Guinée : une brésilienne risque 15 ans de réclusion criminelle pour trafic de cocaïne

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De nationalité brésilienne, Laryssa Borges Dos Santos, jugée en Guinée pour detention et transport de drogue à haut risque, risque 15 ans de réclusion criminelle. Telles sont les réquisitions du ministère public du tribunal criminel de Mafanco à son encontre ce mardi, 7 mai 2024, en audience publique. Pourtant, l’accusée dit ne rien savoir dans cette affaire de 2 kilogrammes de cocaïne, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Laryssa Borges Dos Santos, jeune dame âgée de 29 ans, a été interpellée  à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry le samedi, 7 août 2021. Elle avait en sa possession 2 kilogrammes de cocaïne contenus dans un colis de 55 bracelets. Après avoir passé près de 3 ans de détention préventive, son procès s’est ouvert devant le tribunal criminel de Mafanco où elle a plaidé non coupable des faits à lui reprochés.

Dans sa déposition, cette mère de 3 enfants a dit que les bracelets en question lui ont été remis à São Paulo par son copain Alexandre, de nationalité  guinéenne. Devant le juge audiencier Souleymane I Traoré, elle a déclaré ne rien savoir du contenu des bracelets. « Je travaille à San Paolo, dans un bar. C’est là-bas que j’ai rencontré Alexandre qui est guinéen.  C’était mon copain.  On a vécu ensemble pendant 2 ans avant que je ne vienne en Guinée. C’est Alexandre qui m’a remis les bracelets. Il m’a dit que quand je viens en Guinée, c’est le cadeau que je dois remettre à sa famille. Il m’a dit qu’en Afrique, quand tu viens, il faut aller avec des cadeaux. C’est ainsi qu’il m’a remis un lot de bracelets pour  remettre à sa famille. Je lui ai dit que ça, ce n’était pas joli comme cadeau parce que c’est trop gros et ça brille trop. Il m’a répondu, chez nous en Afrique, on aime ce qui brille. Le colis n’était pas lourd. Le poids était normal. Alexandre m’a remis ce colis chez lui à la maison. C’est moi qui l’ai transporté à l’aéroport. Le colis n’était pas caché,  c’était dans un sac transparent. Je  ne savais pas que c’était de la cocaïne. L’itinéraire était San Paolo, Conakry via le Portugal. Moi, je n’ai jamais voyagé, c’était ma première fois de voyager. Et c’est Alexandre qui m’a livré tous les documents de voyage. Il m’a dit qu’on va se rencontrer à Conakry, on va aller chez ma famille. Quand je suis venue à l’aéroport, on m’a interpellée. Ils  ont dit qu’il y avait de la cocaïne dans le colis. Mais, ils ne m’ont pas montré la cocaïne sur place. C’est à l’aérogare qu’ils ont cassé les bracelets et  j’ai vu que certains bracelets contenaient de la cocaïne… A part ce voyage,  je n’étais jamais sorti du Brésil.  C’est ma première fois de voyager. Je suis arrivée à Conakry en août 2021 et mon revenu ne me permettait pas de m’offrir un voyage en Guinée. Les bracelets étaient contenus dans un emballage transparent.  J’ai accepté ce colis parce que c’est mon copain et j’ai confiance en lui. Si je savais que c’était une substance illicite, je n’allais pas accepter de transporter ce colis. Je ne savais pas le contenu des bracelets », a-t-elle martelé.

Cependant,  le ministère public prend le contre-pied de tous les arguments de défense placés par l’accusée. Le parquet soutient mordicus qu’elle était bien au courant que les bracelets contenaient de la cocaïne. C’est la raison la raison pour laquelle, il requiert une peine de 15 ans de réclusion criminelle contre l’accusée Laryssa Borges Dos Santos. « Elle avait un colis contenant de la cocaïne.  Elle dit qu’elle a fait connaissance avec un certain Alexandre. C’est ce dernier qui lui a remis ce colis pour venir en Guinée et rencontrer sa famille. Arrivée à l’aéroport, elle a été interpellée. Le colis a été défait et pesé. Ils ont trouvé 2 kilogrammes de cocaïne. Deux kilogrammes de cocaïne est très importants. Mademoiselle Laryssa Boges Dos Santos savait pertinemment le contenu des bracelets. Elle n’était pas dans un projet de mariage. Le prix avait été discuté de San Paolo à Conakry et les jours de son séjour étaient connus. Celui qui vient pour un projet de mariage se dirige en famille et non dans un hôtel.  Devant cette situation, on se rend compte que cette dame a transporté de la cocaïne dans des bracelets. On ne peut pas continuer à démontrer ces faits aussi clairs. Vous retiendrez  mademoiselle Laryssa Boges Dos Santos dans les liens de trafic international de cocaïne. Pour la répression, vous la condamnerez à 15 ans de réclusion criminelle », a requis le procureur Kanfory Ibrahima Camara.

La défense, par la voix de maître Modibo Camara, plaide non coupable et demande l’acquittement de l’accusée. L’avocat précise dans ses plaidoiries que sa cliente a été victime d’un réseau qui occupait à l’époque des hautes fonctions. « Cette demoiselle, ici présente à la barre, n’a été qu’une simple victime d’un réseau qui occupait des hautes fonctions. Le nommé Alexandre est une personne connue par les autorités. Il a mené des démarches pour livrer le visa pour réserver l’hôtel, alors qu’à cette période, les mouvements étaient restreints. C’était la période de Covid 19. C’était une période de restrictions de mouvements en Guinée. Il fallait être un diplomate ou une personne proche du pouvoir pour effectuer un déplacement en Guinée. Mais lui, il a mené les démarches, et il a fait venir cette naïve demoiselle ici. C’est pourquoi dans ce dossier, vous constaterez que mademoiselle qui est devant vous n’a jamais fait l’objet d’une condamnation antérieure. Elle n’a aucun antécédent judiciaire. Elle a exprimé sa bonne foi,  en expliquant et en répondant aux questions qui lui ont été posées. Je demande son acquittement. En libérant cette demoiselle, vous aurez rendu justice. En libérant Laryssa Borges Dos Santos, vous aurez fait preuve de justice, de lucidité, de clémence. Pour avoir accès à son jugement, elle a fait 3 ans à la maison centrale. Le ministère public nous parle de justice, et il requiert 15 ans de réclusion contre une jeune dame, mère de 3 enfants mineurs. Si c’est ça la justice, le ministère public emprunte un chemin qui n’est pas la vocation de la justice. Réclamer 15 années de privation contre une personne alors que la demoiselle a donné toutes les informations, elle a donné tous les actes posés par celui qui l’a fait venir en Guinée, elle a fourni tous les éléments dont elle disposait sur la personne qui l’a faite venir en Guinée. Aucune diligence n’a été faite pour le mettre aux arrêts, alors qu’il était en Guinée… », a plaidé l’avocat.

Après avoir écouté les parties au procès, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 21 mai 2024.

            Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com Tel : 620 589 527/664 413 227


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