Érigée en 1963 puis abolie en 2010 par loi N°3/2010 promulguée le 15 février 2010, la peine de mort est de nouveau au sujet des discussions des gabonais et gabonaises de tout le pays. En effet, déplorant une recrudescence des crimes à caractère rituel, voire la hausse des féminicides avec des méthodes tout aussi crapuleuses, les populations sont ouvertes à l’idée d’exécuter certains criminels.
Arrivés à la tête du pays suite au coup d’État du 30 août 2023, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) s’est engagé à mettre en musique les aspirations du peuple longtemps bafouées par le système Bongo PDG qui n’en faisait qu’à sa tête. Preuve en a été faite avec la tenue d’un dialogue national inclusif. Seulement, en marge de ces assises, il est soulevé une problématique cruciale qui devra être tranchée avant que le pire n’arrive.
Justice populaire ou retour de la peine de mort
La mise en ligne d’un article sur une femme égorgée et démembrée à Dragages a réveillé en certains Gabonais le désir de sanction. Pour la majorité des internautes ayant commenté cette triste information, il est plus qu’indispensable que les auteurs de ce type de crime crapuleux soient sévèrement punis. Pour ces derniers, « ôter la vie de quelqu’un et se promener avec sa tête est la preuve qu’il y a de la fierté ». Un geste déplacé qui n’a pas tardé à faire réagir.
Y percevant une fierté malsaine, les lecteurs prescrivent de revenir à la peine capitale pour « ce type d’individus ». Une requête qui porte les germes de la loi n°21/63 du 31 mai 1963 portant code pénal. Laquelle prescrivait la peine de mort pour les auteurs de crimes de sang volontaires avec décapitation voire mutilation, les insurrections. Rappelons qu’en 1974, Dominique Mombo alias « le sadique de La Peyrie » avait été exécuté pour féminicide, ce qui avait eu une incidence sur la baisse dudit crime.
Attention aux décisions à convenance personnelle !
Si face à des crimes qui témoignent de l’inhumanité des auteurs de ces infractions il est évident que la réponse de la justice gabonaise devrait être adaptée à la singularité du crime, il est à veiller à ne pas transformer cette peine capitale en instrument de règlement de comptes comme ce fut le cas dans le passé sous Omar Bongo Ondimba. Et ce, avec l’affaire de Jean-Baptiste Medang Ovono, un individu atteint de démence et sourd-muet, condamné à mort pour n’avoir pas pu se défendre en un langage compréhensible.
Ce dernier aurait commis un crime mais n’a jamais été en mesure de donner sa version des faits. Que dire du cas du Capitaine Alexandre Mandja Ngokouta, en service dans l’Armée de l’air. Ce dernier avait été exécuté sur ordre d’Omar Bongo qui suspectait le jeune officier formé à Saint-Cyr de haute trahison et de tentative de coup d’État. Il sera exécuté le 11 août 1985 sans preuves palpables l’incriminant. Autant d’exemples qui requièrent une analyse profonde avant de procéder à un retour à la peine de mort.
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