Guinée, l’analyste de « Nova » : Les coups d’État sont l’affirmation militaire d’un droit au pouvoir
La série de coups d’État en Afrique constitue, pour les militaires qui ont pris le pouvoir dans de nombreux pays du Sahel, un défi direct à la gouvernance démocratique dirigée par les civils. Le journaliste et analyste politique sénégalais a déclaré à « l’Agence Nova » Abdoulaye Timera, soulignant que ces coups d’État, d’une part, s’appuient sur un long héritage de régime militaire et, d’autre part, reflètent les efforts des armées africaines pour affirmer ce qu’elles perçoivent comme leur droit au pouvoir. La Guinée a été le premier pays d’Afrique francophone à obtenir son indépendance en 1958 et pourtant, c’est aujourd’hui un pays sans institutions fortes, gouverné depuis le 5 septembre 2021 par une junte militaire dirigée par un ancien légionnaire de l’armée française, le colonel Mamadi Doumbiya. En Guinée, le coup d’État s’est produit à un moment où le pays traversait une série de crises, notamment économiques et politiques et, comme cela s’est produit dans de nombreux pays africains, il a une longue histoire d’instabilité politique en raison de la mauvaise gestion de ses élites.
« De 1960 à aujourd’hui, si l’on regarde la situation en Guinée après Sékou Touré (le président qui a gouverné le pays de 1958 à 1984), à sa rupture avec la France, à son refus de faire partie de la communauté française, tout cela a cela a entraîné un retard », a expliqué Timera, rappelant qu’après Touré, les militaires Lansana Konté sont arrivés au pouvoir, renversant le président par un coup d’État. Louis Lansana Beavogui. Entre ces deux périodes cruciales, observe Timera, la Guinée « a connu une période d’instabilité ». Aujourd’hui, a encore expliqué l’analyste, Conakry ne dispose pas d’institutions fortes, capables de résister aux chocs politiques, économiques et sociaux. « C’est un pays dans lequel un seul homme décide de tout : en d’autres termes, il monopolise les trois pouvoirs qui lui sont conférés. Il n’y a pas de séparation des pouvoirs entre exécutif, judiciaire et législatif, malgré la séparation formelle écrite sur papier. » Et cela, commente Timera, est vrai bien que la Guinée soit le premier pays africain francophone à obtenir son indépendance, en 1958. Pour l’analyste, la Guinée a également été victime de son passé anticolonial, comme l’a déclaré le président Touré lui-même le jour de la proclamation de l’indépendance. Conakry dit alors « non » au projet de « communauté franco-africaine » du président français Charles de Gaulle, déclarant : « nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage ».
Une phrase, commente Timera, qui « restera à jamais dans les annales des relations franco-guinéennes et a coûté cher à la Guinée », poussant Paris à tenter d’isoler Conakry sur la scène internationale, « sans succès ». La série de coups d’État en Afrique représente un défi direct à la gouvernance démocratique dirigée par des civils, insiste Timera, qui affirme que ces coups d’État reflètent les efforts des militaires africains pour affirmer ce qu’ils perçoivent comme leur droit au pouvoir. Selon Timera, cette aspiration est sans aucun doute alimentée par le refus de nombreux hommes politiques locaux de quitter le pouvoir et de ne pas accepter de respecter la limite de deux mandats. « Compte tenu de l’instabilité politique récurrente et de l’impunité culturelle des élites et des responsables de l’État, la Guinée est loin d’être un État de droit », reflète l’analyste, soulignant que les droits fondamentaux inscrits dans les lois du pays – à commencer par la présomption d’innocence – ne sont pas respecté et ne pourra être respecté tant que la Guinée n’aura pas recommencé à organiser des élections démocratiques.
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