Publié le 19 juillet 2024
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Friande du pouvoir pyramidal hérité du monde coutumier et souvent résignée à un respect mielleux des officiels, l’Afrique n’est guère entrée dans l’ère « scandinave » qui consiste à voir un ministre circuler en vélo ou en transports en commun. À l’heure de la vague populiste virale, pourtant, les populations entendent mettre davantage au pas les usages ostentatoires des privilèges politiques.
Il y a quelques semaines, le ministre ghanéen du Gouvernement local, de la Décentralisation et du Développement rural introduisait un projet d’amendement à la loi de 2012 sur la circulation routière. L’objectif était d’offrir aux parlementaires, aux membres du gouvernement et à certains hauts fonctionnaires des avantages habituellement réservés aux véhicules prioritaires, comme les services d’urgences ou de police. Les chauffeurs des responsables politiques concernés auraient pu se libérer du carcan des limitations de vitesse, avec, en prime, des sirènes de nature à mettre la pression sur les usagers dans les embouteillages.
Fronde d’usagers
À l’ère 2.0, le projet d’amendement a rapidement suscité l’indignation des réseaux sociaux. Si les partisans de la réforme soulignent la perte de temps que représentent les embouteillages dans les agendas surchargés des responsables politiques et administratifs, les internautes considèrent que l’expérience des « bouchons » est tout à la fois une marque de solidarité des puissants et une source d’inspiration politique. Goûté par les happy few, le calvaire quotidien des citadins devrait inspirer de nouvelles stratégies dans la gestion des réseaux de transports.
Le 16 juillet dernier, le ministre Martin Adjei-Mensah Korsah retirait donc son amendement…
Le piège routier africain
Comme Acra, nombre de métropoles africaines connaissent une croissance exponentielle à laquelle les réseaux routiers ont du mal à s’adapter. En l’absence de transports en communs idoines, le nombre croissant de citadins et l’augmentation de leur taux de motorisation provoquent une congestion urbaine faite de pollution, de voiries dégradées et de véhicules aussi surchargés que déglingués.
Les politiciens ne sont pas les seuls à voir leurs activités pénalisées par les embouteillages. À mesure que les poumons urbains toussent, l’économie des agglomérations peine à optimiser ses objectifs. Les responsables politiques qui souffrent des contretemps imposés par un trafic routier trop dense devraient reconnaître que le confort moyen de leurs véhicules leur permet de travailler dans les embouteillages. À moins qu’ils ne décident de circuler en taxi-motos Okada…
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