Haïti : dénonçons la répression sanglante du CPT contre les manifestants et (…)

Après le premier cycle de manifestations populaires contre l’indifférence du gouvernement face à la montée en puissance des gangs au cours des mois de janvier et février 2025, les populations victimes et aux abois à Kenskoff, dans la Vallée de l’Artibonite et à Port-au-Prince ont repris le macadam pour exiger au gouvernement haïtien et au Conseil présidentiel de Transition (CPT) de prendre des mesures efficaces pour garantir la sécurité de la population et leur permettre de retourner dans leur quartier respectif livré aux gangs. En effet, le mercredi 19 mars 2025, plusieurs dizaines de milliers de manifestants et manifestantes brandissant des pancartes, des branches d’arbres, des bâtons et des machettes, ont marché à Port-au-Prince. Dans la Vallée de l’Artibonite, particulièrement à Petite-Rivière de l’Artibonite, le lendemain de la tuerie de cinq personnes, la population a manifesté son désarroi en apportant les cadavres au Commissariat de la commune. Ils ont dénoncé l’indifférence criminelle des autorités par rapport aux massacres à répétition perpétrés par la coalition des gangs et ont exigé des actions concrètes et non des mesures de saupoudrage.

Cette revendication minimale relevant des prérogatives de l’État n’a pas été une fois de plus entendue. Au contraire, à Port-au-Prince, le CPT et le gouvernement ont procédé à une répression sanglante des manifestants et manifestantes. Une pluie de gaz lacrymogènes toxiques et de balles réelles s’abattait sur les jeunes, les pères et mères de familles participant à la mobilisation à proximité des bureaux de la primature et du CPT. Le bilan provisoire a fait au moins une dizaine de blessés et un mort.

Nous dénonçons et condamnons avec véhémence le comportement répressif et sanguinaire du CPT et du gouvernement contre les manifestants réclamant le rétablissement de la sécurité publique. Soulignons qu’au moins un million de personnes sont contraintes à abandonner leur quartier sous la menace des hordes de gangs criminels depuis novembre 2024. Actuellement, plus de 500 à 600 personnes sont assassinées par les gangs chaque mois dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. De surcroit, Plus 80% de la région de Port-au-Prince se trouve sous le contrôle de la coalition des gangs Viv Ansanm. C’est dans ce contexte de chaos et de désespoir que le pouvoir en place, au lieu de répondre aux revendications minimales des manifestants, choisit de préférence la voie de la répression et d’augmenter le nombre de victimes et de cadavres au sein de la population.

Rappelons que le CPT et le gouvernement ne se limitent pas aux néoduvalieristes du PHTK, ils se composent, depuis un an, de représentants de la majorité des organisations de la société civile et des principaux partis politiques. C’est le cas par exemple de l’Accord Montana et ses organisations affiliées, les parti Fanmi Lavalas, Pitit Desalin, l’Organisation Alternative socialiste (ASO), l’organisation du peuple en lutte (OPL), Rasin Kanpèp, etc. Ces structures qui se réclament du secteur démocratique voire d’une certaine gauche sont confortable à diriger le pays avec la participation directe de représentants du secteur privé des affaires. L’indifférence criminelle caractérisant le fonctionnement de l’État par rapport aux revendications des classes populaires est ainsi soutenue par l’ensemble de ces organisations et partis politiques.

Le REHMONCO salue la mémoire du courageux manifestant Élibert Idovic, tombé sous les balles assassines de la police nationale alors qu’il revendiquait le rétablissement de la sécurité. En souhaitant un prompt rétablissement aux blessés, il lance un appel de solidarité aux différentes organisations régionales afin de soutenir les revendications des personnes déplacées à Port-au-Prince et dans la Vallée de l’Artibonite.

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