Au moins 156 personnes avaient été tuées et plus de cent femmes violées lors du massacre du 28-Septembre à Conakry.
En Guinée, la fin du procès du massacre du 28 septembre 2009 s’annonce. Après vingt mois d’auditions des accusés et de plaidoiries au tribunal criminel de Dixinn, le procureur Alghassimou Diallo a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre l’ancien chef de la junte en 2009, Moussa Dadis Camara, et plusieurs autres responsables du régime militaire qualifié par beaucoup d’observateurs de dictature.
Le ministère public a demandé au tribunal que la peine soit assortie d’une période de sûreté de trente ans et que les faits soient requalifiés en crimes contre l’humanité par meurtres, assassinats, torture, séquestration et viols.
Estimant que la Guinée « est une famille » et qu’« aucun Guinéen n’est supérieur à l’autre », les représentants du parquet ont indiqué que l’ancien président de transition méritait une telle peine pour n’avoir « rien fait pour que ce meeting ne soit pas réprimé » au stade de Conakry. « Au contraire, il l’a planifié », a noté Elhadj Sidiki Camara, un autre représentant du ministère public.
Au moins 156 personnes avaient été tuées par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées dans la répression de ce rassemblement de l’opposition pour réclamer la fin du régime militaire et l’organisation d’une élection présidentielle, selon un rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par les Nations Unies. Le document dénombre aussi le viol de pas moins 109 femmes au cours de la répression.
Face à ces massacres, le parquet a pointé, dans son réquisitoire, les responsabilités de Moussa Tiegboro Camara, ancien patron de la lutte contre le trafic de drogue, Abdoulaye Cherif Diaby, ex-ministre de la santé, Marcel Guilavogui, proche de Dadis Camara à l’époque, Blaise Goumou, gendarme membre de l’anti-drogue ainsi que Claude Pivi, ancien ministre de la sécurité présidentielle et actuellement en cavale. Pour lui, tous ces dignitaires de l’ex-régime du dictateur guinéen doivent être condamnés à la prison à perpétuité.
En revanche, le ministère public a requis une peine de quinze ans ferme contre les militaires Ibrahima Camara et Paul Mansa Guilavogui. Il a demandé la même peine pour Aboubakar Diakité dit Toumba, aide de camp de Moussa Dadis Camara en 2009 devenu la coqueluche des réseaux sociaux dans la sous-région. Sa répartie et sa ligne de défense rendent parfois hilares de nombreuses personnes qui suivent le procès retransmis à la télévision.
Même si Toumba a accepté de dire « sa part de vérité » au tribunal, les avocats des parties civiles ont insisté sur le rôle qu’il a joué dans le massacre du 28 Septembre. Pour eux, l’ancien aide de camp s’est rendu au stade pour participer à la répression lors de cette journée inoubliable pour de nombreuses familles de victimes.
ODL/ac/APA
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