Haya Zark pour la France… et les rêves !

Longchamp, dimanche

Prix Ganay (Gr1)

Haya Zark pour la France… et les rêves !

1er  HAYA ZARK

2e  ZARIR

3e  FEED THE FLAME (K)

« Je suis ému… » Adrien Fouassier, les yeux embués, a du mal à mettre des mots sur son ressenti après la remise des trophées du Prix Ganay (Gr1). Haya Zark (Zarak) lui a offert son premier Gr1. Pour un entraîneur, c’est toujours une nouvelle page qui s’ouvre. Mais, quand on l’écoute, peut-être une page qui se ferme aussi. Celle de l’aventure avec ce cheval qui aura tant fait vibrer son entourage. L’avenir n’est pas encore écrit, indécis. Un air de “voilà, c’est fini”, comme le chante Jean-Louis Aubert… Mais est-ce vraiment fini ?

Après la rentrée gagnante du cheval dans le Prix Exbury (Gr3), Adrien Fouassier avait évoqué, peut-être, l’Allemagne pour aller décrocher un Gr1. Mais la victoire tant rêvée est arrivée dans le temple du galop français, Longchamp, pour le premier Gr1 de la saison de plat en Europe. Une victoire surprise, qui donne à réfléchir : « Pourquoi pas l’Ispahan… Mais l’Allemagne, c’est hors de question. Il a gagné son Gr1, il ne nous doit plus rien. Il peut partir saillir. Avec ce succès, les opportunités vont se limiter. Il a œuvré à 2ans, 3ans, 4ans et désormais 5ans. Que peut-on lui demander de plus que ce qu’il a fait aujourd’hui ? Je suis ému, car c’est beaucoup de pression, mais peut-être que j’en ai aussi gros sur le cœur… Je prends soin des chevaux, c’est mon travail. Et ils nous le rendent. Les chevaux sont ma passion, ma vie et, aujourd’hui, c’est juste parfait. Je souhaite à tout le monde de vivre cela. »

Au courage

Bien parti, Haya Zark s’est retrouvé à l’extérieur de l’animateur Crypto Force (Time Test) en début de parcours. Alexis Pouchin a ensuite laissé passer Zarakem (Zarak) et a laissé Haya Zark se placer dans son sillage. Sous l’impulsion des deux animateurs, il y a eu du rythme. Dans la ligne droite, Haya Zark a mis son cœur sur la piste, passant vite à l’attaque. Zarir (Frankel), qui a dû patienter pour trouver le passage, est venu fort à 100m du poteau, mais Haya Zark n’a rien lâché. Jusqu’au bout, il a tout donné, s’imposant d’une tête devant Zarir. Feed the Flame (K) (Kingman), après avoir patienté, a tracé une belle ligne droite pour être troisième, à une encolure, une tête devant Al Riffa (Wootton Bassett) tandis qu’Horizon Doré (Dabirsim) est proche cinquième, à un nez.

Un premier Gr1 – surprise – pour Odette Fau

Odette Fau avait presque un peu de mal à y croire. Haya Zark, son cheval de cœur, lui offre un premier Gr1. « Nous pensions être troisièmes, deuxièmes peut-être… Mais il nous fallait du terrain lourd. Nous ne l’avions pas aujourd’hui et, dès lors, nous ne pensions pas gagner. Mais c’est un bon cheval, tout simplement… Et nous avons bien fait de le garder, en pensant à un avenir d’étalon. C’est un battant, rien ne l’arrête. Il n’a jamais aucun problème, il n’est jamais malade, il ne souffle jamais quand il sort. Il démontre qu’il fait partie des grands ! C’est mon cheval de cœur, je l’adore et Adrien [Fouassier, ndlr] s’en occupe tellement bien ! Nous sommes de petits propriétaires, de petits éleveurs… Nous n’avons pas 100 poulinières, elles se comptent sur les doigts d’une seule main. La famille est formidable, sa tante Haya Landa (Lando) nous avait déjà offert tant de moments forts, se classant notamment quatrième du Prix de l’Arc de Triomphe à une cote astronomique. Elle, nous l’avions ensuite vendue au Japon car nous n’avions pas les moyens de lui offrir les saillies qu’elle méritait en tant que poulinière. Mais, quand on aime, on tente de les garder ! »

Son entraîneur ne partait pas gagnant non plus

La pluie tombée sur la région parisienne dans l’après-midi de samedi était de l’or tombé du ciel pour Haya Zark. Dix millimètres et, pourtant, peut-être pas assez… Adrien Fouassier nous a dit : « Je suis arrivé sur l’hippodrome et je suis allé marcher sur la piste. Très honnêtement, je me suis dit que cela allait être très difficile ! La piste sèche désormais à cette période de l’année, c’est normal, même si nous avons eu de la chance de prendre de la pluie assez tard. J’avais regretté de ne pas avoir couru l’Harcourt, mais c’était très proche dans le calendrier… Le cheval nous le rend aujourd’hui. La distance est parfaite, nous l’avons appris… L’an dernier, nous avions commis des erreurs que nous ne referrons pas deux fois ! C’est ainsi, on apprend à devenir entraîneur et, encore une fois, ce sont les chevaux qui nous donnent tout. » Adrien Fouassier est installé à Senonnes, centre d’entraînement qui, ces dernières années, avait déjà brillé au plus haut niveau… mais en obstacle, grâce à Docteur de Ballon (Doctor Dino), double lauréat du Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1).

Zarir mention très bien

Zarir n’a pas à rougir d’être battu de si peu, pour sa toute première tentative au niveau Groupe et dans un Gr1, s’il vous plaît ! Il est certainement meilleur en bon terrain et l’été va bien finir par arriver. Zarir restait sur deux victoires sur 2.700m P.S.F. et découvrait un tout autre sport dimanche dans le Ganay. L’avenir est certainement radieux. Francis-Henri Graffard, entraîneur du représentant de Son Altesse l’Aga Khan, nous a dit : « Stéphane Pasquier est déçu car, au moment du démarrage, il n’a pas eu le passage. Mais le gagnant est un bon cheval… »

Feed the Flame se retrouve

Cinquième du Prix d’Harcourt pour sa rentrée, Feed the Flame n’avait pas démérité ce jour-là, coinçant un peu pour finir. Il est apparu beaucoup plus prêt au rond de présentation et, sur la piste, montre qu’il a retrouvé son mordant. Pascal Bary, son entraîneur, nous a dit : « On a retrouvé le vrai Feed the Flame. Il a vraiment bien accéléré, avec une belle action. C’est un vrai cheval de 2.100m/2.400m. Il a beaucoup de courses pour lui désormais. Lors de sa rentrée, le moins déçu était Cristian Demuro. Il nous avait dit que le terrain était bien trop lourd pour ses aptitudes. Aujourd’hui, le cheval lui donne raison. Il faut simplement éviter les terrains extrêmes. » Jean-Louis Bouchard, propriétaire de Feed the Flame, a ajouté : « Il y a le Grand Prix de Saint-Cloud… L’Angleterre aussi. Et l’Arc à l’automne ! Entre 3ans et 4ans, on ne sait jamais comment les chevaux vont évoluer. C’était un peu notre crainte. »

Al Riffa, quatrième, est apparu splendide au rond de présentation. Ce beau poulain, avec du modèle, n’avait pas couru depuis sa deuxième place dans le Prix Guillaume d’Ornano (Gr2) l’an passé et Joseph O’Brien a analysé : « Nous sommes pleinement satisfaits, il était peut-être un peu fatigué pour finir. Il n’avait pas couru depuis longtemps et c’était donc un sacré challenge. »

Le neveu d’Haya Landa

Élevé par Odette Fau, Haya Zark est né et a grandi en Mayenne, chez André Pommerai (haras de His), l’homme des “de Mée” bien connus en obstacle. C’est un fils de Zarak (Dubawi), stationné aux Aga Khan Studs (haras de Bonneval). Odette Fau nous avait expliqué après la victoire d’Haya Zark : « J’ai toujours adoré Zarak. Il est par Dubawi et Zarkava, donc un pedigree incroyable. Et c’était un super cheval de course. Je me souviens du jour de sa victoire dans le Grand Prix de Saint-Cloud. Son entourage avait un doute sur le terrain mais je leur ai dit qu’il allait gagner, et il l’a fait. Quand il a été syndiqué, j’ai pris une part. » Haya Zark est le deuxième lauréat individuel de Gr1 de Zarak, après Zagrey, lauréat l’an passé du Grosser Preis von Baden (Gr1).

Sa mère, Haya City (Elusive City), n’est pas parvenue à briller en trois sorties. Haya Zark est son premier gagnant. La poulinière a une 4ans nommée Zarkhaya (Zarak), restée inédite et saillie en 2023 par Anodin. Elle a un yearling par Anodin et une foal par le même étalon. La deuxième mère, Haya Samma (Pivotal) n’a pas couru. Au haras, on lui doit la bonne Haya Landa (Lando), à l’arrivée d’un Arc, mais aussi (et surtout) sur le podium d’un Grand Prix de Saint-Cloud (Gr1) et d’un Prix de la Nonette (Gr2), ainsi qu’Haya of Fortune (Soldier of Fortune), troisième d’un Critérium de l’Ouest (L). La troisième mère a donné Gin Jockey (Soviet Star), placé des Craven Stakes (Gr3)… et la quatrième mère a produit le gagnant d’Arc Subotica (Pampabird).

LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Du départ à 1.000m : 1’12’’91

De 1.000m à 600m : 24’’93

De 600m à 400m : 11’’84

De 400m à 200m : 11’’55

De 200m à l’arrivée : 11’’93

Temps total : 2’13’’16

Dubai Millennium

Dubawi

Zomaradah

Zarak

Zamindar

Zarkava

Zarkasha

HAYA ZARK (M5)

Elusive Quality

Elusive City

Star of Paris

Haya City

Pivotal

Haya Samma

Singing Lark

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