Ghana : le Comité de politique monétaire relève le taux directeur à 28%

Le Comité de politique monétaire (MPC) de la Banque du Ghana a décidé, à la majorité, de relever son taux directeur de 100 points de base pour le porter à 28%.

Outre cet ajustement, la Banque met en œuvre des mesures complémentaires pour renforcer la gestion de la liquidité et améliorer la transmission de la politique monétaire.

Le Dr Johnson Asiama, Gouverneur de la Banque du Ghana, a annoncé l’introduction d’un instrument financier de 273 jours pour étoffer la panoplie d’outils existante.

Le Gouverneur s’exprimait lors du point de presse du 23ᵉ Comité de politique monétaire à Accra, vendredi.

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Il a précisé que la Banque renforcerait également le suivi des Positions Nettes Ouvertes (PNO) des établissements bancaires pour garantir leur conformité, tout en réexaminant la structure actuelle du Ratio de Réserves Obligatoires (CRR) afin d’évaluer son impact global sur les conditions de liquidité et l’intermédiation financière dans l’économie.

Il a ajouté qu’une fois l’inflation solidement ancrée, le Comité réévaluerait la possibilité d’un assouplissement graduel de la position monétaire.

Le Comité a observé que l’environnement mondial s’est complexifié, marqué par des incertitudes commerciales et de politique économique. Les annonces successives de tarifs douaniers par l’administration américaine pourraient, selon lui, avoir des effets négatifs sur l’économie mondiale. La persistance de ces vents contraires externes risquerait de se répercuter sur l’économie nationale via les canaux commerciaux et financiers, nécessitant une politique proactive.

Sur le plan domestique, les premiers indicateurs suggèrent une amélioration des perspectives de croissance. L’Indice Composite des Conditions Économiques Actuelles (CIEA) de la Banque a rebondi, et l’Indice des Directeurs d’Achats (PMI) du Ghana a dépassé le seuil de 50 en février, signalant une hausse des commandes passées aux entreprises.

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« La confiance des entreprises et des consommateurs s’est redressée, et la croissance du crédit au secteur privé reprend. Ces évolutions dessinent un horizon positif pour l’économie », a-t-il déclaré.

Le Dr Asiama a souligné que les perspectives du commerce extérieur restent solides, grâce à la hausse des exportations aurifères portée par le programme d’échange or contre réserves, la croissance continue des transferts de fonds des migrants, et l’engagement envers les réformes du programme du FMI. L’accumulation de réserves de change devrait soutenir la stabilité de la monnaie.

Le secteur bancaire demeure globalement stable, bien que les risques de crédit restent élevés, comme en témoigne la progression des ratios de prêts non performants. La dernière évaluation prudentielle de la Banque indique toutefois une atténuation des risques systémiques, grâce à une amélioration des ratios de solvabilité, de liquidité, d’efficience et de rentabilité.

« La Banque continuera de surveiller de près les établissements sous-capitalisés pour préserver la stabilité du secteur », a-t-il assuré.

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Le Comité a noté que la politique budgétaire expansionniste de 2024 a généré des impulsions fiscales significatives et un excès de liquidités nécessitant un pilotage prudent. Des conditions qui pourraient compromettre le processus de désinflation.

« Bien que le gouvernement affiche un engagement ferme en faveur de l’assainissement budgétaire, une rigueur monétaire reste nécessaire », a-t-il ajouté.

Si l’inflation globale a légèrement diminué, elle demeure préoccupante : les prix alimentaires et non alimentaires dépassent largement les attentes, et l’inflation sous-jacente reste élevée.

Le Gouverneur a rappelé que la persistance des pressions inflationnistes, en partie liée à des erreurs de politique budgétaire et monétaire passées, exige un recalibrage pour relancer la désinflation.

« Rétablir la stabilité des prix nécessitera un resserrement monétaire, une gestion rigoureuse des liquidités, et l’adhésion au budget 2025, qui vise à relancer la consolidation fiscale », a-t-il conclu.