Haïti : Suspension des importations terrestres via la République Dominicaine, annonce l’Agd

Belladère (Haïti), 31 mars 2025 [AlterPresse] — La Direction générale de l’Administration générale des douanes (Agd) informe de la suspension des importations terrestres en provenance de la République Dominicaine, selon un avis qui prendra effet à compter du lundi 7 avril 2025, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Les bureaux de douane à la frontière haïtiano-dominicaine (Ouanaminthe/Dajabón dans le Nord-Est d’Haïti, Belladère/Comendador province d’Elías Piña dans le Plateau central, Anse-à-Pitres/Pedernales dans le département du Sud Est, Malpasse/Malpaso-Jimani dans l’Ouest) sont désormais interdits de recevoir les marchandises en provenance de l’étranger, via la République Dominicaine, jusqu’à nouvel ordre, décide l’Agd, suivant les instructions du Ministère de l’économie et des finances (Mef) en référence au décret du 21 mars 2023 portant sur le code douanier.

« Toutes les marchandises en provenance de l’étranger, qui transitent par la République Dominicaine, doivent arriver en Haïti par voie maritime pour être prises en charge par les bureaux de douane compétents », exige-t-elle.

L’Agd ordonne aux responsables des bureaux de douane à la frontière haïtiano-dominicaine de procéder, entre autres, à la saisie de toutes les marchandises, qui franchiraient la frontière en violation des dispositions du présent avis.



Depuis le mercredi 13 septembre 2023, le président dominicain Luis Abinader avait annoncé la fermeture, à compter du vendredi 15 septembre 2023, de tous les points frontaliers haïtiano-dominicains (terrestres, maritimes et aériens), en signe de protestation contre la poursuite des travaux de construction à Ouanaminthe (Nord-Est d’Haïti) d’un canal sur la rivière Massacre.

Cependant, diverses marchandises en provenance de la République Dominicaine continuent d’entrer sur le territoire dominicain, avec la complicité d’autorités dominicaines et haïtienne basées sur la frontière.

En collaboration avec la Police nationale d’Haïti (Pnh) et avec les Forces armées d’Haïti (Fad’h), l’Administration générale des douanes rappelle avoir pour mission de surveiller l’ensemble des mouvements transfrontaliers, opérés à la frontière terrestre.

Les contrevenantes et contrevenants seront passibles de sanctions administratives, sans préjudice des sanctions pénales prévues par les lois régissant la matière, met en garde l’Agd.

Les mesures strictes et les sanctions administratives et pénales, prévues pour les contrevenantes et contrevenants, sont-elles suffisantes pour envoyer un message fort, susceptible de dissuader les opératrices et opérateurs économiques impliqué-e-s dans le trafic d’armes et de munitions en Haïti.

Les restrictions, imposées par l’Agd et le Mef, suffiront-elles à freiner le trafic d’armes et de munitions en provenance des États-Unis d’Amérique, passant par la République Dominicaine vers Haïti ?

En interdisant l’importation de marchandises via la frontière terrestre haïtiano-dominicaine, les autorités haïtiennes limiteront-elles réellement les opportunités pour les trafiquants d’utiliser des routes terrestres poreuses, pour faire entrer des armes et des munitions illégalement ?

Face à la prolifération d’armes en Haïti, l’expert indépendant sur la situation des droits humains en Haïti, l’Américain William O’Neill a exhorté, le vendredi 28 mars 2025, la communauté internationale à faire davantage pour stopper le flux d’armes et de munitions vers Haïti.

O’Neill a salué les récentes saisies en République Dominicaine de plusieurs cargaisons importantes d’armes et de balles destinées à Haïti, ainsi que de la récente condamnation, par les tribunaux fédéraux américains, de plusieurs trafiquants d’armes impliqués dans des livraisons à Haïti.

Le mardi 4 mars 2025, les autorités dominicaines ont saisi une cargaison illégale contenant 23 armes à feu, dont un fusil Barrett calibre 50 mm, 36,000 munitions de divers calibres, et plusieurs chargeurs, au port de Haina, non loin de Santo Domingo, en République Dominicaine, en provenance de Miami, en transit vers Haïti.

O’Neill a appelé au renforcement rapide du régime de sanctions, autorisées par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) depuis le vendredi 21 octobre 2022, ciblant les chefs de gangs armés qui opèrent en Haïti et tous ceux qui les soutiennent », en finances et en armes.

« Les soutiens financiers et politiques des gangs doivent payer le prix de leurs crimes : gel des comptes bancaires, saisie des biens, annulation des visas. Les acteurs du secteur privé m’ont dit que les élites puissantes, qui profitent (des actes) de violences, craignent ces sanctions ».

« Il est temps d’agir. Si nous attendons plus longtemps, il pourrait ne rester que très peu de choses à sauver en Haïti », prévient O’Neill.

Une grande partie des armes et de munitions, qui arrivent via la République Dominicaine, proviennent de Floride ou d’ailleurs aux États-Unis, selon l’expert indépendant sur la situation des droits humains en Haïti.

Dans un récent rapport, le Conseil des droits humains de l’Onu a expliqué comment l’utilisation d’armes à feu et de différentes formes de munitions, issues du trafic, alimenterait « un cycle de violences destructeur, entraînant de graves violations des droits humains et des abus ».

Dans ce contexte, entre 270 mille et 500 mille armes à feu de plus en plus sophistiquées, qui arrivent systématiquement d’ailleurs, circulent de manière illicite en Haïti, la plupart des armes étant entre les mains de gangs, selon les Nations unies.

« L’expansion territoriale de ces gangs armés résulte d’une action calculée, plutôt que d’une violence arbitraire, dans le but de contrôler les ressources, en collaboration avec les élites politiques et économiques », a mis en garde la directrice exécutive de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), l’Égyptienne Ghada Fathi Waly, dans une intervention à une réunion de l’Organisation des Nations-unies (Onu), tenue, le mercredi 22 janvier 2025, à New York (États-Unis d’Amérique), sur les enjeux de sécurité en Haïti. [emb rc apr 31/03/2025 11:00]

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