GRAND REPORTAGE – « J’en ai tué au moins 15 » : en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les guerres tribales virent au bain de sang

Une équipe de TF1 s’est rendue au cœur de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans les Hautes-Terres où peu osent s’aventurer.
Dans ce territoire hors du temps et isolé des grandes villes, les affrontements tribaux sont rituels depuis plusieurs siècles.
Mais depuis que les armes à feu ont remplacé les arcs et les flèches, ils donnent lieu à de véritables massacres.

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Le 20H

La Papouasie-Nouvelle-Guinée tente de conserver ce qu’elle a de plus précieux : la mémoire vivante de ses quelque 1.000 tribus aux 860 dialectes peuplant la région des Hautes-Terres, au centre de ce pays tout à l’ouest de l’océan Pacifique, entre nature sauvage et volcans, à bonne distance des grandes villes, où une culture native a su conserver ses codes et ses mystères malgré l’influence du monde extérieur. Le grand reportage exceptionnel diffusé ce jeudi 2 mai dans le JT de 20H de TF1, à voir en tête de cet article, offre une immersion inédite dans ces traditions millénaires. Mais il lève aussi le voile sur un tragique signe des temps : l’arrivée récente des armes automatiques dans les conflits tribaux.

De prime abord, pourtant, ces luttes ont gardé leurs atours folkloriques. Les images de TF1 montrent ainsi une cérémonie durant laquelle les Hulis, appelés aussi « hommes-perruques », dansent vêtus d’ornements multicolores constitués de plumes d’oiseaux. Mais très vite, on retrouve ces villageois sur le sentier de la guerre. Une habitude quotidienne. « Ça ne date pas d’hier, nos anciens ont toujours combattu les uns contre les autres », confie l’un d’eux. Ici, l’armement est rudimentaire. Lances, massues, haches de pierre, arcs et flèches… Exactement comme leurs ancêtres. Seul le t-shirt « Avengers » de Marvel, porté par l’un de ces guerriers aux pieds nus, trahit une certaine modernité.

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Et c’est bien en quête de vengeance qu’ils arpentent la frontière de leur territoire à la recherche de leurs ennemis, cachés sur la colline d’en face. Comme souvent, un incident insignifiant a déclenché la vendetta : une dispute avec un membre de la communauté voisine en décembre, après laquelle des assaillants ont attaqué leur village en brûlant une quinzaine de maisons. Un affront qui n’a toujours pas été lavé depuis. La tribu réclame désormais un dédommagement d’une valeur de 70.000 euros. « Et s’ils ne payent pas, on attaquera et on prendra notre revanche », lance un belligérant. C’est-à-dire se servir et se faire justice eux-mêmes, en pillant ou en brûlant à leur tour les biens de l’ennemi. 

Un système de justice coutumière par compensation admis de longue date par les autorités du pays. Or, depuis plusieurs mois, ces conflits ont pris une ampleur inédite, et incontrôlable, dans la province d’Enga. De nombreux stigmates témoignent, dans les villages, d’affrontements où il n’est plus question d’arcs et de flèches. L’été dernier, des vidéos postées sur les réseaux sociaux montraient des jeunes brandissant des armes à feu comme des fusils AK47 et des M16, ainsi que des cadavres nus et mutilés traînés derrière un véhicule dans le district de Wapenamanda.

Papouasie-Nouvelle-Guinée : les dessous du grand reportage de TF1Source : TF1 Info

Le 18 février, une de ces batailles rangées a provoqué la mort de plus de 100 personnes en une après-midi. Les restes des victimes restent éparpillés en pleine nature. Certains cadavres ont été alignés au bord de la route. « J’en ai tué au moins 15 à moi seul », s’enorgueillit Stan, membre du clan Saorap, un regroupement de trois tribus. Ses compagnons et lui ont gagné, ce jour-là. Mais rien n’est réglé pour autant. « Des combats peuvent encore arriver à tout moment », avertit le chef.

De l’autre côté de la vallée, l’ennemi, retranché sur les hauteurs avec son arsenal militaire, est une alliance de 17 tribus. « Il n’y a pas de vainqueur pour l’instant, glisse un membre de cette communauté ayant subi de lourdes pertes. Moi aussi, j’ai tué beaucoup des leurs. Là, le gouvernement a mis en place un cessez-le-feu pour trois mois, on verra. » Un répit très incertain dans cette zone reculée où l’État n’est souvent qu’un concept abstrait, voire un autre clan rival lointain auquel on ne peut pas se fier. Parce qu’ici, toute perte humaine, toute destruction, nécessite compensation en nature


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Michel Scott, Antoine Pocry

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