Haïti : le jazz comme acte de résistance face à la violence

En pleine crise sécuritaire, le festival PapJazz offre une échappatoire artistique aux habitants de Port-au-Prince.

Malgré l’insécurité grandissante qui paralyse la capitale haïtienne, le festival international de jazz PapJazz a tenu bon, offrant deux jours de mélodies envoûtantes à une poignée de privilégiés. Réduite à sa plus simple expression cette année, l’édition 2025 s’est déroulée dans l’enceinte sécurisée de l’hôtel Karibe et du restaurant Quartier Latin, loin des violences qui ensanglantent les rues.

La programmation, exclusivement locale en raison de la fermeture de l’aéroport, a mêlé jazz, rara, rap et slam, créant une symphonie engagée. Parmi les temps forts, une performance poignante intitulée *Les amours. Balles perdues*, où le slameur Eliezer Guérismé et le musicien Joël Widmaier ont transformé la douleur collective en art. Couronné de fil barbelé, Guérismé a rappelé le pouvoir libérateur de la culture : * »Nous habitons une ville assiégée, où la parole est devenue un acte de résistance. »*

Dans un pays où les gangs contrôlent près de 85 % de la capitale, selon l’ONU, ces instants de grâce ont pris une dimension vitale. Les spectateurs, une centaine tout au plus, ont savouré cette parenthèse hors du chaos. * »C’est une bouffée d’air »*, confie l’un d’eux, Arnoux Descardes, tandis que Charles Tardieu salue l’importance de célébrer * »ce qui nous unit en tant qu’Haïtiens »*.

Pour Milena Sandler, directrice de la Fondation Haïti Jazz, l’événement dépasse le simple divertissement : * »Il s’agit de résister par la création, de refuser de se laisser définir par la peur. »* Une philosophie partagée par un autre festivalier, pour qui ces notes de jazz résonnent comme une affirmation : * »Port-au-Prince nous appartient. »* Entre les accords et les mots, c’est l’âme d’un peuple qui persiste, malgré tout.

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