Guinée: le Pape invite les évêques à faire avancer l’Évangile dans la paix

Au terme de leur visite ad limina, les évêques guinéens ont été reçus le 21 juin par le Pape. Les échanges ont notamment porté sur la situation de l’Église dans ce pays où 88 % de la population est musulmane, et la relation entre l’Église et l’Etat. François les a encouragés à «continuer dans le sens d’une collaboration, afin que les relations entre musulmans et chrétiens favorisent une belle convivialité dans le pays», a dit Mgr Guilavogui, président de la Conférence épiscopale de Guinée.

Entretien réalisé par Françoise Niamien – Cité du Vatican

Du 17 au 21 juin 2024, la Conférence épiscopale de Guinée a effectué une visite ad limina apostolorum à Rome. Elle a été marquée par des rencontres dans différents dicastères de la Curie Romaine. Vendredi 21 juin, le Pape François leur a accordé une audience au cours de laquelle ont été évoqués plusieurs sujets. Après cette rencontre, Mgr Guilavogui a accordé une interview aux médias du Vatican, dont voici l’intégralité.

Entretien avec Mgr Guilavogui, président de la Conférence épiscopale guinéenne

Que pouvons-nous retenir de cette visite ad limina apostolorum?

C’est avec beaucoup de joie que nous avons effectué cette visite qui nous a permis de visiter plusieurs dicastères. Ces rencontres ont été non seulement des occasions de découvertes pour la plupart d’entre nous, mais aussi un vrai signe de communion avec Rome. Notre précédente visite ad limina remonte à 2014. À cette époque, nous n’étions que trois évêques, mais aujourd’hui notre Conférence épiscopale en compte 6 avec 5 diocèses.

Au cours de cette visite ad limina, vous avez été reçus en audience par le Pape François. Que pouvons-nous retenir de cette audience?

Avec le Saint-Père, ça a été très émouvant pour chacun d’entre nous. Les échanges se sont déroulés dans une ambiance très fraternelle. Nous avons abordé quelques points, entre autres, la situation de l’Église de Guinée, le dialogue interreligieux particulièrement avec musulmans, l’Islam étant la religion majoritaire dans le pays, aussi les relations des évêques avec les prêtres et le peuple de Dieu.

Concernant les relations « Église catholique et Islam », nous pouvons dire que nos relations sont au beau fixe, car nous n’avons pas un « Islam radical » en Guinée. Nous avons même l’exemple de certains évêques provenant de familles mixtes, c’est-à-dire, qui ont beaucoup de parents musulmans. Aussi, du fait de leur vision de travail d’ensemble avec l’Église pour le bien de nos différentes populations. Mgr Vincent Coulibaly (archevêque de Conakry), et le grand imam de la mosquée de la capitale, ont toujours été des références pour l’État Guinéen, en matière de médiation avec les partis politiques et les syndicats.

Quelles ont été les recommandations du Pape concernant les relations entre les catholiques et les musulmans guinéens?

Le Saint-Père nous a invité à continuer dans le sens d’une collaboration de manière à ce que les relations entre musulmans et chrétiens favorisent une belle convivialité dans le pays.

Avec le Souverain Pontife, il a été également question de la relation « Église et État », que vous a-t-il recommandé dans ce sens?

Le Pape François nous a encouragé à travailler à une très bonne relation avec l’État, de manière à favoriser toujours une cohabitation pacifique, de sorte à faire avancer l’Évangile dans la paix et la convivialité. 

Justement, que savoir de ces relations « Église catholique-État »?

Nous pouvons dire que nos relations sont de bonne qualité dans la mesure où, comme je l’ai souligné tantôt, l’État a souvent recours à l’Église à travers Mgr Vincent Coulibaly, l’archevêque de Conakry, pour la résolution de certaines questions en lien avec la paix sociale.

Y a-t-il eu des prises de position des évêques qui ont suscité des incompréhensions?

Au mois de mai dernier, nous avons adressé un message à la population guinéenne, mais aussi aux autorités politiques du pays. C’est évident que les choses peuvent être perçues différemment.

Toujours avec le Pape vous avez évoqué la relation entre les évêques et les prêtres, mais également les évêques et le peuple de Dieu. Que vous a t-il dit? 

Le Saint-Père nous a recommandé d’être très proches de nos prêtres, parce que le prêtre a besoin de sentir son évêque proche de lui pour le rassurer, mais aussi pour lui permettre d’accomplir sa mission avec efficacité.

Et concernant le peuple de Dieu?

Là aussi, il nous a conseillé d’être plus proches de nos fidèles à travers plusieurs initiatives pastorales. Il estime que cela est nécessaire vu que la Guinée est un pays à majorité musulmane. Cette plus grande proximité avec le peuple de Dieu se traduit par la volonté du Saint-Père, à procéder à la création de nouveaux diocèses.

Justement, quels sont les défis de l’Église catholique en Guinée aujourd’hui?

Les défis de l’Église catholique en Guinée aujourd’hui, c’est tout d’abord le défi du témoignage. Parce que, avec la création de nouveaux diocèses, nous avons besoin de faire en sorte que ces diocèses puissent prendre leur élan et faire en sorte aussi que la présence de l’évêque au milieu de son peuple soit efficace, et efficace dans le sens que l’Église a besoin d’être plus visible. Nous sommes restés pendant longtemps trois évêques pour toute la Guinée, mais maintenant nous sommes six et nous espérons avoir d’autres évêques, de manière à ce que vraiment l’Église soit plus visible, et par conséquent plus efficace dans le témoignage.
Et cela se fera qu’avec l’aide du peuple de Dieu. Car l ‘évêque ne peut travailler seul, ni seulement avec les prêtres, mais, avec tout le peuple de Dieu.

Le Pape  en compagnie des évêques de Guinée

Le Pape en compagnie des évêques de Guinée

Cette visite a été très bénéfique. Nous nous sommes sentis davantage proches de Rome dans toute sa dimension. À savoir une Église qui est synodale, communion, et missionnaire. Au terme de cette visite, nous aimerions que tout le peuple de Guinée sache que le Pape prie pour nous et que nous devons prier pour lui aussi, il nous l’a fait savoir en nous demandant de transmettre ses vives salutations et sa bénédiction à tout le peuple de Guinée et à tous les chrétiens.

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