Dans le souci d’apaiser le pays sur lequel plane désormais l’ombre d’un chaos politique, la Communauté Économique Des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a dépêché une délégation dont le but était d’organiser des pourparlers, du 21 au 28 février, entre les différents acteurs de la classe politique bissau-guinéenne. Mais celle-ci a été déclarée persona non grata par le chef d’État.
[par Grégoire Blaise Essono, publié le 19/03/2025]
Composée des membres de la CEDEAO et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et du Sahel (UNOWAS), la délégation affirme avoir été reçue par le président Umaro Sissoco Embalo, mais qu’elle a aussi rencontré les autres membres de la classe politique guinéenne à savoir divers responsables politiques, les autorités électorales, la société civile et certains partenaires internationaux.
Selon nos confrères du quotidien Le Monde, cette rencontre avec les leaders politiques visait à leur présenter un projet d’accord pour la tenue des élections législatives et présidentielles que la mission avait en amont préparé, afin d’obtenir leur consentement.
Dans un communiqué qui ne dévoile pas le contenu dudit projet, mais frappé du sceau du chef des médiateurs de la région d’Afrique de l’Ouest, Bagudu Hirse, la mission déclare avoir quitté précipitamment Bissau, samedi le 1er mars au petit matin, à cause des menaces d’expulsion proférées par le chef d’État à son encontre.
Si ce petit pays d’Afrique de l’Ouest d’à peine deux millions d’habitants est aujourd’hui au bord de l’embrasement, c’est à cause de son président. En effet, Umaro Sissoco Embalo est arrivé au pouvoir en février 2020 par une élection controversée, contestée par la majeure partie de la classe politique adverse.
Lors des législatives de 2023, l’opposition rafle la majorité des sièges à l’Assemblée nationale grâce à la coalition de la plate-forme de l’alliance inclusive TERRA-RANKA. Mais en décembre 2023, le président dissout l’Assemblée et éjecte ainsi l’opposition de l’échiquier politique.
Ayant ainsi accusé le coup et se sentant désormais à la lisière de son pouvoir, il use d’autres subterfuges pour consolider son fauteuil. En 2023, suite à des affrontements entre la garde présidentielle et l’armée, qu’il qualifie de coup d’État, il dissout le Parlement. Par la suite, il déclare qu’il ne sera pas candidat pour un second mandat à venir.
Mais au grand dam de l’opposition, alors que son mandat devrait prendre fin le 27 février, la cours suprême a prolongé celui-ci jusqu’au 4 septembre. D’où la colère de l’opposition telle que mentionne Zonedebourse dans un article publié le 2 mars : « Un différend sur la date de fin du mandat présidentiel de M. Embalo, qui a commencé en 2020, a exacerbé les tensions qui risquent de provoquer des troubles dans un pays qui a connu des coups d’État militaires dans le passé. L’opposition politique de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest estime que le mandat de M. Embalo aurait dû expirer la semaine dernière, alors que la Cour suprême de justice a statué qu’il se terminait le 4 septembre. »
Après un bref séjour à l’étranger, où il a rencontré le président russe monsieur Vladimir Poutine, Umaro Sissoco Embalo, de retour le 3 mars à Bissau, a annoncé sa candidature pour les prochaines élections présidentielles tout en assumant le départ de la délégation de la CEDEAO.
Ancienne colonie portugaise, la Guinée Bissau est indépendante depuis 1974 et son histoire est jalonnée de coups d’État. D’où la pression sur la CEDEAO d’éviter un autre basculement de ce type. Ainsi, avant de quitter le territoire, l’Organisation a exhorté les différentes formations politiques à préserver la paix pour la stabilité du pays.
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