«Joyeux dans l’espérance». C’est le thème qui a accompagné la 3ème édition des Journées diocésaines des jeunes (JDJ) du diocèse de Port-Gentil, au Gabon. Tenues du 15 au 21 juillet 2024, ces journées ont été une occasion pour Mgr Eusebius Chinekezi, l’ordinaire du lieu, d’inviter les jeunes de son diocèse «à demeurer unis au Christ et à vivre pleinement une foi dans l’Église qui permette aux uns et aux autres de témoigner de la présence du Seigneur dans leur vie».
Entretien réalisée par Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican
Le thème de l’espérance a été au cœur de la 3ème édition des Journées diocésaines des jeunes du diocèse de Port-Gentil, qui s’est clôturée dimanche 21 juillet 2024. Après avoir traversé une phase délicate marquée par le coup d’État militaire qui a renversé le 30 août 2023 l’ex-président Ali bongo, dont la victoire controversée à l’élection venait d’être annoncée, les jeunes continuent, en effet, de cheminer dans l’espérance, a souligné Mgr Eusebius Chinekezi, qui est également le président de la commission catholique de la jeunesse au Gabon.
Cette initiative, au niveau diocésain, a permis aux jeunes venus des différentes paroisses du diocèse de Port-Gentil, «de se retrouver et de voir comment marcher ensemble avec le Christ», au-delà des défis auxquels ils pourraient être confrontés. Dans l’entretien qu’il a accordé à Radio Vatican-Vatican News, Mgr Chinekezi, est revenu sur les objectifs de ces Journées diocésaines des jeunes et s’est exprimé sur l’implication des jeunes, dans leur diocèse, à la préparation au Jubilé de 2025. Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien.
Excellence, du 15 au 21 juillet 2024, se sont tenues, dans le diocèse de Port-Gentil, les JDJ. Pourriez-vous nous situer cet événement et nous expliquer quels en étaient les objectifs?
Nous rendons grâce à Dieu pour ce temps qu’il nous accorde pour vivre avec les jeunes du diocèse de Port-Gentil. Il s’agit pour nous d’aider ces jeunes à se tourner vers le Christ. C’est un modèle, je dirais, diocésain des «JMJ». Au niveau du Gabon, nous avons les «JNJ» sur le plan national, et les «JDJ» sur le plan diocésain, celles que nous avons donc organisées depuis le 15 juillet.
Il s’agit donc pour nous d’aider les jeunes, surtout ceux qui n’ont pas pu aller aux JMJ ni aux JNJ, de pouvoir nous retrouver et de voir comment marcher ensemble avec le Christ avec les jeunes de toutes les paroisses. C’est vrai que ce sont les vacances, mais nous avançons avec ceux qui sont là, et c’est ce que nous avons commencé à organiser pour donner à cette jeunesse des orientations claires pendant les vacances, et même au-delà des vacances.
Ces journées diocésaines se sont axées sur le thème «Joyeux dans l’espérance». Pourquoi le choix d’un tel thème, qui semble être en rapport avec celui voulu par le Saint-Père pour l’année jubilaire 2025?
Les JDJ ont un thème central, qui est «Joyeux dans l’espérance»; et puis, chacune des journées comporte un sous-thème précis, disons-le ainsi, par exemple la foi, les vocations, les métiers, etc. Alors, je ne sais pas si c’est une coïncidence, mais les jeunes ont préféré ce thème-là, que j’ai accepté pour plusieurs raisons: non seulement parce que, dans notre pays, nous venons de traverser une phase délicate qui appelle fortement à l’espérance, mais aussi parce que ces jeunes font partie de cette population qui doit avancer malgré tout ce qu’on a vécu, avancer vers le Christ, afin d’être ses témoins dans notre nation.
Les jeunes sont donc pleinement dans cette espérance, et c’est pour cela que je me suis rendu disponible pour être avec eux, afin justement de réfléchir sur cette espérance et sur leur engagement concret comme chrétien dans la société, «pour vivre pleinement une foi dans l’Église qui permette aux uns et aux autres de témoigner de la présence du Christ».
L’Église universelle se prépare au Jubilé ordinaire de 2025. Comment le diocèse de Port-Gentil s’y prépare également et quelle est l’implication des jeunes à ces préparatifs?
Pour le Jubilé 2025, il y a un comité «Jubilé 2025» qui est mis en place. Avec les vacances, c’est un peu restreint, mais à la rentrée pastorale, on va essayer d’étoffer un tout petit peu les équipes. Les jeunes sont déjà préparés à prendre part à ce grand rendez-vous. Ne serait-ce déjà sous la base de la synodalité, ils ont leur place et leur mot à dire. Au niveau des paroisses, les curés sont invités à intégrer réellement les jeunes dans leurs activités, qui leur offriront des plateformes où ils pourront s’exprimer librement pendant une semaine.
Il y a presqu’un mois, nous avons eu, sur le plan diocésain, une campagne d’évangélisation organisée par les jeunes, pour les jeunes. Et j’avoue que j’étais agrément surpris parce que ceux-ci ont agi correctement. Nous étions un peu à côté, j’étais observateur, je l’avoue, et ces jeunes ont, de bout en bout, géré cette campagne d’évangélisation en accueillant tous ceux qui venaient, croyants et non-croyants, en préparant les thèmes et les témoignages. Et donc, je pourrais dire que les jeunes du diocèse de Port-Gentil sont conscients qu’ils ont leur place et qu’ils doivent agir.
Excellence, s’adressant aux jeunes de votre diocèse, quels sont, selon vous, les défis qui demanderaient plus d’attention de leur part et aussi de celle de l’État. Et dans quelle mesure l’Église et l’État pourraient les accompagner?
Il faut avouer, et la vérité est bonne à dire, que beaucoup d’efforts ont été fournis. Sur place ici, à Port Gentil, nous avons organisé des campagnes de sensibilisation par rapport aux addictions, à la drogue, à l’alcool, à la violence. Et l’Église s’y est fortement impliquée. Nous avons organisé nous-mêmes des séances dans nos établissements pour sensibiliser nos élèves, et ensuite avec les autorités gouvernementales au niveau de Port-Gentil, sans oublier les services sociaux avec la police. Je crois que c’est positif pour notre pays, même si le mal n’est pas encore éradiqué. Nous avons réfléchi donc pendant ces journées qui se sont déroulées, sur les addictions.
En outre, je pourrais dire que l’État fournit d’énormes efforts vis-à-vis des jeunes, et il faut les reconnaître. Par exemple, les bourses scolaires ont été rétablies, et les parents, tout comme les jeunes, sont satisfaits. Cela représente, en effet, une aide pour eux parce que la vie est chère au Gabon; et quand on a un peu d’argent qui entre par biais-là, ce n’est pas rien. Il y a également plusieurs concours qui sont organisés, pour aider les jeunes à s’orienter dans certaines formations.
Mgr Eusebius, quel a été le message d’espérance que vous avez lancé aux jeunes de votre diocèse venue pour ces journées diocésaines?
Le message central est celui de se prendre en charge parce qu’en tant que chrétien catholique, les jeunes ont le devoir de témoigner du Christ. Et quand on est témoin, on ne doit pas avoir peur de demeurer dans la vérité. Ce message rejoint aussi le thème de cette année pastorale: «Vous connaîtrez la vérité, la vérité vous rendra libre».
Ainsi, nous avons demandé à ces jeunes de savoir repérer dès maintenant ce qu’ils ont à rendre comme service dans leur diocèse. Et c’est l’engagement dont ils doivent faire montre en tant que baptisés dans cette église pour que cette dernière continue sa mission. Donc, cette année, nous avons essayé de les booster pour qu’ils soient mieux préparés à affronter les événements de la vie parce que lorsque nous avons parlé d’évocation, il fallait faire clairement le lien entre les sacrements d’initiation et les sacrements de service puisqu’après l’initiation, il faut vivre, passer à l’action, au vécu quotidien de notre être chrétien.
Un dernier mot
En tant que responsable de la commission qui est en charge de la jeunesse au Gabon, j’invite mes confrères évêques, les prêtres, les religieux et religieuses, à tendre plus la main aux jeunes et à aller vers eux. C’est à nous, en effet, d’aller vers eux pour essayer de comprendre ce qu’ils vivent, les écouter et leur prodiguer des conseils appropriés pour qu’ils aient la lumière de l’Évangile. Quand les jeunes se conseillent entre eux, ça ne donne pas toujours de bons résultats. Il faudrait dès lors que les agents pastoraux, qu’ils soient consacrés ou laïcs, se mettent à leur disposition pour les aider à mieux accueillir le Christ, afin de mieux faire face aux défis dans ce monde. D’où il faudrait marteler sur un point important: la formation de nos jeunes.
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