Gabon: Wongo, le guerrier anti-colonial magnifié par général Oligui Nguema

Considéré comme une icône de la lutte contre les colons, à la fin des années 1920, le guerrier Wongo mena une révolte du peuple Awandji dans la région de Lastourville, dans le centre du Gabon. Une figure patriotique aujourd’hui honorée par les militaires au pouvoir et les autorités de la transition.

De notre envoyé spécial de retour de Lastourville,

Actuellement emballée dans l’attente de sa réhabilitation, voilà 20 ans que la statue du guerrier Wongo, armé de son fusil, trône sur le rond-point de la mairie de Lastourville, au Gabon. Il y a près d’un siècle, c’est sur les collines, à une trentaine de kilomètres, que ce notable fédérait les Awandji contre l’administration coloniale qui exigeait, en plus des taxes, des livraisons obligatoires au marché de la ville. Enseignant originaire de la région, comme la présidente du Sénat Paulette Missambo dont il est le collaborateur, Jean-Paul Tiri a travaillé sur l’histoire de Wongo :

« Il a été taxé d’indiscipliné et c’est comme ça que l’administration coloniale avait ordonné son arrestation. Et c’est comme ça qu’il s’est organisé précipitamment avec les gens qui étaient autour de lui. Il a conçu une armée et a résisté contre l’administration coloniale. Il a été inventif. Il était presque quelqu’un d’invisible, en fait. »

Pendant un an et demi, les rebelles tiennent la dragée haute aux troupes coloniales. Ils creusent des tranchées dans les collines, emploient des méthodes de guérillas, utilisent les grottes de la région comme caches, rappelle Ulrich Shultz Bavekoumbou, originaire du même village et qui nous mène à celle de Ngongourouma, dans une zone inexpugnable : « C’est d’abord un lieu très caché. C’est un bunker naturel qui servait d’abri à la famille et à la descendance. Et lors de la guerre de Wongo, les familles se sont réfugiées dans ces grottes parce qu’on trouvait l’alimentation pour se nourrir. »

Symbole d’une région

La répression est brutale. Wongo finit par se rendre en août 1929. Il meurt lors de sa déportation vers Bangui. En mai 2024, le général Oligui Nguema vient à Lastourville lui rendre hommage et promettre la rénovation de la statue. Un motif de fierté pour Jean-Paul Tiri : « Parce qu’il symbolise toute une région, tout un pays et que nous sommes fiers d’avoir pu l’immortaliser par cette stèle. Il y a eu effectivement des ouvrages là-dessus, et l’histoire de Wongo a été contée pour les plus jeunes. Ce que l’on souhaite à travers cette statuette, c’est perpétuer cette figure emblématique. »

Mais la mise en avant du guerrier Wongo n’est pas neutre. Le sociologue Joseph Tonda y voit un moyen, pour le chef de la transition, de revendiquer une filiation : « Cet épisode est très intéressant parce qu’il renvoie aux schèmes de pensée selon lequel nous ne sommes pas des nuls. On a lutté pour sauvegarder notre identité, défendre notre culture. La deuxième dimension, c’est l’identification au héros. Donc, c’est lui. »

Plusieurs organisations gabonaises appellent à une réappropriation de l’histoire et à la mise en valeur de figures nationales comme Wongo ou Emane Ntole en pays Fang.

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