En République démocratique du Congo depuis qu’il a fui le Canada après avoir été déclaré coupable d’abus sexuels et physiques sur une mineure, Paul Mukendi persiste et signe: il n’a pas l’intention de jamais remettre les pieds au Canada et sait que les autorités ne peuvent pas l’atteindre.
La République démocratique du Congo est l’un des trois pays au monde, avec l’Afghanistan et l’Irak, à n’avoir aucun traité d’extradition avec le Canada. Il n’est donc pas possible pour le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), en charge de l’enquête, de s’y rendre pour arrêter l’homme d’Église, qui fait face à une peine de huit ans de prison.
L’équipe de l’émission Enquête de Radio-Canada a retrouvé le pasteur, qui s’autoproclame «apôtre de la ville de Québec». L’homme de 47 ans ne se cache pas: il mène une vie aisée et publique dans son pays d’origine et ne craint pas d’être ramené au Québec.
«J’ai aimé le Québec, mais le Québec ne m’aime pas. Qu’est-ce que, moi, je dois faire? Je ne vais pas pleurer. Le Québec, ce n’est pas le paradis. Je suis mieux ici», a-t-il constaté dans une première entrevue accordée à un média québécois depuis qu’il s’est soustrait à la justice.
Le révérend habite un bâtiment sécurisé de Kinshasa, la capitale, et est encore très influent dans la vie des membres du Centre évangélique Parole de Vie qu’il a fondé à Québec. Il s’adresse à eux chaque jeudi lors d’une célébration par visioconférence.
Victime de complot
Comme il le fait régulièrement depuis, Mukendi soutient qu’il a été victime d’un complot de la part des acteurs du système judiciaire du Québec.
«Le problème, c’était qu’il fallait détruire Mukendi. […] C’est une bande de personnes qui en voulait à ma vie et qui a utilisé l’appareil de justice», a-t-il lancé.
Il est même allé jusqu’à dire que, «si on avait une justice sérieuse», ce sont ses victimes qui seraient incarcérées.
Rappel des faits
En juin 2019, Paul Mukendi a été reconnu coupable, par un jury, d’avoir commis des agressions sexuelles sur une mineure.
Ce dernier a porté la décision en appel. En 2021, la Cour d’appel a choisi de maintenir le verdict de culpabilité à l’endroit de l’homme d’Église. Il a été remis en liberté conditionnelle et devait se constituer prisonnier dans les jours suivant la décision.
Le quarantenaire a tenu une conférence de presse pour affirmer qu’il acceptait le jugement et qu’il se rendrait à l’établissement de détention de Québec, comme l’exigeait la cour.
Plutôt que d’amorcer sa peine de huit ans, le révérend a décidé de fuir le pays pour aller se réfugier dans sa République démocratique du Congo natale. Il y vit depuis à l’abri des autorités canadiennes.
En pleine cavale, le pasteur a vu deux autres années de prison s’ajouter à son dossier, lorsqu’il a été déclaré coupable d’une autre agression sexuelle à l’encontre d’une ancienne fidèle.
En décembre dernier, le SPVQ a annoncé la création d’un poste de spécialiste de la traque de fugitifs à l’international, dont l’un des mandats est de ramener Paul Mukendi pour qu’il se soumette à la justice.
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