Gabon/Rebuts ferreux et non ferreux: Les contre-vérités d’Ernest Ndong Nguema

Ernest Ndong Nguema, jadis à la tête de la direction générale des hydrocarbures, a décoché le 18 mars 2025 une salve acerbe contre Marcel Abeke, son ancien supérieur hiérarchique, dans les colonnes du périodique « Gabon Aujourd’hui ». Cette diatribe véhémente, axée sur l’attribution controversée du marché des rebuts ferreux et non ferreux à la société FOBERD GABON, constitue l’apogée d’une animosité larvée entre les deux protagonistes.

Rebuts ferreux et non ferreux, polémique stérile d’Ernest Ndong Nguema

Une vindicte personnelle déguisée en révélation

À l’orée de l’élection présidentielle du 12 avril prochain, certains médiums se métamorphosent en tribunes de règlements de comptes personnels plutôt qu’en vecteurs d’information objective. « Gabon Aujourd’hui » s’est ainsi fait l’écho complaisant des récriminations d’Ernest Ndong Nguema, empreintes d’une xénophobie à peine voilée, accusant péremptoirement le ministre du Pétrole d’avoir octroyé le lucratif marché des rebuts métalliques à une entité camerounaise.

Ces allégations fallacieuses dissimulent mal l’amertume d’un homme qui, après avoir refusé la direction de la Gabon Oil Company, a préféré s’éclipser vers les États-Unis, nourrissant une rancœur tenace envers celui qu’il considère comme l’artisan de son départ précipité.

Le parcours équivoque d’un prétendu réformateur

L’intronisation d’Ernest Ndong Nguema dans l’appareil gouvernemental post-putsch du 30 août 2023 s’inscrivait dans la volonté du président Brice Clotaire Oligui Nguema d’impliquer la diaspora gabonaise dans la refondation nationale. Cependant, contrairement à l’image soigneusement façonnée d’un expert pétrolier chevronné, Ndong Nguema se trouvait en réalité sans emploi lors de sa nomination.

Son passage éphémère au ministère fut marqué par une insubordination chronique, s’affranchissant ostensiblement de la hiérarchie administrative pour s’adresser directement au président de la Transition ou à son Conseiller spécial, Arnauld Calixte Engandji-Alandji.

La duplicité dévoilée

Un épisode particulièrement révélateur de sa duplicité concerne précisément ce marché des rebuts métalliques qu’il prétend aujourd’hui défendre contre les intérêts étrangers. Selon des investigations menées par le journaliste Chamberland Moukouama, Ndong Nguema aurait lui-même constitué, via un prête-nom apparenté, une société dédiée au commerce de ces mêmes rebuts, dûment enregistrée auprès de l’Agence Nationale de la Promotion des Investissements du Gabon (ANPI-Gabon).

Cette manœuvre subreptice fut mise au jour dans une série de reportages diffusés sur les réseaux sociaux, faisant voler en éclats le personnage du justicier incorruptible qu’il s’évertuait à incarner.

La réforme substantielle du secteur des rebuts

Depuis l’avènement du nouveau régime, le secteur des rebuts métalliques connaît une restructuration fondamentale. Antérieurement gangréné par des pratiques illicites d’exportation frauduleuse, il fait désormais l’objet d’une réglementation plus rigoureuse.

L’administration du Commerce a adopté une posture restrictive, n’accordant que quatre autorisations d’exportation depuis août 2023, exclusivement à des entreprises détenues par des nationaux. Cette politique promeut l’émergence d’opérateurs locaux capables de s’imposer sur le marché international tout en générant des emplois endogènes.

FOBERD-Gabon : au-delà des controverses

Contrairement aux accusations infondées, FOBERD-Gabon s’inscrit dans une dynamique de valorisation locale des ressources, transformant les rebuts métalliques en produits finis tels que le fer à béton. Une étude indépendante de l’Université Omar Bongo, publiée en septembre 2024, démontre que cette transformation locale génère une valeur ajoutée 3,7 fois supérieure à celle de l’exportation brute, bénéficiant directement à 47 PME gabonaises.

Le ministère du Pétrole a d’ailleurs clarifié la situation dans un communiqué officiel du 12 janvier 2025 : « Les opérateurs nationaux conservent un droit d’exportation, sous réserve de satisfaire préalablement un quota minimal d’approvisionnement du marché local. Cette disposition réglementaire infirme catégoriquement les allégations de monopole et confirme notre engagement envers l’équilibre entre intérêts nationaux et attractivité des investisseurs. »

L’impératif d’un débat économique constructif

À l’approche du scrutin présidentiel, les citoyens gabonais aspirent légitimement à un débat économique constructif, fondé sur des faits tangibles plutôt que sur des invectives ad hominem. L’enjeu fondamental consiste à élaborer des cadres réglementaires rigoureux, transparents et équitables, conjuguant harmonieusement l’attraction des capitaux étrangers avec la promotion des acteurs économiques locaux.

Le cas FOBERD-Gabon illustre parfaitement ce dilemme : comment optimiser la valeur ajoutée nationale sans compromettre la compétitivité des entreprises ? La réponse réside certainement dans une approche pragmatique, dénuée d’antagonismes simplistes entre intérêts nationaux et étrangers.

Marcel Abeke, vilipendé injustement, n’a nullement favorisé un opérateur camerounais au détriment des entreprises gabonaises. Au contraire, les rebuts métalliques sont prioritairement cédés à des PME locales, lesquelles se sont engagées contractuellement à les revendre à FOBERD-Gabon pour la fabrication de matériaux de construction essentiels au développement infrastructurel du pays.

En définitive, cette polémique artificielle révèle moins les dysfonctionnements d’un système que l’amertume d’un homme dont les ambitions personnelles ont été contrariées. Les Gabonais méritent mieux que ces querelles byzantines à l’heure où leur pays s’efforce de tracer une nouvelle trajectoire économique.

Par Anne-Marie DWORACZEK-BENDOME | Journaliste indépendante | 21 mars 2025

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