Troisième voyage antillais pour le groupe de carnaval Kreyol’ys qui se rend cette année à la Martinique pour participer aux festivités des jours gras. Mardi, c’était leur dernière répétition avant l’envol ce samedi 1ᵉʳ mars.
« Le carnaval, c’est un moment pendant lequel on ne pense à rien. C’est un exutoire au niveau de la danse et de la musique. On oublie le quotidien et l’on veut juste en profiter. » Mardi dernier, dans une salle municipale de la ville d’Aulnay-sous-Bois, Jessica Richards dirige la dernière répétition de son groupe Kreyol’ys avant le départ pour la Martinique. Les quelque soixante-cinq membres, qui feront le déplacement, habillés de rouge et noir, le dress-code qu’ils observeront sur place, répètent notamment les chorégraphies qu’ils dérouleront sur les défilés du dimanche et mardi gras. Dans le local fermé, on sent l’effervescence et l’envie d’y être déjà.
Répétition du groupe de carnaval Kreyol’ys à Aulnay-sous-Bois.
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Résumant le sentiment général, Orlane Joseph-Julien, qui joue de la grosse caisse, dit qu’elle va « kiffer » son carnaval. Elle est née en Martinique. Mais là-bas, elle n’était pas fervente de cette tradition. C’est en métropole qu’elle l’a redécouverte. « Grâce à mes amis, j’ai rejoint l’association. Ce qui me plait, c’est le côté familial, le lâcher-prise qui casse la routine métro-boulot-dodo, et le fait de garder le lien avec ma culture. »
Défiler dans l’île aux fleurs va constituer une première pour elle. Et Orlane l’attend avec impatience. Et surtout, elle anticipe une ambiance plus que chaleureuse. « Quand on défile dans l’Hexagone, les gens apprécient notre prestation. Mais ils restent spectateurs, c’est-à-dire à distance. En Martinique, on vit la même chose, on dégage la même énergie. » Et enfin, Orlane pourra montrer à sa famille ce qu’elle sait faire.
En 2017, lorsque Jessica crée son association, c’est dans le but de retrouver en région parisienne des amoureux du carnaval comme elle. Née en Guadeloupe, elle pratique le carnaval depuis l’âge de 6 ans. « En métropole, je ne pouvais pas forcément rentrer chaque année au pays pendant la période du carnaval. Créer l’association m’a permis d’entretenir et de promouvoir notre tradition ici. »
D’abord domiciliée à Bussy-Saint-Georges, le groupe s’est déplacé à Aulnay-sous-Bois pour recruter plus facilement des adhérents ultramarins. En un rien de temps, Kreyol’ys a dépassé la centaine de membres (130 aujourd’hui) essentiellement des Antillais, avec quelques Réunionnais et Guyanais.
À l’image de Jimmy Borne, certains viennent de loin. Chaque mardi, le Martiniquais parcourt près de cent kilomètres « pour cet amour du carnaval ». Responsable des musiciens, il a commencé à 16 ans. Aujourd’hui, il en a 41 et estime toujours aussi « jouissif cette communion avec le groupe et le public lorsqu’on défile dans les rues. C’est comme si on faisait corps. On ne peut pas le faire sur scène. » Lui aussi attend avec impatience ce voyage pour y retrouver l’essence de cette tradition.
« Aux Antilles, le carnaval fait partie de notre mode de vie. D’ailleurs, c’est une période de jours fériés. Ici, on répète dans des conditions différentes. Il n’y a pas le même rapport au carnaval, donc la tolérance est moindre lorsque nous répétons. Et je peux le comprendre. » Il n’empêche, Jimmy continue d’emmener ses enfants aux répétitions pour leur transmettre cette culture.
C’est le troisième voyage organisé par l’association, les deux premiers périples se sont déroulés en Guadeloupe. Outre le plaisir, l’objectif est aussi de permettre aux adhérents de découvrir l’envers du décor. « Ils suivent sur les réseaux sociaux. Mais pouvoir les emmener vivre le vrai carnaval, c’est important pour moi », explique Jessica. Ça sera le cas de Jean-Philippe Borra, le seul Métropolitain du voyage. Après avoir découvert le carnaval antillais en assistant à celui de Paris, le Parisien a rejoint le groupe pour partager ce qui est devenue une passion. « J’adore la danse et le style de musique », conclut-il. Sûr qu’en Martinique, il sera comblé au-delà de ses espérances.
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