On l’a vu chanter du rap, esquisser des pas de break dance, chauffer les foules… Le général Brice Clotaire Oligui Nguema a perdu sa rigidité militaire en quittant son uniforme pour briguer un mandat présidentiel de sept ans, 19 mois après avoir renversé la dynastie Bongo au Gabon.
Au terme d’une brève campagne menée au pas de charge, l’ancien chef des services spéciaux gabonais transmuté en « candidat du peuple » a obtenu 90,35 % des voix lors de la présidentielle de samedi, selon les résultats provisoires diffusés dimanche par le ministère de l’Intérieur.
Pays riche en pétrole, mais à l’économie faible
Celui qui fut l’aide de camp du patriarche Omar Bongo (1967-2009) jusqu’à sa mort en 2009 et fut nommé chef de la redoutable Garde républicaine par son fils Ali Bongo, avant de le renverser en août 2023, avait promis de rendre le pouvoir aux civils après deux ans de transition politique.
« Je suis Brice Clotaire Oligui Nguema, j’ai passé 28 ans de carrière militaire avec la discipline, l’ardeur au travail, l’amour pour la patrie et suite à vos appels j’ai renoncé à mon métier de militaire pour vous servir », a-t-il affirmé cette semaine en conclusion d’un débat inédit avec des journalistes sur la chaîne publique Gabon 24.
Le nouveau chef de l’État fait face à des attentes sociales très fortes dans ce pays riche en pétrole, mais économiquement exsangue, avec un taux de chômage des jeunes qui tourne autour de 40 % au total, et dépasse 60 % en milieu rural, selon les données officielles.
Accusé de poursuivre la politique des Bongo
Tout au long de la campagne, celui qui se revendique comme un « homme d’action » a promis au pays « l’essor de la félicité » s’il obtenait un mandat de sept ans avec le soutien de sa nouvelle plateforme, le « Rassemblement des Bâtisseurs ». « Nous sommes venus pour construire le pays, pour avancer », a-t-il dit lors d’un déplacement au centre du Gabon.
Selon lui, « le régime de transition a plus fait en 19 mois que le pouvoir précédent en 20 ou 40 ans », même s’il a reconnu sur Gabon 24 qu’il fallait encore renforcer les contrôles sur les dépenses publiques et « sévir fermement » contre la corruption.
Ses opposants, à commencer par Alain-Claude Bilie By Nze, son principal challenger pendant la présidentielle, l’accusent, au vu de ses fonctions passées auprès des Bongo, d’incarner la continuité du système et de vouloir confisquer le pouvoir.
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