Guinée-Bissau : Embalo évoque ses relations avec les pays de l’AES et s’attarde sur le Mali et Goita
Umaro Sissoco Embalo, lors de l’nterview (ph 2STV)
Le Président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, est revenu sur ses relations avec les pays de l’Alliance du Sahel (AES) au moment où il présidait la CEDEAO et s’est attardé sur le Mali et les causes du second coup d’Etat du Général Assimi Goita.
Embalo a levé le voile sur ses relations avec les pays de l’AES à la faveur d’un entretien exclusif qu’il a accordé à Bissau à 2STV une télévision privée sénégalaise.
Interrogé sur le rôle que la Guinée Bissau a joué sous son impulsion dans la consolidation de la paix et la résolution des crises en Afrique de l’Ouest, l’ancien Président en exercice de la CEDEAO, du 03 juillet 2022 au 09 juillet 2023, s’est focalisé sur ses missions de bons offices au Mali, au Burkina-fais et au Niger.
Revenant sur le bilan de ses actions, Embalo a, d’entrée de jeu, précisé avoir pris la présidence en exercice de la CEDEAO peu après le premier coup d’Etat intervenu au Mali le 18 août 2020.
Initiatives au Mali
Dans un souci de prendre langue avec les nouvelles autorités du Mali, Embalo a déclaré qu’après le premier coup d’Etat du Général Assimi Goita, il s’est personnellement rendu à Bamako au moment où le Président de Transition à l’époque, Bah N’Daw, devrait prêter serment.
Sur ce voyage solitaire, Embalo a reconnu « Quand je suis parti là-bas, beaucoup de chefs d’Etat n’étaient pas contents mais je leur avais dit que le Guinée-Bissau est souveraine ». Pour l’intérêt particulier accordé au Mali, Embalo a évoqué les relations parentales qui le lient à ce pays et a même révélé que son nom Sissoco a sa source au Mali. Pour soutenir son argumentation, il a déclaré que sa mère est d’origine malienne et qu’il a des frères au Mali.
Raisons du deuxième coup d’Etat
Sur la cause qui aurait motivée le second coup d’Etat le 24 mai 2021 au Mail, Emballo a avancé des raisons dues à un limogeage unilatéral dans le gouvernement par le Président de la Transition coopté.
Sur les causes du renversement du Président de la Transition par les militaires, le Président de la Guinée-Bissau a fait savoir que « Je vais vous révéler un secret que je n’ai jamais dévoilé. Quand le Président de la Transition Bah N’Daw a décidé de changer les ministres de l’Intérieur et de la Défense, Goita qui était à l’époque le Vice-président m’a appelé et m’a dit grand-frère dit à notre papa de ne pas changer les ministres de la Défense et de l’Intérieur ».
Sur cette affaire, Embalo a révèle que Goita l’a prié de dire à Bah N’Daw que sa démarche n’est pas bonne « car c’est nous qui avions fait le coup d’Etat et on l’a appelé pour être le Président de la Transition ».
Après avoir transmis le message de Goita, Bah N’Daw ne semblait pas l’accepter. Après une deuxième tentative pour convaincre Bah N’Daw, Embalo a fait savoir que « j’ai dit à Goita, faites ce que vous voulez, je n’arrive pas à le convaincre ». C’est à partir de cette intransigeance dira-t-il que le nouveau coup d’Etat qui n’était pas dans l’intention des jeunes militaires est intervenu pour mettre Bah N’Daw à la touche. Par la suite, Embalo se rendra encore seul au serment de Goita.
Froid entre Goita et Embalo
Suite à la prise en main effectives des affaires par Goita, pour une raison ou pour une autre, Embalo dira que « Ça me peine aujourd’hui que nos relations soient refroidies ».
Sur le nœud du problème qui aurait refroidi sa relation avec son homologue malien, Embalo a révélé avoir suggéré à Goita de libérer ou de gracier l’ancien Premier ministre sous IBK, Boubèye Maïga, mais que son interlocuteur a estimé que ce cas relève de la compétence de la justice. En tirant des leçons de cette réponse, Embalo dira que « C’est depuis lors que moi, je l’ai mis à côté parce que ça me fait de la peine car je le prenais comme mon jeune frère, eux tous ».
Avec le temps qui s’écoule, le jeune Général bissau-guinéen à la retraite a conclu sur ce chapitre que « Aujourd’hui, il y a des gens qui les soutiennent, mais je suis le premier à la soutenir, le premier à me déplacer à deux reprises au Mali dans les moments les plus critiques au moment où tout le monde me critiquait. On ne peut pas forcer nos relations, je ne peux pas me mêler dans les affaires internes du Mali ».
Burkina-Faso, Damiba sauvé
Pour le bilan de sa présidence à la CEDEAO, Embalo a parlé du Burkina-Faso surtout sur le dénouement pacifique du coup d’Etat qui a renversé en septembre 2022 le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Sur l’issue de ce coup, Embalo a clarifié que lorsque les militaires ont encerclé la maison de Damiba, le Capitaine « Ibrahim Traore m’a appelé en me disant grand frère, il faut qu’il sorte parce que nous ne voulons pas une effusion de sang. S’il veut aller à l’aéroport, rien ne lui arrivera ».
Ayant compris que la situation a tourné en défaveur de Damiba sur le terrain, Embalo a précisé que « j’ai appelé Damiba en lui disant qu’il faut que tu partes parce que les jeunes militaires m’ont fait part de la situation réelle au Burkina. C’est comme ça que Damiba est parti. Voilà comment j’ai été utile ».
Prise de contact au Niger
Pour ce qui est du cas de ce troisième pays de l’AES, le Président de la Guinée-Bissau a reconnu avoir joué sa partition quand bien même qu’il n’avait pas de liens directs avec les nouvelles autorités militaires à Niamey.
Sur les initiatives prises au Niger en tant que le Président en exercice d’alors de la CEDEAO, Embalo a expliqué « La seule personne avec qui je n’avais pas de relation directe, c’est [le Général Abdourahamane] Tiani mais après on a parlé au téléphone car je connais très bien son actuel Premier ministre ».
En somme, sur les coups d’Etat intervenus dans les trois pays de l’AES, le Président Umaro Sissoco Embalo a mis au point que les gens doivent comprendre que « moi je suis un républicain, je ne pas appuyer des coups d’Etat. J’ai été un militaire, j’’ai passé 32 ans au sein des Formes armées jusqu’au grade de Général d’armée avant de devenir un Président ».
Mensah,
Correspondant permanent de KOACI au Ghana, Togo et Nigeria
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