Goma futur « place to be » en République démocratique du Congo?

L’Afrique veut rester arbitre de la crise congolaise: « Il a été humilié »

Kabila, l’ennemi juré

L’énigmatique Kabila ne donne pas précisément sa porte d’entrée en République démocratique du Congo, mais il ne fait guère de doute que l’homme devrait arriver à Goma, devenu le siège de l’Alliance fleuve Congo dirigée par l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) Corneille Nangaa, converti en chef rebelle.,

Les retrouvailles annoncées entre les deux hommes permettent au régime en place à Kinshasa de marteler un discours qui inonde les réseaux sociaux et qui fait de Joseph Kabila l’instigateur de l’AFC, ce que continue de nier catégoriquement l’ancien président de la République qui vit en exil depuis le mois de décembre 2023. À l’époque, à quelques jours de l’élection présidentielle et des législatives, le raïs avait réussi à disparaître de sa ferme de Lubumbashi sans que les autorités locales s’en aperçoivent, avant de réapparaître en Afrique du Sud où il poursuit un doctorat à l’université de Johannesbourg. Depuis cette date, Félix Tshisekedi, réélu pour son second mandat au terme d’un scrutin pipé de bout en bout, a élevé Joseph Kabila au rang de pire ennemi politique, l’accusant d’ourdir des plans de déstabilisation du pays.

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Le tour d’Afrique

Depuis qu’il a quitté la République démocratique du Congo, l’ancien président ne s’est pas contenté de se consacrer à ses études, il a multiplié depuis plus de deux ans les voyages sur le continent, surtout en Afrique australe, de Johannesbourg (Afrique du Sud) à Windhoek (Namibie) en passant par Harrare (Zimbabwe) ou Kampala (Ouganda), sans oublier notamment, un peu plus au nord, Lomé (Togo) ou Addis-Abeba (Éthiopie). C’est dans cette capitale éthiopienne, siège de l’Union africaine, qu’il a notamment rencontré en décembre dernier Moïse Katumbi, l’autre grand opposant politique du régime Tshisekedi. Les deux hommes, après quelques années de bouderies, s’étaient retrouvés une première fois en 2022 pour une réconciliation dans le Haut-Katanga sous l’égide de l’archevêque de Lubumbashi Fulgence Muteba, devenu depuis le président de la Conférence épiscopale du Congo (Cenco). Mais cette réunion d’Addis-Abeba des deux cadors congolais flanqués de leurs gardes rapprochées était surtout le premier signal d’une radicalisation de cette opposition politique face à la volonté affichée de Félix Tshisekedi de prolonger son séjour à la présidence en modifiant la Constitution qui, dans sa forme actuelle, limite à deux les mandats à la tête de l’État.

Depuis cette date, les deux hommes continuent de se parler et semblent s’être entendus pour se partager le travail de sape vis-à-vis du régime en place. Joseph Kabila poursuit ses entretiens diplomatiques avec les responsables africains, tandis que Moïse Katumbi, qui dispose d’excellentes entrées à Washington, gère le lobbying – toujours essentielle – auprès de la nouvelle administration Trump qui a multiplié l’envoi d’émissaires en Afrique centrale ces dernières semaines. Tous sont rentrés au pays avec la même analyse : le régime de Félix Tshisekedi n’est pas la solution pour l’avenir de la République démocratique du Congo et un passage en force pour rester au pouvoir pourrait définitivement déstabiliser ce géant d’Afrique. Les propos au vitriol de Ronny Jackson, élu du Texas au Congrès et ancien médecin de la Maison-Blanche, à son retour de Kinshasa ont démontré publiquement cette perception.

D’autres préparent leur arrivée

À Goma, des membres de l’AFC/M23 confirmaient ce jeudi : « on attend la venue de Joseph Kabila. On ne connaît pas son calendrier mais il est le bienvenu ». Sur les réseaux sociaux, la venue d’Antipas Mbusa Nyamwesi est aussi annoncée depuis quelques heures. « C’est un fake », explique un des proches de l’homme fort de l’ethnie nande du Nord-Kivu qui a toujours entretenu des relations très étroites avec le président ougandais Yoweri Museveni. « C’est prématuré, précise une autre source qui confirme que le patron du RCDK-ML et ancien ministre de l’Intégration régionale sous le précédent gouvernement congolais a quitté Kinshasa « pour se rapprocher de l’est du pays ».

« L’arrivée de Kabila devrait agir comme un appel d’air pour de nombreux mécontents du régime de Félix Tshisekedi. Le début de négociations directes au Qatar entre Kinshasa et l’AFC/M23 et le passage des émissaires américains ont fini de dédiaboliser l’AFC/M23, explique un diplomate qui dit s’attendre à une accélération des « visiteurs à Goma », présenté comme la future « place to be » en RDC dans les prochaines semaines.

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