fait d’avoir mis fin à la dynastie Bongo réjouit encore une bonne partie de ses compatriotes, qui voteraient volontiers pour lui. En examinant d’ailleurs les forces en présence, le Gal Nguema, qui incarne une sorte d’espoir et de renouveau pour les Gabonais, a de fortes chances d’écraser la concurrence et de triompher dans les urnes. Sa promesse d’asseoir une gouvernance vertueuse, à travers la mise en place d’institutions crédibles, la lutte contre la corruption, le népotisme et l’impunité, résonne encore en écho dans les oreilles de nombre de ses compatriotes qui lui font confiance pour changer le destin du Gabon. Les arrestations de plusieurs dignitaires du régime Bongo pour détournement de deniers publics sonnent comme un signal de la volonté du Gal Nguema de gouverner autrement, ce qui contribue à renforcer la confiance placée en lui.
Le président de la Transition gabonaise est donc en terrain plus ou moins conquis, au point qu’il serait étonnant de ne pas le voir sortir maitre des urnes à l’issue de la présidentielle du 12 avril prochain. Même si le dernier mot revient aux électeurs, tout semble rouler pour lui : le contexte de soif de changement, sa volonté de diriger le pays dans la rigueur, l’espoir qu’il suscite auprès de ses compatriotes… Tourner définitivement la page de la dynastie des Bongo est une aspiration profonde qui place incontestablement le Gal Nguema en pole position pour le combat dans les urnes.
Kader Patrick KARANTAO
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