Guerre au Soudan : Khartoum accuse les Émirats arabes unis d’être « le moteur » d’un « génocide »

Publié le 11 avril 2025

Lecture : 2 minutes.

Khartoum n’en démord pas, Abu Dhabi livre bien un soutien militaire aux rebelles des Forces de soutien rapides (FSR) dans l’actuel conflit au Soudan. Le « soutien apporté par les Émirats arabes unis […] aux FSR et aux milices qui y sont alliées reste le principal moteur du génocide perpétré par meurtres, viols, déplacements forcés, pillages », a lancé à la Cour internationale de justice (CIJ), jeudi 10 avril, Muawia Osman, le ministre soudanais de la Justice par intérim.

En attaquant les Émirats arabes unis devant la CIJ, le Soudan souhaite que les juges obligent le pays à cesser de soutenir les paramilitaires et lui ordonnent de procéder à des « réparations complètes », notamment en indemnisant les victimes de la guerre. Mais pour les Émirats, qui nient catégoriquement aider les FSR, cette assignation devant la Cour n’est qu’un « théâtre politique » pour détourner l’attention des efforts menés pour ramener la paix.


la suite après cette publicité


Des accusations « trompeuses »

« L’idée que les Émirats arabes unis sont en quelque sorte à l’origine de ce conflit déplorable au Soudan ne pourrait être plus éloignée de la vérité », a soutenu Reem Ketait, haute fonctionnaire émiratie, face à la Cour. « Cette affaire est l’illustration la plus récente de l’utilisation abusive par le requérant de nos institutions internationales pour attaquer les Émirats arabes unis ».

Émirats, Chine, Russie, Iran : qui fournit les armes de la guerre au Soudan ?

Pour la représentante du pays de Mohamed Ben Zayed (MBZ), les allégations soudanaises sont « au mieux trompeuses et au pire de pures fabrications ».

La CIJ, incompétente ?

En outre, les Émirats ont signé la convention sur le génocide en émettant une « réserve » à l’égard d’une clause clef qui permet aux pays de s’attaquer mutuellement devant la CIJ en cas de litige. Il est ainsi peu probable que la CIJ puisse trancher sur le cas du Soudan, comme le relève Michael Becker, expert en droit international au Trinity College de Dublin, dans un article publié sur le site spécialisé Opinio Juris. « Étant donné que les Émirats arabes unis ont émis une réserve sur l’article IX, lorsqu’ils ont adhéré à la convention sur le génocide en 2005, on peut s’attendre à ce que la CIJ conclue qu’elle n’est pas compétente pour juger ce différend », écrit-il.

« Il n’y a manifestement aucune base pour la compétence de la Cour dans cette affaire », a d’ailleurs bien souligné l’Émiratie Reem Ketait, qui a demandé que l’affaire soit rejetée et retirée.

Le bataillon de mercenaires colombiens au Soudan porte le nom de code « Loups du désert ». © Photo : La Silla Vacía

« Call of Duty » à El-Fasher : comment des mercenaires colombiens se sont retrouvés à se battre au Soudan

la suite après cette publicité


Khartoum avait fait valoir dans sa requête que la réserve émise par les EAU était « incompatible » avec l’objectif de la convention sur le génocide, qui met l’accent sur la responsabilité collective mondiale de prévenir ce crime contre l’humanité. Toutefois, si les décisions de la CIJ sont définitives et contraignantes, la Cour n’a aucun moyen concret de les faire respecter.

En marge de l’audience devant la CIJ, les FSR ont annoncé, jeudi 10 avril, avoir pris le contrôle de la ville d’Um Kadadah, située sur la route menant à El-Facher, dernier chef-lieu du Darfour-Nord encore sous le contrôle de l’armée régulière.


la suite après cette publicité


(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.