Gabon: un festival de films pour redonner vie à un 7ème art agonisant

Placé sous le thème «Cinéma et liberté», la première édition du festival international de films de Libreville met en projection 13 œuvres africaines dont 6 produites localement par des Gabonais. Le comité d’organisation de l’événement a posé ses valises sur ce nouveau site, la Baie des rois, attractif de Libreville avec la promesse d’en faire l’une des activités majeures de l’agenda culturel annuel du Gabon.

«C’est bon pour le pays d’avoir des événements culturels. Parce qu’aller au cinéma c’est une activité saine et ludique aussi. En même temps, on en profite pour s’informer, s’éduquer et se sensibiliser soi-même. Tous les soirs, il y aura des projections de films. Et tous les matins y aura des masterclass…», explique Pauline Mvélé Nambané, directrice du festival.

Le Festival international de films de Libreville intervient dans un contexte de crise de production cinématographique locale. De 1925, date de la naissance du cinéma gabonais à nos jours, le pays compte à peine une trentaine de films. Pour Noël Boudzanga, conférencier et co organisateur du festival, il y a un réel défi à relever pour sortir le secteur des sentiers battus. «À Libreville, il n’y avait pas de rendez-vous pareil. Il y a déjà eu le projet des escales documentaires qui n’a pas prospéré. Dans le marché africain de la culture, Libreville n’était pas une adresse. On a donc l’ambition de faire de Libreville un lieu que l’on fréquente une fois l’an pour suivre les films africains», a-t-il déclaré.

Quelques grandes figures du cinéma africain participent à cette première édition riche en émotions, d’hommages, de passions et d’enthousiasme en perspective. C’est le cas de Rasmané Ouédraogo qui enregistre au compteur une cinquantaine de productions.

Le réalisateur Burkinabé est à Libreville pour partager son expérience avec la communauté des professionnels du septième art gabonais. «Ceux qui ont eu l’idée de ce festival sont à féliciter. Notre recette en matière de production de films c’est d’avoir compris que la culture est importante. Elle est source de tout. Pendant longtemps on s’est trompé en se focalisant sur l’économie. Mais l’économie doit servir l’homme culturel», a-t-il expliqué.

Cette déclaration a tout son sens dans un Gabon où la désaffection entre le public et la culture reste d’une imparable évidence. La preuve, les premiers jours du festival ont peiné à mobiliser des foules. Kopa de Chany est une cinéphile nostalgique d’une époque des salles de cinéma Gabonais aujourd’hui fermées.

«Ça fait un loisir. Depuis que le Komo est fermé (Salle de Cinéma), le cinéma ne court plus les rues. Du coup, c’est un privilège d’avoir une projection de ce genre», dit-elle, toute sourire. Les séances de projection seront suivies de débats avec le public. Une démarche offrant ainsi une occasion unique d’échanger et de réfléchir sur les thématiques abordées à l’écran.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)

Le 30/06/2024 à 17h27

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